lundi 17 septembre 2012

Le musée des vestiges de la guerre

Deuxième message en deux jours ? Quoi ? Peut-être le monde va arrêter de tourner, personne ne sait, mais vous êtes prévenus.

J'ai donc fait un truc de touriste à Hô Chi Minh Ville. Il y a même pas deux mois. Parce que c'est comme ça quand on vit dans une ville : on se dit toujours qu'on a le temps de faire le tour de la ville en suivant le guide, donc on ne le fait jamais.

Là, il se trouve qu'avant qu'il parte, un des amis de Ryan est venu le voir. L'ami en question partait un jour après lui, voulait voir le musée, Ryan n'est pas très musée, j'étais en vacances, je voulais voir le musée, BAM, c'est fait.

Photo du musée, gracieusement fournie par Wikipédia, parce que je prends jamais de photos.

 Si l'on en croit le Guide du Routard, qui met 3 petits backpackers devant le nom du musée, c'est le truc le plus intéressant à voir à HCMV. Comme je l'ai dit, quand j'y suis allé, Ryan, coloc et ami proche, venait de partir. Donc j'étais pas un super état d'esprit. Un musée des oiseaux qui chantent dans des prairies verdoyantes aurait probablement été plus approprié. Mais non, les vestiges de la guerre. Soit.

Il faut savoir que le musée s'appelait "musée des crimes de guerre américains". Le nom a été changé quand des relations diplomatiques ont été rétablies entre les USA et le Vietnam, sous Bill Clinton, c'est pas si vieux. On redevient copains, on essaie de ne pas trop se rentrer dedans d'emblée. Le nom est donc différent, mais je doute que le contenu est bougé d'un iota. Alors oui, vestiges de la guerre, pour les chars et autres véhicules de guerre dans la cour et l'exposition d'armes. Mais ne nous y trompons pas : c'est toujours le musée des crimes de guerres américains. Genre, bien.

Rappelons que la guerre du Vietnam était censée empêcher les communistes d'accéder au pouvoir, que ça a un peu raté, et que ce pays est toujours communiste. Et on sait comment la communication est gérée dans ce genre de régime :  toute en subtilité, en prenant soin de présenter les faits sous tous les angles, et laissant le visiteur se faire son idée. Si le KGB me lit, il s'agit là du fond de ma pensée, juré craché.

Au rez-de-chaussée est présentée une exposition de témoignages contre la guerre du Vietnam venant du monde entier. Bon, essentiellement des pays communistes, des partis communistes, et des hippies, mais quand même. C'est sympa, plein d'affiches des années 60, rétro et tout. C'est pas hyper passionnant, et on comprend bien que le message affiché est "le monde entier était vachement pour un Vietnam communiste". Il me semble que quand un grand nombre de voix s'est élevé contre cette guerre, c'était plus pour dénoncer une grosse ingérence que pour des idéaux. Mais bon.

Jusque là, ça va. Ca ressemble à Cu Chi dans le discours, c'est du communisme folklorique. Et après, on monte au premier étage.

Et après, c'est le début de la fin. Le début de l'horreur en fait.

Le premier étage est consacré à la guerre en elle-même. Exposition photographique. Et pas des photos de joyeux soldats ou de chars dans les rizières. "Crimes américains", je vous rappelle. Collection donc des pires photos de la guerre, évidemment exclusivement des crimes, puisque soyons honnêtes, c'est le cas, des américains contre les Vietcongs. Je suis une élève appliquée, j'ai fait des efforts, j'ai tout lu et tout regardé. Jusqu'au 3/4 de l'exposition. Arrivée là, je me sentais juste mal, nauséeuse. Alors j'ai arrêté, et attendu le copain en regardant les bouts de murs ne comportant pas de photos de gens en morceaux, torturés, ou je ne sais quoi. Petits, petits bouts de murs.

Si mes souvenirs sont bons, la salle d'après est consacrée à l'agent orange. Ce produit chimique déversé en quantité astronomique sur le Vietnam, pour grosso modo que les gens arrêtent de manger. On en trouve encore dans la terre et les rivières aujourd'hui. Et ça a eu en effet bonus de déformer les gens et les bébés. Me voyez-vous venir ? La salle consacrée à l'agent orange est encore une exposition photographique : des murs remplis de gens atrocement déformés, défigurés, des bébés, des vieux, des gens qui n'avaient jamais rien demandé à personne. J'ai courageusement tenu 3 minutes, avant de dire au copain que là, je pouvais plus, plus du tout, et que j'allais dans le hall prendre l'air.

Ca se calme un peu au deuxième étage, avec une exposition, pour le coup intéressante, consacrée aux photographes qui ont couverts la guerre et y sont morts. Exposition créée à l'étranger et donnée au musée à la fin des années 90. C'est toujours pas super sympa à voir, ce sont des photos de guerre après tout, mais avec les témoignages écrits, les émotions, de ces gens qui avaient pourtant vu bien des choses avant d'arriver là, les photos prennent un autre relief. Même celles qui ne sont pas gore au dernier degré. Surtout celles qui ne sont pas gores au dernier degré. Il y a d'autres moyens de faire passer un message qu'en faisant vomir les gens.

La dernière salle m'a fait rire, parce qu'elle s'appelle "historical truth". Forcément, "historical big fat lie", ça le fait moyen dans un musée. Pour faire court, depuis son "coup" à Hanoi en 1945, Hô Chi Minh a courageusement et plutôt victorieusement combattu pour la victoire du peuple vietnamien. C'est à peu près vrai. Vraiment à peu près. Pas un mot bien sûr sur les vrais motifs de la guerre, la Corée quelques années avant, la grosse Guerre Froide, et tout et tout. Quelques graphiques et chiffres sur le nombre de morts, de bombes, de napalm et autres joyeusetés, et c'est tout.

Et c'est un peu le problème. Je pense sincèrement que c'est une bonne chose, quand on va dans un pays étranger, de se renseigner un peu sur l'histoire, la culture et tout. Savoir ce que les français, les japonais, les chinois, les américains, ont fait au Vietnam, c'est une bonne chose. Et bien sûr que ça passe par connaitre la guerre du Vietnam. Mais le but de ce musée n'est pas d'éduquer, c'est d'embrigader. Il s'agit de propagande, à grand renfort d'images atroces qui ne demandent pas à réfléchir, mais qui sont promptes à créer un fort sentiment de haine, et Dieu sait que la haine est unificatrice, à l'égard des américains. Laissant les communistes blancs comme neige.

Si vous apprenez quoi que ce soit dans ce musée, c'est sûrement qu'il vous manque un peu de lecture pré-voyage. Un tout petit peu hein, pas une thèse sur l'histoire du Vietnam. Donc non, je ne vois pas la visite comme indispensable si vous passez par HCMV. Préférez Cu Chi. Sauf si vous voulez vous faire du mal. Ou que vous avez une étrange passion pour le gore historique.

Mais si vous venez me voir, ce qui serait vachement cool, et que vous voulez y faire un tour, je vous attendrai dehors sur ma MOTO. Parce que pour moi, plus jamais.

dimanche 16 septembre 2012

It's ALIIIIIIIIIIIIIIIVE !!

Donc ça fait 9 mois. Bien joué Viviane. 9 mois au cours desquels je n'ai pas fait un bébé, ça, ça n'a pas changé. Et je suis toujours au Vietnam, ça non plus, ça n'a pas changé. Tout le reste est différent. Faudrait que je relise les posts plus anciens, peut-être que moi-même je serais surprise.

Pendant ce laps de temps, nous avons eu Noël. Noël en tongs et tee-shirt, loin de la famille, c'est très étrange, et même un peu déprimant. Mais les copains étaient là, on a été à un concert de chants de Noël version rock, sponsorisé par une marque de bière, avec un défilé de lingerie à la fin, donc au final, les traditions ont été parfaitement respectées.


Nous nous sommes également fait un déjeuner plus traditionnel, et par là j'entends super français, avec une copine française : foie-gras envoyé par maman, fromage qu'on peut trouver ici, Dieu merci, et vin. C'était vachement bon. Et gras. Sur la terrasse, en transpirant. Le genre de truc que je ferais bien volontiers tout le temps.


Après ça, et je vais vous surprendre, nous avons eu le nouvel an. Nous avons été en ville, avec PLEIN de gens partout, un feu d'artifice qu'on a raté, une bonne soirée avec les copains.


Fin Janvier, nous avons eu le Têt, qui est le nouvel an chinois, tout ça c'est pareil. D'abord à l'école, où j'ai mis mon plus bel ao dai, la tenue vietnamienne traditionnelle. Qui n'est portée que pour les fêtes ou dans des positions un peu officielles. C'est aussi la base des uniformes dans les magasins, les banques... Bref, c'est très joli, très traditionnel, mais vous n'en verrez pas dans les rues. A côté de mon moi qui a l'air très inspiré, vous pouvez voir les petites fleurs jaunes que l'on voit PARTOUT pendant le Têt.


Le jour J, nous avons été en ville, pour voir les décorations et tous les gens. Une fois encore, j'ai raté le feu d'artifice, mais pas la danse du dragon dans les commerces autour. C'est une tradition qui persiste, si j'ai bien compris, en gros, le dragon chasse les mauvais esprits et ça porte chance au commerce. On le fait pour le Têt, et à l'ouverture d'un nouveau magasin.


Quelques jours après le Têt, c'était mon anniversaire. Ca tombait plutôt bien, puisqu'ici, pendant le Têt, le monde arrête de tourner, tout le monde rentre dans sa famille, et on a une semaine de vacances. Rien que pour mon anniversaire en fait. Et il a été fort chouette, deux barbecues à la suite (oui, je suis arrivée en retard à mon propre anniversaire), deux gâteaux, PLEIN de gens, des bières, un karaoké, et sur cette photo, il est 6 heures du matin, et nous sommes au bord de la rivière. Merci à Ryan qui m'a organisé tout ça.


Fin mars, j'ai quitté mon hôtel pour emménager dans un très chouette appartement avec des très chouettes colocs : Christian et Stéphanie, un couple d'allemands, et Ryan, sus-cité, dans à peu près toutes les photos précédentes, qui vivaient aussi dans mon hôtel. Ryan est maintenant rentré en Angleterre, et a été remplacé par Mick, irlandais, rouquin aussi. Il ne sera pas dit que je n'aide pas les minorités. Ca fait maintenant 6 mois, et tout va très bien.


Quelques jours après, j'ai quitté l'école dans laquelle je travaillais. Non, ça ne s'est pas bien terminé. Oui, je m'en veux un peu d'avoir abandonné mes élèves au milieu de l'année, mais c'était juste plus possible. A la place, je suis devenue Julien Sorel, professeur privé pour un garçon en CE2, moitié français, moitié thailandais.

Fin avril, la maman a dû rentrer en Thailande pour quelques temps, et prenait avec elle ses deux enfants. La veille du départ, elle m'a demandé si peut-être je pourrais aller là-bas avec eux, si c'est pas un trop gros problème. HAHA. J'ai donc passé un mois en Thailande, travail la semaine, merveilleux week-ends. Je raconterai tout ça en détails, probablement dans 9 mois, la bonne blague.

La famille est rentrée en France début juillet, mais pas de problème, puisque j'ai commencé à travailler dans une nouvelle école. Toujours enseignante en "maternelle", mais cette fois-ci dans une école internationale, et en anglais. Celle-là, je ne l'avais pas vu venir DU TOUT. Mais ma patronne sait de quoi elle parle, la pédagogie est très différente de ce qu'on fait en France, mais ça me convient très bien. Pas de curriculum à proprement parler, pas d'évaluations, juste s'occuper du développement de chaque enfant, proposer des jeux et activités pour stimuler tout ça, et laisser les enfants prendre en main leur apprentissage. Et honnêtement, je m'éclate.

Voilà voilà. Un an au Vietnam est passé. Un an intense, à tous les niveaux, mais vraiment positif. Non, rentrer en France définitivement n'est pas du tout dans mes projets immédiats. Je dirais que tout reste ouvert : rester au Vietnam, partir enseigner dans un autre pays... Je ne sais pas. Enfin si, je sais pour l'année à venir. Pour le reste de ma vie, on verra. Et soyons honnête : c'est sacrément excitant.

mercredi 7 décembre 2011

Martine va chez le coiffeur

Alors non, je n'ai pas changé mon prénom. Si je devais le faire, ce serait pour un truc à peu près prononçable par les vietnamiens, et je doute que Martine soit un choix judicieux. Parce qu'il faut le dire, Viviane, ça ne se dit comme il faut qu'en français. Même les anglophones n'y arrivent pas du tout. A ce train là, j'aurai oublié comment je m'appelle à la fin de l'année.

BREF. J'ai donc été chez le coiffeur. Parce que ça commençait à faire un moment, et que les cheveux longs ici, bof (CHAUD). Et puis comme toutes les femmes le savent, changer de coupe, ce n'est jamais innocent, et là, il va y avoir quelques changements, qui bien que mineurs, font que j'ai eu vachement envie de couper. Et il ne faut JAMAIS combattre une envie de coiffeur.

Restait donc à savoir où aller. Parce que j'en ai bien un en bas de chez moi, assez littéralement, mais je doute que l'anglais soit pratiqué, et pour les choses importantes, faut quand même savoir se faire comprendre. Je ne me suis pas cassée la tête pour autant. Ma collègue française avait été dans un salon à environ 300 mètres de l'école - avantage 1 -, pas cher -avantage 2-, où on parle un peu anglais -avantage 3- et qui arrive à coiffer le cheveu occidental -avantage fondamental 4. Il faut savoir que j'ai quand même le cheveu bien différent du cheveu asiatique, genre, il boucle, donc on peut pas faire n'importe quoi.

Je rentre donc, et explique que je veux me faire couper les cheveux. Très bien mademoiselle, voulez-vous qu'on vous lave les cheveux ? Bah oui, moi je veux. Déjà parce que le shampoing, c'est 75% du plaisir, et puis parce qu'il est nécessaire que mes cheveux soient mouillés pour être coupés, rapport au fait qu'ils bouclent, suivez donc.

On m'amène alors à l'étage, dans la salle du shampoing, avec des tables où on s'allonge. Ce qui est plutôt cool, ça évite d'avoir mal au cou, et Dieu sait que j'aime pas être dérangée par de telles trivialités quand on me trifouille la tête. La jeune fille me mouille les cheveux, met un truc dedans, rince, je me prépare alors à me lever. Après tout, un shampoing c'est un shampoing. Mais je ne sens pas de mouvement dans ce sens, alors je me dis que je vais avoir le droit à un soin. Le truc qu'on te propose toujours en France, et que je sais pas dire non, et ça me coûte 15 euros, et ça m'énerve. Mais comme je ne sais pas protester en vietnamien, ben je laisse faire. Truc dans les cheveux, rinçage, là je me dis c'est bon, on y va.

Sauf que non, la jeune fille me lave alors le visage. Tiens, c'est bizarre, on m'avait jamais fait ça. C'est peut-être une tradition vietnamienne, quand on lave les cheveux, on lave toute la tête, j'en sais rien, mais c'est carrément pas désagréable, alors j'ai pas du tout envie de protester. Quand ça a été fait, elle me met un autre produit sur le visage, que j'identifie pas vraiment, une crème peut-être, c'est marrant les shampoings ici. Sauf que non, c'est pas une crème, c'est une huile de massage. Massage du visage. Grande première. Et qu'est-ce que c'est bien ! Et ça dure, et ça dure, et je me dis que je vais m'endormir là, parce que je suis toute molle. Une fois fini, elle me rince les cheveux et le visage, et je sens qu'elle me pose des bandes froides sur le visage. En fait, c'est du concombre, c'est l'odeur qui me l'a dit. Je suis donc une momie en concombre, je me demande combien de temps elle va me laisser là, et mon cerveau d'occidentale se dit que je n'ai pas tant d'argent que ça sur moi, pas plus de 500 000 dongs, soit 25 dollars. Et le seul point de repère que j'ai, ce sont les tarifs français, et que tout ça coûte bien plus cher que ça.

Mais la jeune fille me refait un truc dans les cheveux, alors je ne pense plus trop. Et après, elle me masse les mains, et puis les bras, et puis les épaules, et puis le cou, je ne comprends pas ce qui m'arrive, me demande furtivement si "hairwash" a un sens que j'ignore, mais pour l'essentiel, je profite. C'est que je ne m'étais jamais fait massée, pas professionnellement en tout cas, alors c'est un peu un monde nouveau qui s'ouvre. Un monde merveilleux. Qui finit par un massage de la tête, évidemment. Je ne sais pas combien de produits elle a mis dans mes cheveux au final, mais un paquet, ça c'est sûr. Et quand je me suis levée pour aller me faire couper les cheveux, j'avais les genoux en coton et un vieux sourire béat.

Pour la coupe, je suis pas hyper compliquée. Je veux plus court, mais je veux pouvoir les attacher. Ca tient moins chaud, et ça m'évite de passer trop de temps à me coiffer le matin, ce qui est quand même super important. Le coiffeur a parfaitement compris, et j'ai eu ce que je voulais. Ca change un peu, mais pas trop, et c'est plutôt sympa. Bon, par contre, il m'a dit à la fin qu'il ne voulait pas me les sécher pour ne pas casser mes boucles. Moi, je suis super pour qu'on les casse, je suis belle comme un camion avec un brushing tout neuf. Mais il doit pas coiffer des cheveux bouclés bien souvent, et comme on veut toujours ce qu'on n'a pas, je ne suis pas sûre que les vietnamiens adhèreraient totalement à l'idée de me lisser les cheveux. Et puis naturel comme ça, j'ai pas l'habitude, mais c'est pas si mal, alors soit.

Arrive enfin le moment qui m'inquiète un peu. Ca fait une bonne heure qu'on s'occupe de moi non-stop, va-t-il falloir que je demande à quelqu'un de m'apporter de l'argent ? Donc oui, ça fait trois mois que je suis là, et je n'ai pas encore tout à fait intégré que les tarifs vietnamiens n'ont rien à voir avec les tarifs français. Le "shampoing" : 80 000 dongs, la coupe : 100 000 dongs. Soit un total d'environ 9 dollars. Voilà. Donc j'ai doublé la mise en pourboires, faut pas déconner non plus. Mais voilà ce qu'on a ici pour moins cher qu'une toute petite coupe sur cheveux courts en France. Le piège maintenant, ça va être de ne pas aller chez le coiffeur toutes les semaines, juste pour se faire laver les cheveux. C'est tentant quand même.

Finissons par deux réflexions qui vont changer la face du monde. Un, mettre un casque en sortant de chez le coiffeur, c'est carrément déprimant. Deux, faut VRAIMENT que j'aille me faire masser pour de vrai. Je crois que ça va me plaire.

vendredi 18 novembre 2011

Joyeuse fête des professeurs !

Ben oui, au Vietnam, nous sommes célébrés, nous avons une fête des professeurs le 20 novembre.


Evidemment, cette année, le 20 novembre tombe un dimanche. Mais ce qui est très cool, c'est que pour que ça ne tombe pas à l'eau, ça a gentiment été décalé à aujourd'hui vendredi. Alors la fête des professeurs, qu'est-ce que c'est ? C'est simplement un jour où on pense à remercier les gens qui s'occupent si bien de vos enfants. On offre un petit cadeau, et si j'ai bien compris, c'est un peu relâche dans les écoles, petit pot, repas, ce genre de choses.

En ce qui me concerne, techniquement, c'était pas vraiment relâche. Techniquement, parce que j'ai éteint mon réveil, qui sonne pourtant quatre fois, et que quand ma collègue m'a appelé pour savoir si j'étais en vie, j'étais censée être à l'école depuis 10 minutes. Bon. En même temps, de 7h30 à 8h30, on accueille les enfants dans la cour, il y a quantité d'adultes, et si je suis pas là, la Terre continue quand même de tourner. Ce qu'elle a fait ce matin. Non, j'essaie pas de me justifier, ce sont des choses qui arrivent. Surtout à moi, d'accord, mais pas si souvent. Et puis zut. Surtout qu'au final, j'avais quatre absents, et sur un effectif de dix, ça se voit quand même vachement. Donc si, un peu relâche au final.

Pour le reste, nous sommes dans une école française, avec assez peu de parents vietnamiens, donc je ne m'attendais pas à grand chose. Et j'aurais rien dit, parce que j'avais moi-même totalement zappé. Mais finalement, sur mes 6 présents, presque tout le monde y a pensé. Nous avons donc eu 3 boîtes de chocolats à nous partager ; une maman a fait des gâteaux pour tout le monde, y compris le personnel de la crèche, le cuisinier, la femme de ménage et la secrétaire, ce qui est très gentil et TRES bon esprit ; et une autre maman a fait un cadeau (bougie qui sent bon) pour tout le personnel aussi. Surtout que sa fille était malade, et qu'elle est donc venu exprès pour ça. Et une maman, qui est aussi ma directrice, m'a offert du tissu pour aller me faire faire mon ao dai. Reste à trouver une couturière. Evidemment, tout ça fait bien plaisir.

Pour fêter tout ça, la directrice avait également prévu un déjeuner gargantuesque pour nous tous. Genre, il était techniquement impossible de manger tout ça, surtout en une heure. Il n'y avait là rien que je n'avais pas déjà goûté, à part bien sûr une chose. Chose annoncée par mon assistante avec un grand sourire : des oeufs couvés.

Alors il faut savoir que j'ai à ce jour une liste de choses que je refuse absolument de manger ici. C'est une toute petite liste, parce que je suis pas si difficile. Nous avons donc :

- le durian. J'ai tenté, plus jamais.
- le chien. Non, c'est pas un mythe, ça se trouve même plutôt facilement. Mais je mange déjà pas de cheval, alors du chien, c'est nein.
- les oeufs couvés

C'est donc quand même pas de bol. Là, vous êtes en droit de vous dire que quand même, je suis pas une aventurière, qu'il faut tout essayer, blabla. Ouais, mais un oeuf couvé, c'est ça :


Oui, le nom est assez explicite. C'est un oeuf avec un bébé oiseau dedans. Ca pourrait être la meilleure chose du monde que non, je ne pourrais pas. Ouvrir mon oeuf, trouver un bébé oiseau mort et le manger, ça me dégoûte. En fait, quand ils ont commencé à les attaquer, j'ai gentiment été voir ailleurs si je n'y étais pas, parce que même voir quelqu'un d'autre manger ça, ben ça me révulse. Beurk beurk beurk.

BREF. Tout ça pour dire que j'ai eu une pensée émue pour mes collègues françaises. Parce que de ce que j'ai suivi, c'est aussi la fête des profs et des fonctionnaires en général en ce moment en France. Mais en moins sympa.

dimanche 13 novembre 2011

Vrac

Aujourd'hui, je vais être encore moins structurée que d'habitude, bon courage à qui me lira.

Parce que bon, la semaine a été longue. On commence par un accident, alors il faut soigner ses bobos et boiter, et dormir comme jamais. Et puis après, ça va mieux, alors on sort alors qu'on travaille le lendemain, lendemain au cours duquel on se sent super vieille. Mais comme tout se paye dans la vie, on fait une maladie fulgurante le vendredi soir, le truc qui vient très vite et très fort, et qui s'en va comme il est venu. Et puis après ça va mieux, alors on sort, et c'est chouette parce qu'après c'est dimanche, et que c'est le seul jour où on ne doit pas se lever pour aller travailler. Mais on se réveille quand même à 7h, et du coup, on va à la piscine. Voilà.

Les bobos donc. Bon, une moto est tombée sur ma jambe droite, mon genou n'a pas du tout apprécié. Sachant que ma classe est à l'étage, je vous prie de croire que lundi, j'en ai chié. Non, y'a pas d'autres mots. Parce que je boitais vachement, et que je montais les escaliers comme une toute petite vieille, et que ça faisait mal quand même. Et j'arrivais pas à kicker pour démarrer ma moto. Mais bon, j'ai toujours trouvé une bonne âme pour m'aider à repartir, et là, ça va bien mieux. Je pense juste que je vais attendre un peu pour aller faire un trek dans la jungle (HAHA), parce que si je force, je le sens quand même le lendemain. Mais j'ai la foi, ça va vite être tout guéri.

Toujours au rayon bobo, mon pied gauche a également pris cher. Ce qui est un mystère, vu que je suis tombée du côté droit. BREF. Mon pied gauche m'a fait une espèce d'hématome qui m'aurait valu une médaille d'or s'il y avait un championnat du monde. Tout gonflé et tout bleu. Ce qui est aussi moche que désagréable. Voyant ça, une de mes collègues vietnamiennes est arrivée mardi avec une espèce d'huile de massage avec je sais pas quoi dedans, achetée à la pagode, et elle m'a massé le pied. Là, vous souffrez pour moi. Je comprends, parce que vu l'ampleur du truc, j'étais pas super chaude non plus quand elle s'est approchée de mon pied. Mais elle est très autoritaire et je ne suis pas courageuse, alors j'ai laissé faire.

Pour être très honnête, je ne suis pas très médecines alternatives. Je suis une cartésienne, faut qu'on puisse m'expliquer pourquoi et comment ça marche. Non pas que je comprenne forcément, mais je fais vachement confiance à la science. Donc tout ce qui est réflexologie, homéopathie et tout ça, j'y connais rien et ça m'intéresse pas franchement. Toute façon je suis jamais malade. Sauf que là, elle m'a fait le massage avec son huile, et premier constat, le massage était franchement énergique, sur un énorme hématome, et j'ai pas eu mal du tout. Ca ne m'a même pas (trop) chatouillé. Par contre, ça m'a détendu d'un seul coup d'un seul. Et après 10-15 minutes, mon pied avait presque retrouvé sa forme normale. Miracle, alleluia, et tout et tout. Je sais pas bien comment ni pourquoi, mais ce premier contact avec un remède traditionnel a été plutôt concluant.

Etant presque toute réparée, j'ai donc pu sortir avec des copains mercredi soir. Cette transition est pourrie, je sais. Ils étaient deux, on va dans un bar que je ne connais pas, je suis. Sauf qu'ils prennent la grosse rue à contre-sens. Ce que je ne fais JAMAIS, parce que je trouve pas ça très malin. Et évidemment, il y avait la police au bout de la rue. Ce qui craint vachement. Parce que d'une, la corruption ne se cache pas du tout ici, et que c'est pareil pour tout le monde, vietnamien ou pas : quand on se fait arrêter, faut payer. Et de deux, j'ai pas de permis vietnamien et les papiers de la moto ne sont pas à mon nom. Donc si je peux éviter les ennuis, j'aime autant. On s'arrête tous les trois, et un des policiers - ils étaient bien 6 ou 7 - commence à parler en anglais au premier conducteur. J'entendais pas ce qu'ils se disaient, et personne ne nous parlait ou rien à l'autre copain et moi. Je me dis qu'ils sont en train de négocier le prix à payer ou je ne sais quoi. Puis je vois le premier faire un geste du genre "ça me va", démarrer et partir. On se regarde avec le copain qui restait, tout le monde continuait de nous ignorer, alors on est parti aussi. Renseignements pris, le policier a demandé au copain à qui il parlait de rentrer poser sa moto et de ne plus l'utiliser parce qu'il n'a pas le droit. Et c'est tout. Quand on sait que les policiers ont tendance à arrêter comme ça vient, avec ou sans raison, et qu'on était franchement en tort, on s'en est super bien sorti. Genre je pensais pas que c'était possible. Au Vietnam, j'ai une chance de folie.

Par exemple, aujourd'hui, j'ai été à la piscine. Non, je ne me fatiguerai pas en transitions aujourd'hui. J'ai déjà évoqué le fait que les femmes asiatiques voudraient être aussi blanches que possible, et qu'avec les crèmes qui vont bien, elles fuient le soleil. Il faut les voir sur leurs motos par chaleur tropicale avec veste, pantalon, chaussettes, gants et masques plus ou moins intégraux. Je sais pas comment elles font, si ça ne tenait qu'à moi, je serais perpétuellement en petite culotte. Avantage : à la piscine, j'étais la seule femme en maillot de bain, et donc dans le bain. Mine de rien, ça diminue la population qui se trempe par deux, ce qui est cool, y'a plein de place pour nager (surtout un dimanche matin me direz-vous, oui, ça doit aider). Et du coup, au vestiaire, y'a vraiment pas foule. Donc, j'ai pris tout mon temps pour me doucher à la sortie, sans me dire que les gens allaient attendre. Et la piscine, c'est juste trop agréable avec les températures d'ici. Et ce qui l'est encore plus, c'est de faire un truc un peu physique sans transpirer. Enfin.

Tout ça pour dire que je suis un peu ce qui se passe en France, et que comment vous dire, si mon message est hyper décousu, dans ma tête ça l'est de moins en moins, et je ne suis vraiment pas sûre de rentrer l'année prochaine. Y'a encore le temps, mais bon, j'en suis quand même un peu là en ce moment.

samedi 5 novembre 2011

Money money money

Aujourd'hui, je vais, avec tout mon pouvoir de super-bloggeuse, essayer de défendre le Vietnam contre certaines choses que j'entends ou lis ici et là.

Tout a commencé avec une discussion avec un touriste français engagé dans un grand tour de l'Asie, qui nous disait avoir un avis un peu mitigé sur le Vietnam, parce qu'il trouve qu'ici, l'argent est roi, et que si les gens sont gentils avec vous, c'est qu'ils veulent vous vendre un truc, et que quand on est blanc, on est vite harcelé.

Je l'ai déjà dit, j'ai jamais vraiment eu cette impression là. Peut-être un peu dans le quartier 1, très touristique. Mais pour le coup, c'est plus le tarif touriste que le tarif blanc, et quiconque a déjà bu un coca sur les Champs-Elysées sait que c'est une pratique plutôt universelle. Je dirais même que pour le coup, quand j'ai été au marché de Ben Thanh, le plus gros marché de la ville dans lequel il y a au moins autant d'occidentaux que de locaux, on m'a plutôt foutu la paix. Etait-ce le casque que j'avais à la main qui a bien transmis le message que j'étais pas là pour acheter des souvenirs, je ne sais pas. Toujours est-il qu'on ne m'a pas arrêté tous les 3 mètres pour me vendre des trucs.

Mais il m'est arrivé aujourd'hui une grande aventure qui témoigne que non, les vietnamiens ne sont pas toujours intéressés, et peuvent même être carrément très gentils. Parce que ce matin, alors que j'allais travailler, j'ai eu un accident de moto. Alors je ne vais pas faire durer le suspense, puisque j'en vois une qui est en train de m'acheter un billet retour : je vais TRES bien. C'est même un peu ridicule d'avoir un accident et d'avoir à ce point rien. Ca aurait fait une chouette histoire d'aventurière hyper courageuse.

Je ne sais pas bien bien ce qui s'est passé. Je roulais le long du trottoir, quand un mec, pour une raison parfaitement inconnue, s'est rabattu juste devant moi. Ca n'aurait pas été bien grave s'il n'allait pas franchement moins vite que moi, et que du coup, soit je lui montais dessus, soit je faisais un truc désespéré. Je pense que j'ai mis un gros coup de guidon, et que du coup, je suis allée m'écraser sur le trottoir.

Le coup de l'accident, c'est un peu un truc qui m'inquiétait. Déjà parce qu'avoir un accident, vu le degré de protection, c'est pas une super idée. Et j'avais lu et entendu un peu partout qu'en tant que blanche, je serais forcément responsable, et que c'était un coup à payer des motos neuves à toute la famille de la victime.

Pour l'accident de ce matin, je dirais que les torts étaient partagés. Il m'aurait mis un petit clignotant, j'aurais pu anticiper. Mais en même temps, dans le code de conduite ici, je suis censée prévoir tout ce que font les gens devant moi, et là, je l'ai vraiment pas vu venir. Après, la montée sur le trottoir m'a quand même permis de ne pas le taper trop fort, je ne suis même pas sûre qu'il soit tombé. En tout cas, sa moto n'avait rien, et lui juste un petit bobo sur le pied.

Dans un éclair de génie, j'ai quand même réussi à avoir mon accident juste devant une station essence. Comme j'ai quand même pris une sacrée gamelle, et surtout une grosse GROSSE peur, je n'arrivais pas à soulever la moto qui m'était tombée dessus. Tous les pompistes sont alors venus à ma rescousse. De ce que j'ai compris, ils m'ont dit de ne pas bouger, ont soulevé la moto, coupé le contact et l'ont mise de côté. J'ai donc réussi à me relever, bonne nouvelle, rien de cassé. Sauf que j'ai quand même senti arriver la grosse chute de tension, et qu'ils ont dû voir que j'étais pas trop bien, donc ils m'ont proposé une chaise, pour que je puisse m'asseoir en attendant de me remettre de mes émotions.

Alors que j'hyperventilais gentiment, le mec avec qui j'ai eu l'accident s'approche et me dit quelque chose. Bon, maintenant, je sais acheter des timbres toute seule (BRAVO), mais je ne comprenais rien à ce qu'il me disait, et j'arrivais pas bien à voir s'il était fâché ou pas, s'il voulait que je sorte mon portefeuille, appeler la police ou que sais-je encore. Là il me dit "hospital", ça je comprends, et je dis non non non. Rien de cassé, ma tête n'a pas tapé par terre, et j'ai même pas besoin d'un point. Rien que des bleus et des bobos, pas besoin d'hôpital donc. Alors il me sert la main, me dit "sorry" et s'en va. Et c'est tout.

Mes jambes ont arrêté de trembler, donc je me lève pour partir. Je jette un coup d'oeil à la moto. Le garde-boue, qui était déjà bien fatigué, a pris cher. Et plus embêtant, le repose-pied a bougé, et du coup, je ne peux plus kicker et donc démarrer ma bête. Un pompiste, qui était resté pas loin, probablement pour s'assurer que je ne fasse pas de malaise ou autre truc bizarre, s'approche avec celui qui semble être le patron. Ce dernier remarque que mes pieds saignent, et m'indique donc la salle de bains pour que je puisse un peu nettoyer mes blessures. En même temps, j'étais en pantacourt, donc j'étais effectivement bien noire.

Quand je suis revenue, j'ai trouvé le pompiste en train de réparer ma moto, remettre le repose-pieds en place et le guidon à peu près droit. Le patron la démarre pour voir si ça marche, et ça marche. Je demande alors combien je leur dois, parce que bon, ils se sont quand même occupés de moi et de ma moto, les payer me semblait la moindre des choses. Sauf que non. Limite j'ai eu l'impression de les insulter. Rien du tout m'ont-ils mimer, avec franchement l'air de dire "t'aurais pu te faire très mal, on va pas en plus te facturer ta chute". Je suis un peu sur le cul, remercie aussi chaleureusement que possible, et rentre chez moi.

Je pose ma moto, et pars de suite chercher une pharmacie parce que bon, il y a quand même deux-trois choses à désinfecter. Evidemment, je ne sais pas du tout dire "j'ai eu un accident, je voudrais quelque chose pour désinfecter mes bobos". Donc en arrivant, je montre un petit bobo à la main à la pharmacienne, qui comprend très bien ce que je veux. Elle me demande de m'asseoir, et passe devant le comptoir avec coton, désinfectant et pansement. En voyant que j'ai un peu plus que ça, elle va chercher du sérum physiologique, et revient s'occuper de moi. Et quand je dis s'occuper de moi, je veux dire qu'elle a bien passé 20 bonnes minutes à chercher sur mes bras et mes jambes où j'étais blessée, à tout laver et désinfecter et à me mettre des pansements. Je doute que dans ma vie d'adulte, on se soit jamais aussi bien occupé de moi pour d'aussi petites blessures. Quand elle a eu fini, elle m'a préparé mon petit sac avec coton, sérum phy, désinfectant et pansements, et me dit que ça fera 20 000 dongs. Même pas un dollar. En clair, elle m'a juste facturé ce qu'il y a dans le sac, et pas les 20 minutes qu'elle vient de me consacrer. Ca m'a mis mal à l'aise, alors je lui ai donné 50 000, et il a limite fallu que je parte en courant pour qu'elle accepte de garder la monnaie. Ce qui n'est pas très charitable, parce que je peux quand même pas galoper, je clopine un peu là.

J'ai ensuite été faire réparer ma moto. J'ai un peu montré, ils ont vu ce qui n'allait pas, et paf, un garde-boue flambant neuf pour 130 000 dongs, environ 6 dollars. Le tarif normal quoi.

Alors je ne sais pas si j'ai le cul bordé de nouilles - quoique pour aujourd'hui on peut quand même dire que oui, genre je suis vivante - mais vraiment, 95% des vietnamiens rencontrés à ce jour sont juste vraiment gentils avec moi, et pas pour mon argent ou me vendre un truc. Juste gentils. Ce matin, je crois qu'il n'est venu à l'idée de personne de profiter du fait que je ne parle pas la langue ou que je sois blanche. Je n'ai vu que de la sollicitude.

J'ai pas les mots pour le dire en vietnamien, mais j'aurais vraiment voulu pouvoir leur dire à tous à quel point ça fait chaud au coeur, quand il t'arrive une tuile comme ça très loin de chez toi, et que tu enchaines les situations de handicap langagier, de rencontrer de parfaits inconnus qui font tout ce qu'ils peuvent pour t'aider. Au final, c'est sûrement ça l'info la plus importante de la journée.

vendredi 28 octobre 2011

Mui Ne

Mui Ne. Ou plus précisément "haaaaaaaaaaaaa Mui Ne".

Reprenons depuis le début. Je suis instit', donc perpétuellement en vacances. J'ai deux boulots, donc un pouvoir d'achat plutôt raisonnable ici. Du coup, quand ma collègue française, qui avait vachement besoin de partir en vacances, m'a dit qu'elle partait à Mui Ne, j'ai commencé par demander ce que c'était donc que ça. Une plage, m'a-t-elle répondu. Moi, j'avais les jambes super blanches et un peu besoin de prendre du recul sur deux-trois trucs, donc je lui ai proposé ma compagnie.

Réservation d'hôtel, de bus, et départ samedi matin à potron-minet. Pour la petite histoire, j'ai fait mon sac le matin même, après une nuit un peu courte et un peu alcoolisée, et sur le chemin, pendant que je me réveillais tout doucement, j'ai commencé à faire la liste des trucs que j'avais oublié. Comme par exemple, le chargeur de mon téléphone. Ce qui n'était pas vraiment en drame, surtout qu'il s'est avéré que celui de ma collègue était compatible. Plus grave, j'ai oublié mon livre. Mais comme il était dit que les vacances seraient chouettes, j'ai trouvé assez facilement à Mui Ne de quoi m'occuper, en l'occurence :


Ben sur une plage à l'autre bout du monde, lire les aventures d'un mec et de sa MOTO à un autre bout du monde, c'est plutôt parfait.

Mui Ne donc, qu'est-ce que c'est ? Comme je l'ai déjà dit, c'est une plage. Et voilà. En fait, c'est une très longue rue, qui donc borde une plage, avec d'un côté des hôtels-restaurants-bars-boutiques pour touristes, et de l'autre hôtels-restaurants-bars-boutiques pour touristes.



Intérêt culturel négatif, intérêt vacances parfait. Non pas qu'il n'y avait pas possibilité de visiter deux-trois trucs pas trop loin, mais j'avais juste pas envie. Je n'avais jamais fait ce genre de vacances de ma vie, le genre où on ne fait rien de chez rien, à part se baigner, bronzer et manger. C'est donc exactement ce que j'ai fait. Et une semaine sans MOTO, c'est pas désagréable non plus.

Ceci étant dit, c'est pas parce que j'étais au paradis que j'ai oublié mes devoirs de bonne citoyenne française. Je n'avais en fait qu'une seule exigence concernant ces vacances : dimanche, 15h, il fallait que je sois devant le match. Nous nous sommes donc trouvé un bar tenu par des français, qui passait le match, et devant lequel il y avait plein de français. Comme à la maison donc. Sauf qu'à la mi-temps, on regarde la mer qui est juste à côté.




J'ai même pas été trop déprimée par le score final, parce que ça aurait pu être vachement pire. Et que je ne suis pas sûre qu'il aurait été possible d'être déprimée dans ce cadre.

Passée cette journée à l'emploi du temps BIEN chargé, nous sommes tombées dans la routine suivante : debout, plage, déjeuner, sieste, plage, promenade, apéro, dîner, bière(s). Parfois, la vie, c'est dur et compliqué. Et parfois, pas du tout.




Pour la bière du soir, nous avons trouvé un bar avec musique live, ce qui est très chouette. Ce qui l'est encore plus, c'est que deux fois, nous avons eu un chanteur-guitariste avec un répertoire que j'aurais très bien pu composer moi-même. Genre avec deux de mes chansons préférées du monde :



Il a bien fini par repérer que je connaissais la moitié de ses chansons par coeur (et comme je connais pas non plus des millions de chansons par coeur, ça veut bien dire ce que ça veut dire), nous sommes devenues ses "friends from France". Avec une petite chanson pour nous accueillir le deuxième soir. Et pour finir la soirée, il nous a chanté "you are so beautiful" rien que pour nous deux. Du bonheur par paquets de 30 kilos.

Je m'aperçois que je n'ai pas encore parlé de l'hôtel. On a un peu regardé à gauche et à droite, et comme on n'est pas non plus en budget illimité, on a pris le moins cher, les échos étant pas mal. Et surtout, en cherchant avec mon ami Google, je suis tombée là-dessus :


Comment vous dire qu'à 15 dollars la nuit, ça me l'a vendu. Bon, vu le prix, je m'attendais un peu à une chambre hyper moyenne ou toute autre mauvaise surprise. Et en fait non : chambres hyper cleans et confortables, accès direct à la plage, sable fin et hamacs partout. Waou.








Est arrivée la dernière nuit, qui a été mauvaise. Du coup, réveillée, je regarde l'heure : 5h30. En lecteurs attentifs de mon blog, vous savez que c'est à peu près l'heure à laquelle le soleil se lève à HCMV. Là, je me dis qu'il y a un dernier truc à vivre. Appareil photo, plage, et je ne l'ai pas regretté du tout :



Je dis tout dans le désordre, mais on s'en fiche. Il faut savoir qu'en ce moment, c'est la saison basse, mousson, tout ça. Conséquences, on est hyper tranquille sur la plage et l'apéro est limite moins cher qu'à HCMV, alors que bon, y'a la mer quand même. Et c'est amusant, mais de la pluie, on n'en a pas eu du tout. Mardi, c'était un peu couvert, mais comme l'air et l'eau était toujours aussi chauds, ça n'a pas franchement perturbé notre emploi du temps. Et pour l'essentiel, ce que j'ai eu au-dessus de la tête, c'est ça :


Pour me passer un peu de pommade, ce que j'ai d'ailleurs fait littéralement en quantité astronomique cette semaine, j'ai atteint un degré de jolitude inconnu : une couleur de peau que je ne me connaissais pas mais qui me va vachement bien et un sentiment de bien-être et de détente assez absolu.

Par contre, comme toutes les choses qui atteignent leur pic trop tôt, plus dure est la chute. Genre là, je pèle à mort, ce qui est vachement moins sexy. Mais la sensation de plénitude est toujours là, et ça en valait totalement la peine.

Pour ceux qui ne me détestent pas encore et qui font partie de mes chers amis sur Facebook, je vais y mettre encore plus de photos. Non parce que c'est bientôt Novembre, et que je compatis vachement.