lundi 17 septembre 2012

Le musée des vestiges de la guerre

Deuxième message en deux jours ? Quoi ? Peut-être le monde va arrêter de tourner, personne ne sait, mais vous êtes prévenus.

J'ai donc fait un truc de touriste à Hô Chi Minh Ville. Il y a même pas deux mois. Parce que c'est comme ça quand on vit dans une ville : on se dit toujours qu'on a le temps de faire le tour de la ville en suivant le guide, donc on ne le fait jamais.

Là, il se trouve qu'avant qu'il parte, un des amis de Ryan est venu le voir. L'ami en question partait un jour après lui, voulait voir le musée, Ryan n'est pas très musée, j'étais en vacances, je voulais voir le musée, BAM, c'est fait.

Photo du musée, gracieusement fournie par Wikipédia, parce que je prends jamais de photos.

 Si l'on en croit le Guide du Routard, qui met 3 petits backpackers devant le nom du musée, c'est le truc le plus intéressant à voir à HCMV. Comme je l'ai dit, quand j'y suis allé, Ryan, coloc et ami proche, venait de partir. Donc j'étais pas un super état d'esprit. Un musée des oiseaux qui chantent dans des prairies verdoyantes aurait probablement été plus approprié. Mais non, les vestiges de la guerre. Soit.

Il faut savoir que le musée s'appelait "musée des crimes de guerre américains". Le nom a été changé quand des relations diplomatiques ont été rétablies entre les USA et le Vietnam, sous Bill Clinton, c'est pas si vieux. On redevient copains, on essaie de ne pas trop se rentrer dedans d'emblée. Le nom est donc différent, mais je doute que le contenu est bougé d'un iota. Alors oui, vestiges de la guerre, pour les chars et autres véhicules de guerre dans la cour et l'exposition d'armes. Mais ne nous y trompons pas : c'est toujours le musée des crimes de guerres américains. Genre, bien.

Rappelons que la guerre du Vietnam était censée empêcher les communistes d'accéder au pouvoir, que ça a un peu raté, et que ce pays est toujours communiste. Et on sait comment la communication est gérée dans ce genre de régime :  toute en subtilité, en prenant soin de présenter les faits sous tous les angles, et laissant le visiteur se faire son idée. Si le KGB me lit, il s'agit là du fond de ma pensée, juré craché.

Au rez-de-chaussée est présentée une exposition de témoignages contre la guerre du Vietnam venant du monde entier. Bon, essentiellement des pays communistes, des partis communistes, et des hippies, mais quand même. C'est sympa, plein d'affiches des années 60, rétro et tout. C'est pas hyper passionnant, et on comprend bien que le message affiché est "le monde entier était vachement pour un Vietnam communiste". Il me semble que quand un grand nombre de voix s'est élevé contre cette guerre, c'était plus pour dénoncer une grosse ingérence que pour des idéaux. Mais bon.

Jusque là, ça va. Ca ressemble à Cu Chi dans le discours, c'est du communisme folklorique. Et après, on monte au premier étage.

Et après, c'est le début de la fin. Le début de l'horreur en fait.

Le premier étage est consacré à la guerre en elle-même. Exposition photographique. Et pas des photos de joyeux soldats ou de chars dans les rizières. "Crimes américains", je vous rappelle. Collection donc des pires photos de la guerre, évidemment exclusivement des crimes, puisque soyons honnêtes, c'est le cas, des américains contre les Vietcongs. Je suis une élève appliquée, j'ai fait des efforts, j'ai tout lu et tout regardé. Jusqu'au 3/4 de l'exposition. Arrivée là, je me sentais juste mal, nauséeuse. Alors j'ai arrêté, et attendu le copain en regardant les bouts de murs ne comportant pas de photos de gens en morceaux, torturés, ou je ne sais quoi. Petits, petits bouts de murs.

Si mes souvenirs sont bons, la salle d'après est consacrée à l'agent orange. Ce produit chimique déversé en quantité astronomique sur le Vietnam, pour grosso modo que les gens arrêtent de manger. On en trouve encore dans la terre et les rivières aujourd'hui. Et ça a eu en effet bonus de déformer les gens et les bébés. Me voyez-vous venir ? La salle consacrée à l'agent orange est encore une exposition photographique : des murs remplis de gens atrocement déformés, défigurés, des bébés, des vieux, des gens qui n'avaient jamais rien demandé à personne. J'ai courageusement tenu 3 minutes, avant de dire au copain que là, je pouvais plus, plus du tout, et que j'allais dans le hall prendre l'air.

Ca se calme un peu au deuxième étage, avec une exposition, pour le coup intéressante, consacrée aux photographes qui ont couverts la guerre et y sont morts. Exposition créée à l'étranger et donnée au musée à la fin des années 90. C'est toujours pas super sympa à voir, ce sont des photos de guerre après tout, mais avec les témoignages écrits, les émotions, de ces gens qui avaient pourtant vu bien des choses avant d'arriver là, les photos prennent un autre relief. Même celles qui ne sont pas gore au dernier degré. Surtout celles qui ne sont pas gores au dernier degré. Il y a d'autres moyens de faire passer un message qu'en faisant vomir les gens.

La dernière salle m'a fait rire, parce qu'elle s'appelle "historical truth". Forcément, "historical big fat lie", ça le fait moyen dans un musée. Pour faire court, depuis son "coup" à Hanoi en 1945, Hô Chi Minh a courageusement et plutôt victorieusement combattu pour la victoire du peuple vietnamien. C'est à peu près vrai. Vraiment à peu près. Pas un mot bien sûr sur les vrais motifs de la guerre, la Corée quelques années avant, la grosse Guerre Froide, et tout et tout. Quelques graphiques et chiffres sur le nombre de morts, de bombes, de napalm et autres joyeusetés, et c'est tout.

Et c'est un peu le problème. Je pense sincèrement que c'est une bonne chose, quand on va dans un pays étranger, de se renseigner un peu sur l'histoire, la culture et tout. Savoir ce que les français, les japonais, les chinois, les américains, ont fait au Vietnam, c'est une bonne chose. Et bien sûr que ça passe par connaitre la guerre du Vietnam. Mais le but de ce musée n'est pas d'éduquer, c'est d'embrigader. Il s'agit de propagande, à grand renfort d'images atroces qui ne demandent pas à réfléchir, mais qui sont promptes à créer un fort sentiment de haine, et Dieu sait que la haine est unificatrice, à l'égard des américains. Laissant les communistes blancs comme neige.

Si vous apprenez quoi que ce soit dans ce musée, c'est sûrement qu'il vous manque un peu de lecture pré-voyage. Un tout petit peu hein, pas une thèse sur l'histoire du Vietnam. Donc non, je ne vois pas la visite comme indispensable si vous passez par HCMV. Préférez Cu Chi. Sauf si vous voulez vous faire du mal. Ou que vous avez une étrange passion pour le gore historique.

Mais si vous venez me voir, ce qui serait vachement cool, et que vous voulez y faire un tour, je vous attendrai dehors sur ma MOTO. Parce que pour moi, plus jamais.

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