Alors non, je n'ai pas changé mon prénom. Si je devais le faire, ce serait pour un truc à peu près prononçable par les vietnamiens, et je doute que Martine soit un choix judicieux. Parce qu'il faut le dire, Viviane, ça ne se dit comme il faut qu'en français. Même les anglophones n'y arrivent pas du tout. A ce train là, j'aurai oublié comment je m'appelle à la fin de l'année.
BREF. J'ai donc été chez le coiffeur. Parce que ça commençait à faire un moment, et que les cheveux longs ici, bof (CHAUD). Et puis comme toutes les femmes le savent, changer de coupe, ce n'est jamais innocent, et là, il va y avoir quelques changements, qui bien que mineurs, font que j'ai eu vachement envie de couper. Et il ne faut JAMAIS combattre une envie de coiffeur.
Restait donc à savoir où aller. Parce que j'en ai bien un en bas de chez moi, assez littéralement, mais je doute que l'anglais soit pratiqué, et pour les choses importantes, faut quand même savoir se faire comprendre. Je ne me suis pas cassée la tête pour autant. Ma collègue française avait été dans un salon à environ 300 mètres de l'école - avantage 1 -, pas cher -avantage 2-, où on parle un peu anglais -avantage 3- et qui arrive à coiffer le cheveu occidental -avantage fondamental 4. Il faut savoir que j'ai quand même le cheveu bien différent du cheveu asiatique, genre, il boucle, donc on peut pas faire n'importe quoi.
Je rentre donc, et explique que je veux me faire couper les cheveux. Très bien mademoiselle, voulez-vous qu'on vous lave les cheveux ? Bah oui, moi je veux. Déjà parce que le shampoing, c'est 75% du plaisir, et puis parce qu'il est nécessaire que mes cheveux soient mouillés pour être coupés, rapport au fait qu'ils bouclent, suivez donc.
On m'amène alors à l'étage, dans la salle du shampoing, avec des tables où on s'allonge. Ce qui est plutôt cool, ça évite d'avoir mal au cou, et Dieu sait que j'aime pas être dérangée par de telles trivialités quand on me trifouille la tête. La jeune fille me mouille les cheveux, met un truc dedans, rince, je me prépare alors à me lever. Après tout, un shampoing c'est un shampoing. Mais je ne sens pas de mouvement dans ce sens, alors je me dis que je vais avoir le droit à un soin. Le truc qu'on te propose toujours en France, et que je sais pas dire non, et ça me coûte 15 euros, et ça m'énerve. Mais comme je ne sais pas protester en vietnamien, ben je laisse faire. Truc dans les cheveux, rinçage, là je me dis c'est bon, on y va.
Sauf que non, la jeune fille me lave alors le visage. Tiens, c'est bizarre, on m'avait jamais fait ça. C'est peut-être une tradition vietnamienne, quand on lave les cheveux, on lave toute la tête, j'en sais rien, mais c'est carrément pas désagréable, alors j'ai pas du tout envie de protester. Quand ça a été fait, elle me met un autre produit sur le visage, que j'identifie pas vraiment, une crème peut-être, c'est marrant les shampoings ici. Sauf que non, c'est pas une crème, c'est une huile de massage. Massage du visage. Grande première. Et qu'est-ce que c'est bien ! Et ça dure, et ça dure, et je me dis que je vais m'endormir là, parce que je suis toute molle. Une fois fini, elle me rince les cheveux et le visage, et je sens qu'elle me pose des bandes froides sur le visage. En fait, c'est du concombre, c'est l'odeur qui me l'a dit. Je suis donc une momie en concombre, je me demande combien de temps elle va me laisser là, et mon cerveau d'occidentale se dit que je n'ai pas tant d'argent que ça sur moi, pas plus de 500 000 dongs, soit 25 dollars. Et le seul point de repère que j'ai, ce sont les tarifs français, et que tout ça coûte bien plus cher que ça.
Mais la jeune fille me refait un truc dans les cheveux, alors je ne pense plus trop. Et après, elle me masse les mains, et puis les bras, et puis les épaules, et puis le cou, je ne comprends pas ce qui m'arrive, me demande furtivement si "hairwash" a un sens que j'ignore, mais pour l'essentiel, je profite. C'est que je ne m'étais jamais fait massée, pas professionnellement en tout cas, alors c'est un peu un monde nouveau qui s'ouvre. Un monde merveilleux. Qui finit par un massage de la tête, évidemment. Je ne sais pas combien de produits elle a mis dans mes cheveux au final, mais un paquet, ça c'est sûr. Et quand je me suis levée pour aller me faire couper les cheveux, j'avais les genoux en coton et un vieux sourire béat.
Pour la coupe, je suis pas hyper compliquée. Je veux plus court, mais je veux pouvoir les attacher. Ca tient moins chaud, et ça m'évite de passer trop de temps à me coiffer le matin, ce qui est quand même super important. Le coiffeur a parfaitement compris, et j'ai eu ce que je voulais. Ca change un peu, mais pas trop, et c'est plutôt sympa. Bon, par contre, il m'a dit à la fin qu'il ne voulait pas me les sécher pour ne pas casser mes boucles. Moi, je suis super pour qu'on les casse, je suis belle comme un camion avec un brushing tout neuf. Mais il doit pas coiffer des cheveux bouclés bien souvent, et comme on veut toujours ce qu'on n'a pas, je ne suis pas sûre que les vietnamiens adhèreraient totalement à l'idée de me lisser les cheveux. Et puis naturel comme ça, j'ai pas l'habitude, mais c'est pas si mal, alors soit.
Arrive enfin le moment qui m'inquiète un peu. Ca fait une bonne heure qu'on s'occupe de moi non-stop, va-t-il falloir que je demande à quelqu'un de m'apporter de l'argent ? Donc oui, ça fait trois mois que je suis là, et je n'ai pas encore tout à fait intégré que les tarifs vietnamiens n'ont rien à voir avec les tarifs français. Le "shampoing" : 80 000 dongs, la coupe : 100 000 dongs. Soit un total d'environ 9 dollars. Voilà. Donc j'ai doublé la mise en pourboires, faut pas déconner non plus. Mais voilà ce qu'on a ici pour moins cher qu'une toute petite coupe sur cheveux courts en France. Le piège maintenant, ça va être de ne pas aller chez le coiffeur toutes les semaines, juste pour se faire laver les cheveux. C'est tentant quand même.
Finissons par deux réflexions qui vont changer la face du monde. Un, mettre un casque en sortant de chez le coiffeur, c'est carrément déprimant. Deux, faut VRAIMENT que j'aille me faire masser pour de vrai. Je crois que ça va me plaire.
Est ce que tu précises quand on te passe une crème sur le visage ou ailleurs qu'il ne faut pas de crème "whitening"? Ca serait dommage que tu perdes ton bronzage durement acquis sous le soleil en te rendant souvent dans un salon de coiffure.
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