vendredi 18 novembre 2011

Joyeuse fête des professeurs !

Ben oui, au Vietnam, nous sommes célébrés, nous avons une fête des professeurs le 20 novembre.


Evidemment, cette année, le 20 novembre tombe un dimanche. Mais ce qui est très cool, c'est que pour que ça ne tombe pas à l'eau, ça a gentiment été décalé à aujourd'hui vendredi. Alors la fête des professeurs, qu'est-ce que c'est ? C'est simplement un jour où on pense à remercier les gens qui s'occupent si bien de vos enfants. On offre un petit cadeau, et si j'ai bien compris, c'est un peu relâche dans les écoles, petit pot, repas, ce genre de choses.

En ce qui me concerne, techniquement, c'était pas vraiment relâche. Techniquement, parce que j'ai éteint mon réveil, qui sonne pourtant quatre fois, et que quand ma collègue m'a appelé pour savoir si j'étais en vie, j'étais censée être à l'école depuis 10 minutes. Bon. En même temps, de 7h30 à 8h30, on accueille les enfants dans la cour, il y a quantité d'adultes, et si je suis pas là, la Terre continue quand même de tourner. Ce qu'elle a fait ce matin. Non, j'essaie pas de me justifier, ce sont des choses qui arrivent. Surtout à moi, d'accord, mais pas si souvent. Et puis zut. Surtout qu'au final, j'avais quatre absents, et sur un effectif de dix, ça se voit quand même vachement. Donc si, un peu relâche au final.

Pour le reste, nous sommes dans une école française, avec assez peu de parents vietnamiens, donc je ne m'attendais pas à grand chose. Et j'aurais rien dit, parce que j'avais moi-même totalement zappé. Mais finalement, sur mes 6 présents, presque tout le monde y a pensé. Nous avons donc eu 3 boîtes de chocolats à nous partager ; une maman a fait des gâteaux pour tout le monde, y compris le personnel de la crèche, le cuisinier, la femme de ménage et la secrétaire, ce qui est très gentil et TRES bon esprit ; et une autre maman a fait un cadeau (bougie qui sent bon) pour tout le personnel aussi. Surtout que sa fille était malade, et qu'elle est donc venu exprès pour ça. Et une maman, qui est aussi ma directrice, m'a offert du tissu pour aller me faire faire mon ao dai. Reste à trouver une couturière. Evidemment, tout ça fait bien plaisir.

Pour fêter tout ça, la directrice avait également prévu un déjeuner gargantuesque pour nous tous. Genre, il était techniquement impossible de manger tout ça, surtout en une heure. Il n'y avait là rien que je n'avais pas déjà goûté, à part bien sûr une chose. Chose annoncée par mon assistante avec un grand sourire : des oeufs couvés.

Alors il faut savoir que j'ai à ce jour une liste de choses que je refuse absolument de manger ici. C'est une toute petite liste, parce que je suis pas si difficile. Nous avons donc :

- le durian. J'ai tenté, plus jamais.
- le chien. Non, c'est pas un mythe, ça se trouve même plutôt facilement. Mais je mange déjà pas de cheval, alors du chien, c'est nein.
- les oeufs couvés

C'est donc quand même pas de bol. Là, vous êtes en droit de vous dire que quand même, je suis pas une aventurière, qu'il faut tout essayer, blabla. Ouais, mais un oeuf couvé, c'est ça :


Oui, le nom est assez explicite. C'est un oeuf avec un bébé oiseau dedans. Ca pourrait être la meilleure chose du monde que non, je ne pourrais pas. Ouvrir mon oeuf, trouver un bébé oiseau mort et le manger, ça me dégoûte. En fait, quand ils ont commencé à les attaquer, j'ai gentiment été voir ailleurs si je n'y étais pas, parce que même voir quelqu'un d'autre manger ça, ben ça me révulse. Beurk beurk beurk.

BREF. Tout ça pour dire que j'ai eu une pensée émue pour mes collègues françaises. Parce que de ce que j'ai suivi, c'est aussi la fête des profs et des fonctionnaires en général en ce moment en France. Mais en moins sympa.

dimanche 13 novembre 2011

Vrac

Aujourd'hui, je vais être encore moins structurée que d'habitude, bon courage à qui me lira.

Parce que bon, la semaine a été longue. On commence par un accident, alors il faut soigner ses bobos et boiter, et dormir comme jamais. Et puis après, ça va mieux, alors on sort alors qu'on travaille le lendemain, lendemain au cours duquel on se sent super vieille. Mais comme tout se paye dans la vie, on fait une maladie fulgurante le vendredi soir, le truc qui vient très vite et très fort, et qui s'en va comme il est venu. Et puis après ça va mieux, alors on sort, et c'est chouette parce qu'après c'est dimanche, et que c'est le seul jour où on ne doit pas se lever pour aller travailler. Mais on se réveille quand même à 7h, et du coup, on va à la piscine. Voilà.

Les bobos donc. Bon, une moto est tombée sur ma jambe droite, mon genou n'a pas du tout apprécié. Sachant que ma classe est à l'étage, je vous prie de croire que lundi, j'en ai chié. Non, y'a pas d'autres mots. Parce que je boitais vachement, et que je montais les escaliers comme une toute petite vieille, et que ça faisait mal quand même. Et j'arrivais pas à kicker pour démarrer ma moto. Mais bon, j'ai toujours trouvé une bonne âme pour m'aider à repartir, et là, ça va bien mieux. Je pense juste que je vais attendre un peu pour aller faire un trek dans la jungle (HAHA), parce que si je force, je le sens quand même le lendemain. Mais j'ai la foi, ça va vite être tout guéri.

Toujours au rayon bobo, mon pied gauche a également pris cher. Ce qui est un mystère, vu que je suis tombée du côté droit. BREF. Mon pied gauche m'a fait une espèce d'hématome qui m'aurait valu une médaille d'or s'il y avait un championnat du monde. Tout gonflé et tout bleu. Ce qui est aussi moche que désagréable. Voyant ça, une de mes collègues vietnamiennes est arrivée mardi avec une espèce d'huile de massage avec je sais pas quoi dedans, achetée à la pagode, et elle m'a massé le pied. Là, vous souffrez pour moi. Je comprends, parce que vu l'ampleur du truc, j'étais pas super chaude non plus quand elle s'est approchée de mon pied. Mais elle est très autoritaire et je ne suis pas courageuse, alors j'ai laissé faire.

Pour être très honnête, je ne suis pas très médecines alternatives. Je suis une cartésienne, faut qu'on puisse m'expliquer pourquoi et comment ça marche. Non pas que je comprenne forcément, mais je fais vachement confiance à la science. Donc tout ce qui est réflexologie, homéopathie et tout ça, j'y connais rien et ça m'intéresse pas franchement. Toute façon je suis jamais malade. Sauf que là, elle m'a fait le massage avec son huile, et premier constat, le massage était franchement énergique, sur un énorme hématome, et j'ai pas eu mal du tout. Ca ne m'a même pas (trop) chatouillé. Par contre, ça m'a détendu d'un seul coup d'un seul. Et après 10-15 minutes, mon pied avait presque retrouvé sa forme normale. Miracle, alleluia, et tout et tout. Je sais pas bien comment ni pourquoi, mais ce premier contact avec un remède traditionnel a été plutôt concluant.

Etant presque toute réparée, j'ai donc pu sortir avec des copains mercredi soir. Cette transition est pourrie, je sais. Ils étaient deux, on va dans un bar que je ne connais pas, je suis. Sauf qu'ils prennent la grosse rue à contre-sens. Ce que je ne fais JAMAIS, parce que je trouve pas ça très malin. Et évidemment, il y avait la police au bout de la rue. Ce qui craint vachement. Parce que d'une, la corruption ne se cache pas du tout ici, et que c'est pareil pour tout le monde, vietnamien ou pas : quand on se fait arrêter, faut payer. Et de deux, j'ai pas de permis vietnamien et les papiers de la moto ne sont pas à mon nom. Donc si je peux éviter les ennuis, j'aime autant. On s'arrête tous les trois, et un des policiers - ils étaient bien 6 ou 7 - commence à parler en anglais au premier conducteur. J'entendais pas ce qu'ils se disaient, et personne ne nous parlait ou rien à l'autre copain et moi. Je me dis qu'ils sont en train de négocier le prix à payer ou je ne sais quoi. Puis je vois le premier faire un geste du genre "ça me va", démarrer et partir. On se regarde avec le copain qui restait, tout le monde continuait de nous ignorer, alors on est parti aussi. Renseignements pris, le policier a demandé au copain à qui il parlait de rentrer poser sa moto et de ne plus l'utiliser parce qu'il n'a pas le droit. Et c'est tout. Quand on sait que les policiers ont tendance à arrêter comme ça vient, avec ou sans raison, et qu'on était franchement en tort, on s'en est super bien sorti. Genre je pensais pas que c'était possible. Au Vietnam, j'ai une chance de folie.

Par exemple, aujourd'hui, j'ai été à la piscine. Non, je ne me fatiguerai pas en transitions aujourd'hui. J'ai déjà évoqué le fait que les femmes asiatiques voudraient être aussi blanches que possible, et qu'avec les crèmes qui vont bien, elles fuient le soleil. Il faut les voir sur leurs motos par chaleur tropicale avec veste, pantalon, chaussettes, gants et masques plus ou moins intégraux. Je sais pas comment elles font, si ça ne tenait qu'à moi, je serais perpétuellement en petite culotte. Avantage : à la piscine, j'étais la seule femme en maillot de bain, et donc dans le bain. Mine de rien, ça diminue la population qui se trempe par deux, ce qui est cool, y'a plein de place pour nager (surtout un dimanche matin me direz-vous, oui, ça doit aider). Et du coup, au vestiaire, y'a vraiment pas foule. Donc, j'ai pris tout mon temps pour me doucher à la sortie, sans me dire que les gens allaient attendre. Et la piscine, c'est juste trop agréable avec les températures d'ici. Et ce qui l'est encore plus, c'est de faire un truc un peu physique sans transpirer. Enfin.

Tout ça pour dire que je suis un peu ce qui se passe en France, et que comment vous dire, si mon message est hyper décousu, dans ma tête ça l'est de moins en moins, et je ne suis vraiment pas sûre de rentrer l'année prochaine. Y'a encore le temps, mais bon, j'en suis quand même un peu là en ce moment.

samedi 5 novembre 2011

Money money money

Aujourd'hui, je vais, avec tout mon pouvoir de super-bloggeuse, essayer de défendre le Vietnam contre certaines choses que j'entends ou lis ici et là.

Tout a commencé avec une discussion avec un touriste français engagé dans un grand tour de l'Asie, qui nous disait avoir un avis un peu mitigé sur le Vietnam, parce qu'il trouve qu'ici, l'argent est roi, et que si les gens sont gentils avec vous, c'est qu'ils veulent vous vendre un truc, et que quand on est blanc, on est vite harcelé.

Je l'ai déjà dit, j'ai jamais vraiment eu cette impression là. Peut-être un peu dans le quartier 1, très touristique. Mais pour le coup, c'est plus le tarif touriste que le tarif blanc, et quiconque a déjà bu un coca sur les Champs-Elysées sait que c'est une pratique plutôt universelle. Je dirais même que pour le coup, quand j'ai été au marché de Ben Thanh, le plus gros marché de la ville dans lequel il y a au moins autant d'occidentaux que de locaux, on m'a plutôt foutu la paix. Etait-ce le casque que j'avais à la main qui a bien transmis le message que j'étais pas là pour acheter des souvenirs, je ne sais pas. Toujours est-il qu'on ne m'a pas arrêté tous les 3 mètres pour me vendre des trucs.

Mais il m'est arrivé aujourd'hui une grande aventure qui témoigne que non, les vietnamiens ne sont pas toujours intéressés, et peuvent même être carrément très gentils. Parce que ce matin, alors que j'allais travailler, j'ai eu un accident de moto. Alors je ne vais pas faire durer le suspense, puisque j'en vois une qui est en train de m'acheter un billet retour : je vais TRES bien. C'est même un peu ridicule d'avoir un accident et d'avoir à ce point rien. Ca aurait fait une chouette histoire d'aventurière hyper courageuse.

Je ne sais pas bien bien ce qui s'est passé. Je roulais le long du trottoir, quand un mec, pour une raison parfaitement inconnue, s'est rabattu juste devant moi. Ca n'aurait pas été bien grave s'il n'allait pas franchement moins vite que moi, et que du coup, soit je lui montais dessus, soit je faisais un truc désespéré. Je pense que j'ai mis un gros coup de guidon, et que du coup, je suis allée m'écraser sur le trottoir.

Le coup de l'accident, c'est un peu un truc qui m'inquiétait. Déjà parce qu'avoir un accident, vu le degré de protection, c'est pas une super idée. Et j'avais lu et entendu un peu partout qu'en tant que blanche, je serais forcément responsable, et que c'était un coup à payer des motos neuves à toute la famille de la victime.

Pour l'accident de ce matin, je dirais que les torts étaient partagés. Il m'aurait mis un petit clignotant, j'aurais pu anticiper. Mais en même temps, dans le code de conduite ici, je suis censée prévoir tout ce que font les gens devant moi, et là, je l'ai vraiment pas vu venir. Après, la montée sur le trottoir m'a quand même permis de ne pas le taper trop fort, je ne suis même pas sûre qu'il soit tombé. En tout cas, sa moto n'avait rien, et lui juste un petit bobo sur le pied.

Dans un éclair de génie, j'ai quand même réussi à avoir mon accident juste devant une station essence. Comme j'ai quand même pris une sacrée gamelle, et surtout une grosse GROSSE peur, je n'arrivais pas à soulever la moto qui m'était tombée dessus. Tous les pompistes sont alors venus à ma rescousse. De ce que j'ai compris, ils m'ont dit de ne pas bouger, ont soulevé la moto, coupé le contact et l'ont mise de côté. J'ai donc réussi à me relever, bonne nouvelle, rien de cassé. Sauf que j'ai quand même senti arriver la grosse chute de tension, et qu'ils ont dû voir que j'étais pas trop bien, donc ils m'ont proposé une chaise, pour que je puisse m'asseoir en attendant de me remettre de mes émotions.

Alors que j'hyperventilais gentiment, le mec avec qui j'ai eu l'accident s'approche et me dit quelque chose. Bon, maintenant, je sais acheter des timbres toute seule (BRAVO), mais je ne comprenais rien à ce qu'il me disait, et j'arrivais pas bien à voir s'il était fâché ou pas, s'il voulait que je sorte mon portefeuille, appeler la police ou que sais-je encore. Là il me dit "hospital", ça je comprends, et je dis non non non. Rien de cassé, ma tête n'a pas tapé par terre, et j'ai même pas besoin d'un point. Rien que des bleus et des bobos, pas besoin d'hôpital donc. Alors il me sert la main, me dit "sorry" et s'en va. Et c'est tout.

Mes jambes ont arrêté de trembler, donc je me lève pour partir. Je jette un coup d'oeil à la moto. Le garde-boue, qui était déjà bien fatigué, a pris cher. Et plus embêtant, le repose-pied a bougé, et du coup, je ne peux plus kicker et donc démarrer ma bête. Un pompiste, qui était resté pas loin, probablement pour s'assurer que je ne fasse pas de malaise ou autre truc bizarre, s'approche avec celui qui semble être le patron. Ce dernier remarque que mes pieds saignent, et m'indique donc la salle de bains pour que je puisse un peu nettoyer mes blessures. En même temps, j'étais en pantacourt, donc j'étais effectivement bien noire.

Quand je suis revenue, j'ai trouvé le pompiste en train de réparer ma moto, remettre le repose-pieds en place et le guidon à peu près droit. Le patron la démarre pour voir si ça marche, et ça marche. Je demande alors combien je leur dois, parce que bon, ils se sont quand même occupés de moi et de ma moto, les payer me semblait la moindre des choses. Sauf que non. Limite j'ai eu l'impression de les insulter. Rien du tout m'ont-ils mimer, avec franchement l'air de dire "t'aurais pu te faire très mal, on va pas en plus te facturer ta chute". Je suis un peu sur le cul, remercie aussi chaleureusement que possible, et rentre chez moi.

Je pose ma moto, et pars de suite chercher une pharmacie parce que bon, il y a quand même deux-trois choses à désinfecter. Evidemment, je ne sais pas du tout dire "j'ai eu un accident, je voudrais quelque chose pour désinfecter mes bobos". Donc en arrivant, je montre un petit bobo à la main à la pharmacienne, qui comprend très bien ce que je veux. Elle me demande de m'asseoir, et passe devant le comptoir avec coton, désinfectant et pansement. En voyant que j'ai un peu plus que ça, elle va chercher du sérum physiologique, et revient s'occuper de moi. Et quand je dis s'occuper de moi, je veux dire qu'elle a bien passé 20 bonnes minutes à chercher sur mes bras et mes jambes où j'étais blessée, à tout laver et désinfecter et à me mettre des pansements. Je doute que dans ma vie d'adulte, on se soit jamais aussi bien occupé de moi pour d'aussi petites blessures. Quand elle a eu fini, elle m'a préparé mon petit sac avec coton, sérum phy, désinfectant et pansements, et me dit que ça fera 20 000 dongs. Même pas un dollar. En clair, elle m'a juste facturé ce qu'il y a dans le sac, et pas les 20 minutes qu'elle vient de me consacrer. Ca m'a mis mal à l'aise, alors je lui ai donné 50 000, et il a limite fallu que je parte en courant pour qu'elle accepte de garder la monnaie. Ce qui n'est pas très charitable, parce que je peux quand même pas galoper, je clopine un peu là.

J'ai ensuite été faire réparer ma moto. J'ai un peu montré, ils ont vu ce qui n'allait pas, et paf, un garde-boue flambant neuf pour 130 000 dongs, environ 6 dollars. Le tarif normal quoi.

Alors je ne sais pas si j'ai le cul bordé de nouilles - quoique pour aujourd'hui on peut quand même dire que oui, genre je suis vivante - mais vraiment, 95% des vietnamiens rencontrés à ce jour sont juste vraiment gentils avec moi, et pas pour mon argent ou me vendre un truc. Juste gentils. Ce matin, je crois qu'il n'est venu à l'idée de personne de profiter du fait que je ne parle pas la langue ou que je sois blanche. Je n'ai vu que de la sollicitude.

J'ai pas les mots pour le dire en vietnamien, mais j'aurais vraiment voulu pouvoir leur dire à tous à quel point ça fait chaud au coeur, quand il t'arrive une tuile comme ça très loin de chez toi, et que tu enchaines les situations de handicap langagier, de rencontrer de parfaits inconnus qui font tout ce qu'ils peuvent pour t'aider. Au final, c'est sûrement ça l'info la plus importante de la journée.