Aujourd'hui, je vais, avec tout mon pouvoir de super-bloggeuse, essayer de défendre le Vietnam contre certaines choses que j'entends ou lis ici et là.
Tout a commencé avec une discussion avec un touriste français engagé dans un grand tour de l'Asie, qui nous disait avoir un avis un peu mitigé sur le Vietnam, parce qu'il trouve qu'ici, l'argent est roi, et que si les gens sont gentils avec vous, c'est qu'ils veulent vous vendre un truc, et que quand on est blanc, on est vite harcelé.
Je l'ai déjà dit, j'ai jamais vraiment eu cette impression là. Peut-être un peu dans le quartier 1, très touristique. Mais pour le coup, c'est plus le tarif touriste que le tarif blanc, et quiconque a déjà bu un coca sur les Champs-Elysées sait que c'est une pratique plutôt universelle. Je dirais même que pour le coup, quand j'ai été au marché de Ben Thanh, le plus gros marché de la ville dans lequel il y a au moins autant d'occidentaux que de locaux, on m'a plutôt foutu la paix. Etait-ce le casque que j'avais à la main qui a bien transmis le message que j'étais pas là pour acheter des souvenirs, je ne sais pas. Toujours est-il qu'on ne m'a pas arrêté tous les 3 mètres pour me vendre des trucs.
Mais il m'est arrivé aujourd'hui une grande aventure qui témoigne que non, les vietnamiens ne sont pas toujours intéressés, et peuvent même être carrément très gentils. Parce que ce matin, alors que j'allais travailler, j'ai eu un accident de moto. Alors je ne vais pas faire durer le suspense, puisque j'en vois une qui est en train de m'acheter un billet retour : je vais TRES bien. C'est même un peu ridicule d'avoir un accident et d'avoir à ce point rien. Ca aurait fait une chouette histoire d'aventurière hyper courageuse.
Je ne sais pas bien bien ce qui s'est passé. Je roulais le long du trottoir, quand un mec, pour une raison parfaitement inconnue, s'est rabattu juste devant moi. Ca n'aurait pas été bien grave s'il n'allait pas franchement moins vite que moi, et que du coup, soit je lui montais dessus, soit je faisais un truc désespéré. Je pense que j'ai mis un gros coup de guidon, et que du coup, je suis allée m'écraser sur le trottoir.
Le coup de l'accident, c'est un peu un truc qui m'inquiétait. Déjà parce qu'avoir un accident, vu le degré de protection, c'est pas une super idée. Et j'avais lu et entendu un peu partout qu'en tant que blanche, je serais forcément responsable, et que c'était un coup à payer des motos neuves à toute la famille de la victime.
Pour l'accident de ce matin, je dirais que les torts étaient partagés. Il m'aurait mis un petit clignotant, j'aurais pu anticiper. Mais en même temps, dans le code de conduite ici, je suis censée prévoir tout ce que font les gens devant moi, et là, je l'ai vraiment pas vu venir. Après, la montée sur le trottoir m'a quand même permis de ne pas le taper trop fort, je ne suis même pas sûre qu'il soit tombé. En tout cas, sa moto n'avait rien, et lui juste un petit bobo sur le pied.
Dans un éclair de génie, j'ai quand même réussi à avoir mon accident juste devant une station essence. Comme j'ai quand même pris une sacrée gamelle, et surtout une grosse GROSSE peur, je n'arrivais pas à soulever la moto qui m'était tombée dessus. Tous les pompistes sont alors venus à ma rescousse. De ce que j'ai compris, ils m'ont dit de ne pas bouger, ont soulevé la moto, coupé le contact et l'ont mise de côté. J'ai donc réussi à me relever, bonne nouvelle, rien de cassé. Sauf que j'ai quand même senti arriver la grosse chute de tension, et qu'ils ont dû voir que j'étais pas trop bien, donc ils m'ont proposé une chaise, pour que je puisse m'asseoir en attendant de me remettre de mes émotions.
Alors que j'hyperventilais gentiment, le mec avec qui j'ai eu l'accident s'approche et me dit quelque chose. Bon, maintenant, je sais acheter des timbres toute seule (BRAVO), mais je ne comprenais rien à ce qu'il me disait, et j'arrivais pas bien à voir s'il était fâché ou pas, s'il voulait que je sorte mon portefeuille, appeler la police ou que sais-je encore. Là il me dit "hospital", ça je comprends, et je dis non non non. Rien de cassé, ma tête n'a pas tapé par terre, et j'ai même pas besoin d'un point. Rien que des bleus et des bobos, pas besoin d'hôpital donc. Alors il me sert la main, me dit "sorry" et s'en va. Et c'est tout.
Mes jambes ont arrêté de trembler, donc je me lève pour partir. Je jette un coup d'oeil à la moto. Le garde-boue, qui était déjà bien fatigué, a pris cher. Et plus embêtant, le repose-pied a bougé, et du coup, je ne peux plus kicker et donc démarrer ma bête. Un pompiste, qui était resté pas loin, probablement pour s'assurer que je ne fasse pas de malaise ou autre truc bizarre, s'approche avec celui qui semble être le patron. Ce dernier remarque que mes pieds saignent, et m'indique donc la salle de bains pour que je puisse un peu nettoyer mes blessures. En même temps, j'étais en pantacourt, donc j'étais effectivement bien noire.
Quand je suis revenue, j'ai trouvé le pompiste en train de réparer ma moto, remettre le repose-pieds en place et le guidon à peu près droit. Le patron la démarre pour voir si ça marche, et ça marche. Je demande alors combien je leur dois, parce que bon, ils se sont quand même occupés de moi et de ma moto, les payer me semblait la moindre des choses. Sauf que non. Limite j'ai eu l'impression de les insulter. Rien du tout m'ont-ils mimer, avec franchement l'air de dire "t'aurais pu te faire très mal, on va pas en plus te facturer ta chute". Je suis un peu sur le cul, remercie aussi chaleureusement que possible, et rentre chez moi.
Je pose ma moto, et pars de suite chercher une pharmacie parce que bon, il y a quand même deux-trois choses à désinfecter. Evidemment, je ne sais pas du tout dire "j'ai eu un accident, je voudrais quelque chose pour désinfecter mes bobos". Donc en arrivant, je montre un petit bobo à la main à la pharmacienne, qui comprend très bien ce que je veux. Elle me demande de m'asseoir, et passe devant le comptoir avec coton, désinfectant et pansement. En voyant que j'ai un peu plus que ça, elle va chercher du sérum physiologique, et revient s'occuper de moi. Et quand je dis s'occuper de moi, je veux dire qu'elle a bien passé 20 bonnes minutes à chercher sur mes bras et mes jambes où j'étais blessée, à tout laver et désinfecter et à me mettre des pansements. Je doute que dans ma vie d'adulte, on se soit jamais aussi bien occupé de moi pour d'aussi petites blessures. Quand elle a eu fini, elle m'a préparé mon petit sac avec coton, sérum phy, désinfectant et pansements, et me dit que ça fera 20 000 dongs. Même pas un dollar. En clair, elle m'a juste facturé ce qu'il y a dans le sac, et pas les 20 minutes qu'elle vient de me consacrer. Ca m'a mis mal à l'aise, alors je lui ai donné 50 000, et il a limite fallu que je parte en courant pour qu'elle accepte de garder la monnaie. Ce qui n'est pas très charitable, parce que je peux quand même pas galoper, je clopine un peu là.
J'ai ensuite été faire réparer ma moto. J'ai un peu montré, ils ont vu ce qui n'allait pas, et paf, un garde-boue flambant neuf pour 130 000 dongs, environ 6 dollars. Le tarif normal quoi.
Alors je ne sais pas si j'ai le cul bordé de nouilles - quoique pour aujourd'hui on peut quand même dire que oui, genre je suis vivante - mais vraiment, 95% des vietnamiens rencontrés à ce jour sont juste vraiment gentils avec moi, et pas pour mon argent ou me vendre un truc. Juste gentils. Ce matin, je crois qu'il n'est venu à l'idée de personne de profiter du fait que je ne parle pas la langue ou que je sois blanche. Je n'ai vu que de la sollicitude.
J'ai pas les mots pour le dire en vietnamien, mais j'aurais vraiment voulu pouvoir leur dire à tous à quel point ça fait chaud au coeur, quand il t'arrive une tuile comme ça très loin de chez toi, et que tu enchaines les situations de handicap langagier, de rencontrer de parfaits inconnus qui font tout ce qu'ils peuvent pour t'aider. Au final, c'est sûrement ça l'info la plus importante de la journée.
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