dimanche 28 août 2011

Guide à destination du piéton

Avant de commencer, un petit point "géographie de Hô Chi Minh Ville". Parce que ça a peut-être de l'importance. Ou pas du tout. J'en sais rien. Mais sait-on jamais, au cas où.

Je vis et travaille dans le quartier 7, le grand truc vert en bas à droite. Et non, contrairement à ce qu'on pourrait croire sur cette carte, je ne vis pas au milieu d'une rizière, il y a des routes et des maisons, et tout et tout. Pour l'instant, je me suis essentiellement cantonnée à ce quartier, la rentrée qui approche nécessitant un peu de travail. On n'est pas là pour se promener en polo-bermuda-chaussettes-Birkenstock. Tout ça pour dire que pour trouver du touriste, admirablement décrit à l'instant, il faut aller au centre-ville, le truc violet au milieu.

Je parle de touristes parce que je me dis, bien que n'en ayant pas vraiment croisé, ils doivent bien marcher un peu, eux. Parce que sinon, des piétons, ben y'en n'a pas. Ici, ON ROULE. Vous allez dire que je suis lourde avec ça, mais c'est pas une blague. J'en veux pour preuve cette photo d'un bout de parking du centre commercial du coin, prise aujourd'hui même :


Voilà. Et oui, aujourd'hui, nous sommes dimanche, mais comme le coup du Seigneur qui se repose le septième jour n'a pas un gros gros impact ici, donc il n'y a pas grand chose qui ferme.

Donc ici on roule, et on ne marche pas. Comme je suis toujours prise dans les turpitudes du dilemme vélo ou scooter, je me déplace à pieds ou en bus. Ce qui ne passe pas tout-à-fait inaperçu, puisque le fait d'être occidental implique nécessairement d'avoir les moyens (financiers) de s'épargner ce type de déplacements. Ce sont d'ailleurs les seules sollicitations dont j'ai fait l'objet. Quand je marche ou que j'attends le bus, les taxis, ou bien plus souvent des gens à scooter, me proposent leur service. Et quand je dis sollicitations, j'exagère presque : en général un signe de la main, et aucune insistance quand je refuse. Je suppose que ce sera un peu différent dans les coins touristiques, mais pour l'instant, à part ces petites sollicitations et quelques regards appuyés, être occidentale ne fait aucune différence.

Bref. Ne faisons pas mentir le titre de ce message, et passons au guide à destination du piéton. Premier aspect : les trottoirs. Là où on en est censé marcher, ça, ça ne change pas. Sauf que comme ici, on ne marche pas, les trottoirs sont utilisés pour bien d'autres choses. Les petites boutiques y débordent largement, les restaurants encore plus, que ce soit pour les terrasses ou les stands de vente à emporter. De manière générale, c'est bien beau de rouler en scooter, mais vient un moment où il faut le garer, et c'est là la fonction essentielle des trottoirs. Donc pour marcher, on zigzague entre tout ça, et on descend sur la route en cas de besoin.

Ce qui nous amène au deuxième point : la cohabitation avec les différents véhicules, et notamment, comment traverser une route. Les passages piétons, comme les feux rouges et globalement tout ce qui concerne le code de la route, sont là, mais à titre indicatif. Le point positif, c'est que du coup, on peut traverser absolument n'importe où, petite rue ou grande avenue, et qu'on ne se fait jamais klaxonner pour ça. Le point négatif, c'est que si vous attendez au bord du trottoir qu'on s'arrête pour vous laisser passer, vous allez attendre très longtemps. Toute votre vie si vous n'y prenez pas garde.

Du coup, pour traverser, la première étape, c'est de se lancer. C'est un peu impressionnant au début, parce que ça va à l'encontre de tout ce que votre maman vous a toujours dit : "regarde à gauche, à droite, attends que le bonhomme soit vert, ne traverse pas si une voiture arrive, traverse sur le passage piéton". Là, on s'en fout, quand on veut traverser, on traverse. Pas d'inquiétudes, personne ne vous en veut, personne ne veut vous rouler dessus. Il faut faire confiance à ceux qui roulent : ils vont vous éviter. Tout ce qu'il y a à faire, c'est les aider à anticiper votre trajectoire. Donc on marche droit, pas trop vite et on regarde ce qui se passe autour. Ca a l'air dangereux comme ça, mais en fait pas du tout : les gens préfèreront s'arrêter plutôt que de vous écraser, et comme ils ne roulent pas très vite et qu'ils sont vraiment attentifs en conduisant, ils vous voient venir de loin et font ce qu'ils ont à faire.

Même si ça ne fait pas très local et même si le fonctionnement de la circulation vous échappe complètement, marcher ici ne pose aucun problème, puisque contrairement au parisien qui préfèrerait franchement vous voir gisant dans le caniveau que ralentir, la seule règle qui semble prévaloir ici, c'est le respect de tous les autres usagers.

3 commentaires:

  1. J'ai bien ri en lisant ton "guide"!! Je ne sais pas si je suis vraiment rassurée de te savoir traverser les routes... mais j'ai noté au passage que je t'avais bien enseigné les règles de conduite du piéton occidental lambda! Et ça, ça fait du bien à mon ego de maman! Je suis impressionnée par la photo illustrant ton commentaire sur les parkings deux-roues mais... comment fait-on pour reconnaître le sien?! C'est un peu comme retrouver sa serviette en sortant de l'eau sur la plage de Palavas-les-Flots, non?..

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  2. Tu t'adaptes bien, et les soupes de nouilles au poulet sur le trottoir tu as déja goûté?

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  3. Sur le trottoir non, parce que "soupe", c'est super dur à mimer. Mais déjà goûté oui, forcément.

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