vendredi 28 octobre 2011

Mui Ne

Mui Ne. Ou plus précisément "haaaaaaaaaaaaa Mui Ne".

Reprenons depuis le début. Je suis instit', donc perpétuellement en vacances. J'ai deux boulots, donc un pouvoir d'achat plutôt raisonnable ici. Du coup, quand ma collègue française, qui avait vachement besoin de partir en vacances, m'a dit qu'elle partait à Mui Ne, j'ai commencé par demander ce que c'était donc que ça. Une plage, m'a-t-elle répondu. Moi, j'avais les jambes super blanches et un peu besoin de prendre du recul sur deux-trois trucs, donc je lui ai proposé ma compagnie.

Réservation d'hôtel, de bus, et départ samedi matin à potron-minet. Pour la petite histoire, j'ai fait mon sac le matin même, après une nuit un peu courte et un peu alcoolisée, et sur le chemin, pendant que je me réveillais tout doucement, j'ai commencé à faire la liste des trucs que j'avais oublié. Comme par exemple, le chargeur de mon téléphone. Ce qui n'était pas vraiment en drame, surtout qu'il s'est avéré que celui de ma collègue était compatible. Plus grave, j'ai oublié mon livre. Mais comme il était dit que les vacances seraient chouettes, j'ai trouvé assez facilement à Mui Ne de quoi m'occuper, en l'occurence :


Ben sur une plage à l'autre bout du monde, lire les aventures d'un mec et de sa MOTO à un autre bout du monde, c'est plutôt parfait.

Mui Ne donc, qu'est-ce que c'est ? Comme je l'ai déjà dit, c'est une plage. Et voilà. En fait, c'est une très longue rue, qui donc borde une plage, avec d'un côté des hôtels-restaurants-bars-boutiques pour touristes, et de l'autre hôtels-restaurants-bars-boutiques pour touristes.



Intérêt culturel négatif, intérêt vacances parfait. Non pas qu'il n'y avait pas possibilité de visiter deux-trois trucs pas trop loin, mais j'avais juste pas envie. Je n'avais jamais fait ce genre de vacances de ma vie, le genre où on ne fait rien de chez rien, à part se baigner, bronzer et manger. C'est donc exactement ce que j'ai fait. Et une semaine sans MOTO, c'est pas désagréable non plus.

Ceci étant dit, c'est pas parce que j'étais au paradis que j'ai oublié mes devoirs de bonne citoyenne française. Je n'avais en fait qu'une seule exigence concernant ces vacances : dimanche, 15h, il fallait que je sois devant le match. Nous nous sommes donc trouvé un bar tenu par des français, qui passait le match, et devant lequel il y avait plein de français. Comme à la maison donc. Sauf qu'à la mi-temps, on regarde la mer qui est juste à côté.




J'ai même pas été trop déprimée par le score final, parce que ça aurait pu être vachement pire. Et que je ne suis pas sûre qu'il aurait été possible d'être déprimée dans ce cadre.

Passée cette journée à l'emploi du temps BIEN chargé, nous sommes tombées dans la routine suivante : debout, plage, déjeuner, sieste, plage, promenade, apéro, dîner, bière(s). Parfois, la vie, c'est dur et compliqué. Et parfois, pas du tout.




Pour la bière du soir, nous avons trouvé un bar avec musique live, ce qui est très chouette. Ce qui l'est encore plus, c'est que deux fois, nous avons eu un chanteur-guitariste avec un répertoire que j'aurais très bien pu composer moi-même. Genre avec deux de mes chansons préférées du monde :



Il a bien fini par repérer que je connaissais la moitié de ses chansons par coeur (et comme je connais pas non plus des millions de chansons par coeur, ça veut bien dire ce que ça veut dire), nous sommes devenues ses "friends from France". Avec une petite chanson pour nous accueillir le deuxième soir. Et pour finir la soirée, il nous a chanté "you are so beautiful" rien que pour nous deux. Du bonheur par paquets de 30 kilos.

Je m'aperçois que je n'ai pas encore parlé de l'hôtel. On a un peu regardé à gauche et à droite, et comme on n'est pas non plus en budget illimité, on a pris le moins cher, les échos étant pas mal. Et surtout, en cherchant avec mon ami Google, je suis tombée là-dessus :


Comment vous dire qu'à 15 dollars la nuit, ça me l'a vendu. Bon, vu le prix, je m'attendais un peu à une chambre hyper moyenne ou toute autre mauvaise surprise. Et en fait non : chambres hyper cleans et confortables, accès direct à la plage, sable fin et hamacs partout. Waou.








Est arrivée la dernière nuit, qui a été mauvaise. Du coup, réveillée, je regarde l'heure : 5h30. En lecteurs attentifs de mon blog, vous savez que c'est à peu près l'heure à laquelle le soleil se lève à HCMV. Là, je me dis qu'il y a un dernier truc à vivre. Appareil photo, plage, et je ne l'ai pas regretté du tout :



Je dis tout dans le désordre, mais on s'en fiche. Il faut savoir qu'en ce moment, c'est la saison basse, mousson, tout ça. Conséquences, on est hyper tranquille sur la plage et l'apéro est limite moins cher qu'à HCMV, alors que bon, y'a la mer quand même. Et c'est amusant, mais de la pluie, on n'en a pas eu du tout. Mardi, c'était un peu couvert, mais comme l'air et l'eau était toujours aussi chauds, ça n'a pas franchement perturbé notre emploi du temps. Et pour l'essentiel, ce que j'ai eu au-dessus de la tête, c'est ça :


Pour me passer un peu de pommade, ce que j'ai d'ailleurs fait littéralement en quantité astronomique cette semaine, j'ai atteint un degré de jolitude inconnu : une couleur de peau que je ne me connaissais pas mais qui me va vachement bien et un sentiment de bien-être et de détente assez absolu.

Par contre, comme toutes les choses qui atteignent leur pic trop tôt, plus dure est la chute. Genre là, je pèle à mort, ce qui est vachement moins sexy. Mais la sensation de plénitude est toujours là, et ça en valait totalement la peine.

Pour ceux qui ne me détestent pas encore et qui font partie de mes chers amis sur Facebook, je vais y mettre encore plus de photos. Non parce que c'est bientôt Novembre, et que je compatis vachement.

dimanche 16 octobre 2011

Minoritaire

Oui, je vole les titres d'albums de Jean-Jacques Goldman. En même temps, s'il est pas content, il n'a qu'à en faire un autre, d'album. Non, ça n'a aucun rapport, mais fallait bien le dire quand même.

J'informe mon lectorat qu'aujourd'hui, c'est long et verbal. Donc comme j'ai été faire un tour avec MA MOTO dans le centre-ville, pour maintenir l'intérêt, je vais disséminer des photos de trucs bien touristiques au milieu. Sans aucun rapport, mais ça fait des images.

Minoritaire donc. Parce que quelque part, le plus étrange ici, ce n'est pas la météo (on transpire), la nourriture (on mange très bien) ou le fait que JE CONDUISE UNE MOTO (je ne me suis pas fait de bleus sur les tibias cette semaine, c'est une première). Le plus étrange, pour moi, c'est d'être minoritaire.

Le fait est que quand j'y pense, et j'y ai un peu pensé ces derniers temps, je n'ai jamais été dans cette situation avant d'arriver ici. Je n'avais jamais été ailleurs qu'en Occident, donc blanche, ça passe inaperçu. Je suis athée, donc je m'épargne un paquet de difficultés, et on ne peut pas dire qu'en France, ce soit un acte super rebelle. Je n'ai même jamais été dans un coin du monde où la langue officielle n'était pas le français ou l'anglais. Même en passant deux ans à la frontière suisse, je ne me suis jamais aventurée plus loin que Genève ou Lausanne. Donc j'ai toujours compris ce qui se passait autour de moi, et si mon anglais est ce qu'il est, j'arrive quand même à me faire comprendre sans trop de difficultés. Je suis donc toujours passée parfaitement inaperçue. Et je ne m'en plains pas, être transparente peut être utile.

Mais ici, forcément, c'est différent. Parce que même si j'essayais très fort, on pourrait toujours dire que je ne suis pas vietnamienne. Même avec le casque sur la tête, les lunettes de soleil sur le nez, et en CONDUISANT UNE MOTO comme si j'avais fait ça toute ma vie, je sais très bien que tout le monde fait la différence. Du coup, on me regarde beaucoup plus qu'en France. Quand je prends le bus, quand j'attends à un arrêt de bus, quand je marche dans la rue... Disons qu'il ne m'était jamais arrivé avant que des enfants me montrent du doigt à leur mère, ou que des ados demandent à être pris en photo avec moi. C'est parfois un peu gênant, toujours surprenant, parce que très très nouveau.

 La poste centrale (je crois), design Eiffel, souvenir des français.

Et puis il y a la langue. Mine de rien, j'ai un peu travaillé là-dessus ces deux dernières années, pendant mes deux années de Master que j'ai officiellement avec mention bien et je suis vachement contente. Mais je ne suis pas sûre qu'il soit possible de saisir toute l'ampleur du handicap linguistique avant de le vivre. Car oui, je dis handicap, et je le pense. Parce que soyons honnête, l'anglais est quand même pas super répandu ici, et en général, c'est avec un accent qui demande un petit temps d'adaptation et plein de répétitions, surtout que ce n'est quand même pas la langue avec laquelle je suis le plus à l'aise. Au Vietnam, on parle vietnamien, et c'est quand même bien ce qu'il faut avoir à l'esprit.

Donc je me retrouve dans un monde où je ne comprends rien, et où on ne me comprend pas non plus. C'est fou comme tout prend des proportions énormes dans cette situation. De mon côté déjà, parce que du coup, je me fais un peu des montagnes de tout, et que pour l'instant, je reste encore un peu sur la réserve. Mais aussi dans des situations toutes bêtes, qui pourraient être réglées en 30 secondes si on se comprenait, et qui là prennent trois plombes. Par exemple, le jour où j'ai acheté mon casque au centre commercial du coin, j'ai bipé à la sortie. Pas de raison particulière, ce jour-là, je n'avais rien volé, et même rien acheté avec un anti-vol. Mais j'ai bipé. Donc l'agent de sécurité est venu voir mes sacs, normal, il a sorti mon casque, a dit un truc à la caissière, qui lui a répondu un autre truc, m'a fait signe d'attendre, et est parti. Au bout de 5 minutes, je me suis demandée si je pouvais partir ou si on allait me jeter en prison, ou quoi. Et en fait non, il a fini par m'emmener à l'accueil, ou quelqu'un parlait anglais, et où m'a expliqué que la visière manquait sur mon casque, et qu'on allait m'en chercher une. C'était donc super gentil de la part de l'agent de sécurité, mais au total, l'affaire a dû prendre 20 minutes, dont 15 pendant lesquelles je n'avais aucune idée de ce qu'on voulait de moi. Et encore, je parle de handicap, mais j'avais un travail en arrivant, et je travaille dans ma langue, donc je ne l'ai pas à pleine puissance. J'ai la possibilité de passer des journées entières sans avoir besoin d'un seul mot de vietnamien, ce qui est une chance.

La cathédrale Notre-Dame, autre souvenir français

S'il m'était déjà arrivé de me trouver dans des situations où la communication était compliquée voire impossible, notamment dans mes différents boulots, je finissais toujours pas trouver une solution et ce n'était pas tout le temps comme c'est le cas ici. Ceci étant dit, j'ai eu cette semaine une épiphanie, Noël en octobre, jour de fête nationale. La maman qui m'a embauché pour mon deuxième boulot voulait me dire quelque chose, et donc parlait en vietnamien à son fils pour qu'il me traduise. Et là, d'un seul coup d'un seul, j'ai entendu thứ bảy. Bon, littéralement, ça veut dire "jour sept", et je savais plus si c'était samedi ou dimanche (c'est samedi pour info). Mais je l'ai entendu, et "compris", comme ça, à froid. Et en faisant un peu plus attention à ce qui se dit en vietnamien autour de moi, je constate que oui, les mots que je connais, je les entends et je les comprends. Ca n'a l'air de rien comme ça, et effectivement, ce n'est pas grand chose vu l'étendue de mon vocabulaire, mais mine de rien, c'est un grand pas en avant. Parce que quand on apprend une langue étrangère, les fonctions de compréhension se mettent en place avant les fonctions de production, et que pour être honnête, j'étais un peu inquiète de n'avoir fait AUCUN progrès en compréhension depuis mon arrivée. Donc là, j'ai passé un cap, j'entends des mots, j'entends le découpage syllabique en fait, et avec un peu de chance, ça va me permettre de passer la seconde en production.


Pour revenir à nos moutons, si je sens bien que je n'appartiens pas au pays, je n'ai par contre encore eu aucune expérience malheureuse liée à mon origine. En tout cas pas que je sache, ce qui revient au même. Par exemple, je ne me souviens pas de quelqu'un qui ai eu l'air exaspéré parce que j'avais du mal à me faire comprendre. Un grand sourire, un peu de mime, et un mélange d'anglais et de vietnamien, et on s'en sort. Et je n'ai jamais eu le sentiment qu'on me reprochait de ne pas parler la langue. En fait, la seule fois où j'ai vu une serveuse excédée, c'était quand un Viet Kieu commandait en vietnamien, ce qui m'a fait un peu rire. Et quand je pense au nombre de fois où j'ai entendu en France "z'ont qu'à parler français aussi",  ça met un peu les choses en perspective. Quant au fait d'être blanche, oui, c'est noté, mais ça n'a pas vraiment eu de conséquences. Je n'ai encore jamais eu de tarif occidental, même pour la moto, puisque renseignements pris, j'ai même plutôt fait une bonne affaire, sans rien négocier du tout. Deux fois dans un bus un peu plein, un monsieur s'est levé pour me laisser sa place, ce qui est super gentil, mais vraiment pas nécessaire, ce que j'aurais bien voulu pouvoir expliquer. Les plus jeunes qui apprennent l'anglais à l'école me font souvent de grands coucous et me disent hello en passant. Et une fois dans le bus, une jeune fille est venue s'asseoir à côté de moi, juste comme ça, pour discuter d'où je venais, et si j'étais bien au Vietnam, et tout et tout.


Le palais de la réunification et tous ses touristes


Alors par contre, le vieux qui m'a montré une vidéo porno sur son téléphone après avoir tenté pendant 5 minutes de me dire un truc, je ne sais pas bien où le placer. Parce que bon, moi je l'ai totalement pris comme une agression et vu le regard qu'il m'a lancé en partant, j'étais pas mécontente de pas comprendre les mots qui accompagnaient. Mais je suppose que c'est une certaine façon de me dire que je suis bonne. L'effet n'est pas flatteur DU TOUT, mais bon, admettons.


Je précise que si j'étais un garçon, cette anecdote fort amusante me ferait une transition toute trouvée sur un autre aspect de la vie d'un occidental au Vietnam. Mais je suis une fille, donc je ne suis pas du tout concernée, et je ne ferai pas de commentaires.

samedi 8 octobre 2011

Le coup de la panne

Une semaine sans post sur ma vie palpitante, c'est très long, j'en suis consciente. Mais n'ayez crainte, je ne suis pas morte ou rentrée en France. C'est juste que j'ai maintenant deux boulots, et que c'est pas tout, mais faut caser une sieste au milieu, donc j'ai moins de temps libre.

Une fois n'est pas coutume, vous allez comprendre tout de suite le titre de cet article. Vous avez je pense tous connus ce moment où vous vous dites "tiens, faudrait que je fasse le plein", mais pour une raison obscure, vous ne le faîtes pas. Dans les circonstances qui nous intéressent, la raison obscure, c'est juste qu'en rentrant du premier boulot, je me suis dit qu'il faudrait que je fasse le plein en partant pour le second, et en partant pour le second, ben j'ai oublié.

Pour ceux qui voient venir la chute, bien qu'elle soit vachement subtile, je précise quand même que ma jauge ne fonctionne pas. Je n'aime pas être dans le rouge, mais forcément, quand on ne sait pas où est le rouge, on peut s'y retrouver par accident. Et donc, ça n'a pas raté : en arrivant à Phu My Hung, la moto a commencé à hoqueter. Là, je me suis dit "ça craint". Quand elle s'est arrêtée et n'a plus voulu redémarrer 300 mètres plus loin, j'ai trouvé que le temps où ça ne faisait que craindre était vachement agréable.

Dans mon malheur, j'ai quand même eu de la chance. Il se trouve que mon deuxième travail est juste à côté du premier, et que pour y aller, je roule essentiellement sur une grosse route, sur laquelle il n'y a pas l'ombre d'une station-service sur 5 kilomètres. Si j'étais tombée en panne au milieu de ça, j'aurais été tellement vulgaire qu'on m'aurait probablement jetée en prison. Mais non, je n'ai eu à pousser la moto que sur 500 mètres, jusqu'à l'école, dans laquelle vit la sous-directrice, qui était là. Donc j'ai abandonné la moto là, et je ne suis même pas arrivée en retard au second boulot. Retour à la maison en taxi, avec l'objectif "moto qui démarre" remis au lendemain.

Le lendemain, j'ai donc pris le bus, qui me l'a fait payer en me faisant poireauter plus d'une demi-heure, avec ma bouteille d'essence.

Fig. 1 : une bouteille d'eau pleine d'essence près de l'objet du crime
 
Il est à noter que quand je me suis pointée à la station essence avec ma bouteille d'Evian locale, le pompiste n'a eu aucun problème à la remplir. Ce qui n'empêche que je n'étais pas hyper rassurée de trimballer ça. Bref. 
Fig. 2 : l'ouverture du réservoir d'essence
 
Oui, alors j'avais déjà fait le plein une fois, donc je savais où était l'ouverture. Sinon, je pense que j'aurais pu commettre un impair.
Fig. 3 : remplissage du réservoir qui était effectivement à sec, en prenant soin d'en mettre partout à côté
 
Petit incident sans conséquences donc, si ce n'est que j'ai maintenant une vague idée du nombre de kilomètres que je peux faire avec un plein. On apprend de ses erreurs parait-il.
Il est à noter que je n'avais même pas embarqué d'homme à abuser. Mais ce fut une bonne répétition générale au cas où je voudrais utiliser cette tactique dans les temps futurs.