vendredi 30 septembre 2011

ANPE

En voilà un titre étrange. Alors oui, je suis au courant, maintenant, c'est Pôle Emploi. Mais j'ai trop dit ANPE dans ma vie pour m'être encore appropriée la nouvelle appellation. Mais le plus étrange n'est pas l'anachronisme, mais le fait qu'un travail, j'en ai un, donc que diable pourrais-je faire d'un truc qui m'aiderait à chercher un emploi ? Pour comprendre tous les ressorts dramatiques de cette histoire, il faut que je raconte ma vie. Et après tout, n'est-ce pas là le but d'un blog ?

Donc comme vous le savez, je prenais le bus pour aller travailler. Notez le temps passé. Notez donc que désormais, je vais très tranquillement travailler en moto. Notez que je ne le dis pas, mais je suis vachement fière de moi. BREF. Je prenais donc le bus, et comme les horaires et le trafic sont ce qu'ils sont, je partais très tôt pour être sûre d'être à l'heure. Ce qui, la majeure partie du temps, signifiait que j'arrivais très en avance à l'école. Au lieu de tourner en rond sur mon lieu de travail, ce qui est triste, je m'arrêtais donc au parc qui est à 30 secondes de l'école.

Parc


Différente vue du même parc

Oui, il y a pire comme cadre. Surtout que cette vue s'accompagne de son café noir et de sa cigarette. Oui, j'ai bien l'impression de ne parler que de ça. Le Ministère de la Santé m'oblige à vous rappeler que c'est pas bon pour la santé, vous mourrez d'une mort lente et douloureuse, et vous n'aurez pas de bébés avant ça.

Par contre, quand je dis café noir, vous pourriez penser expresso bien serré, et vous seriez tellement dans le faux que je dois vous expliquer. Un café noir, c'est ça :


C'est du café, du lait, et plein de glaçons, le tout dans un gobelet en plastique avec une paille, le tout dans le petit sachet en plastique qui va bien. Ca se trouve un peu partout, soit dans des postes de vente fixes sur le trottoir, soit dans les quartiers bourgeois comme celui de l'école, auprès de vendeurs ambulants. Repérez les motos avec une grosse caisse à l'arrière et plein de sacs plastique qui dépassent. Et comme café se dit café, même vous pouvez en demander un. Joyeux Noël. Malgré le lait et les quatre tonnes de glaçon, ça reste quand même très fort. Ce qui est probablement dû au fait que le Vietnam est un gros producteur de café, mais robusta, celui qui est moins cher et qui fait des trous dans l'estomac. Mais ça reste très bon. Et frais, ce qui est forcément agréable dans la moiteur tropicale. La version thé existe aussi, et là, c'est carrément délicieux. Tout ça pour 5000 dongs, pas grand chose donc.

Bien que je parte un peu plus tard de chez moi maintenant que je viens en moto (ai-je mentionné que JE CONDUIS UNE MOTO), je continue d'arriver en avance pour profiter de ce petit moment de calme avant d'attaquer la journée. C'est-à-dire que je perds délibérément un bon quart d'heure de sommeil tous les matins. Moi-même je n'en reviens pas.

Je vois déjà venir certains commentaires à cet article : "Viviane, on adore ton blog, ta vie est formidable, mais te rends-tu compte que tu mets systématiquement trois plombes avant d'entrer dans le vif du sujet ?". Oui, je m'en rends compte. Et non, je n'ai pas oublié que cet article s'appelle ANPE, et que ça n'a rien à voir avec le café et les parcs.

Mais ça y est, j'ai fini mon introduction, voici ce qui m'est arrivé. Mercredi, comme tous les jours à la même heure, je buvais donc mon café en fumant ma clope. Je ne demandais rien à personne, les rats courraient autour de l'étang, tout était normal. Et là, crac, on vient me parler. Deux dames, dont une qui me parle en anglais : "mon amie (la deuxième dame) vous voit ici tous les matins, et comme elle vous a déjà vu avec des livres, elle pense que vous êtes professeur. Elle cherche un professeur d'anglais pour son fils de neuf ans, est-ce que vous êtes disponible ?" Bon, si elle s'était approchée, elle aurait vu qu'il s'agissait d'un bouquin de vietnamien, ce qui n'indiquait pas franchement ma profession. Mais on peut apprécier la perspicacité de cette dame.

Par ailleurs, il se trouve que oui, je suis disponible. Parce que je n'ai pas un salaire particulièrement trépidant, et qu'entre les dépenses ici et l'argent à envoyer en France pour les frais qui ne vous oublient pas quand vous partez, ben il ne reste pas grand chose. Et si je rentre en France sans avoir vu la baie d'Along, tout le monde va croire que j'ai raté ma vie. Donc des revenus en plus pour voyager, je suis totalement pour. Je précise quand même que je suis française, sous-entendu que l'anglais n'est pas ma langue maternelle, mais ça ne semble pas posé de problème. On me demande mon prix, je dis 10 dollars de l'heure. Ce n'est pas énorme, mais après tout, l'anglais n'est effectivement pas la langue que je parle le mieux. Rendez-vous est pris pour le lendemain, même heure même endroit, pour voir les détails.

A ce stade, je ne me monte pas trop la tête. Après tout, on ne m'a jamais proposé du travail dans la rue, je ne sais pas à quel point ça peut être sérieux ces trucs-là. Mais je suis là jeudi, puisqu'après tout, j'aurais été là de toute façon. Et les deux dames sont là aussi. On part pour l'instant sur une ou deux heures trois fois par semaine, oh, et est-ce que je peux commencer aujourd'hui même à 18h30 ? Après tout oui. La mère de mon nouvel élève veut donc me montrer où elle habite, et grimpe à l'arrière de ma moto. Moi, je trouve ça vachement courageux. Parce que même si JE CONDUIS UNE MOTO, c'est quand même tout neuf et j'ai super peur de la tuer, ce qui risquerait de me faire perdre mon nouveau travail.

Le soir-même, je commence donc. Il semblerait que ce que je dois faire, c'est du soutien scolaire, ce qui est largement dans mes cordes, même en anglais. Avec un peu de civilisation à l'occasion. Le gamin est très sympa, et il parle très bien anglais, donc on se comprend, ce qui est une bonne nouvelle. On verra le temps que ça dure, mais c'est plutôt bien parti.

Donc non seulement on me propose du vrai travail dans un parc, qui ne relève pas de la prostitution je veux dire, ce qui est assez cocasse, mais en plus, tout ça devrait vite me faire un petit budget vacances, et avec un peu de chance, je pourrai partir en vadrouille dès les vacances de Noël. Ce qui est une très TRES bonne nouvelle.

samedi 24 septembre 2011

Probabilités

Oui, deux posts en deux jours. Et les deux d'un intérêt très limités, j'en conviens. Je ne suis qu'un être humain, je ne suis pas devenue plus spirituelle en prenant l'avion.

Ce soir, j'ai fait ma réunion parents-prof. En anglais - CLASSE -, et ça s'est super bien passé, j'en revenais pas moi-même.

Mais pour comprendre tout l'intérêt de cette histoire, rappelons les faits : j'ai onze élèves, et ce soir, sept familles étaient présentes. Oh, et pour ceux qui se seraient perdus en arrivant ici, j'enseigne au Vietnam.

Deux familles m'ont demandé d'où je venais. Question un peu compliquée, pour plus de détails, n'hésitez pas à vous procurer Vieviane, ma biographie officielle. Alors pour faire simple, je donne ma dernière adresse. Sauf que Divonne-les-Bains, bon, faut situer, et le Pays de Gex, j'ai appris son existence à l'IUFM, quand on m'a dit que c'était de toute façon là où j'atterrirai à mon corps défendant. Alors à cette question, je réponds "à côté de Genève".

Quelle était la probabilité que sur sept familles présentes, sur les deux familles qui me posent la question, au VIETNAM, j'ai les deux réponses suivantes :

- Tiens c'est marrant, le frère de ma femme habite à côté de Genève, à Gex. Il était le proviseur du collège privé, comment il s'appelle déjà ?
- Jeanne d'Arc, je réponds
- Voilà, Jeanne d'Arc, vous connaissez ?
- Oui oui, j'ai travaillé à Gex et j'habitais dans la commune juste à côté.

Puis,

- A côté de Genève ? Côté Haute-Savoie ou... ?
- Non non, côté Ain.
- Alors ça c'est marrant, parce que je suis justement de l'Ain, toute ma famille est là-bas.

FRANCHEMENT. Je retire donc mon article précédent : c'était bien la peine de partir à l'autre bout du monde.

L'Ain, LE département international.

jeudi 22 septembre 2011

Un mois... déjà !

J'annonce : voici un article absolument passionnant, tout en introspection et réflexions philosophiques.

Nous y voilà, nous y sommes, voilà un mois que je vis au Vietnam. Est-ce l'heure d'un premier bébé bilan ? Oui, complètement. Parce que la vraie question est : ai-je des regrets ? Est-ce que je pense au poste de remplaçante à Oyonnax qui me tendait les bras avec un pincement au coeur ? Si vous avez relevé le sarcasme, c'est que vous connaissez Oyonnax (la ville, pas le cheval), et je suis admirative. Et surtout, si vous avez relevé le sarcasme, c'est que vous avez compris que non, je n'ai aucun regret. L'opportunité de venir travailler ici était une chance, rien d'autre, et je la savoure en tant que telle.

Rien que sur un plan professionnel, ma venue ici s'avère être assez libératrice. Ne serait-ce que parce qu'avoir ma classe à moi est vraiment plaisant. Non pas que j'ai été particulièrement bridée par les collègues dont j'ai partagé les classes jusque là, bien au contraire, j'ai toujours eu plutôt de la chance de ce côté-là. Mais ça n'empêche que faire ce que je veux, sans le regard de la personne à laquelle j'emprunte la classe, en ayant toute une semaine EN ENTIER pour mener à bien mes projets, ne pas avoir à m'adapter à plusieurs classes et plusieurs collègues, ben quelque part, c'est reposant. Et comme je suis la seule instit', et que mon "ATSEM" fait avec moi sa première année (et parle modérément français, mais c'est une autre histoire), personne ne peut comparer ce que je fais avec ce que font les autres, même pas moi. La directrice m'avait dit qu'elle ne se mêlait pas de la pédagogie, et c'est vrai. Elle me soutient même quand les parents abusent un peu, ce qui dans une si petite école privée, n'était pas évident. Mine de rien, je m'épanouis dans mon travail, genre je chante tous les jours, et enseigner à des enfants essentiellement allophones est parfois un gros défi, mais c'est essentiellement super intéressant.

Pour le reste, ce qui est fascinant, c'est que finalement, je n'ai encore rien vu du Vietnam. En fait, je n'ai même pas encore ouvert mon Petit Futé. Parce que bêtement je sais que j'ai le temps de faire du tourisme intensif, et que je n'ai pas encore ressenti le besoin de rendre les choses plus intéressantes. Elles le sont déjà vachement, même avec les limites que je m'impose à cause de la langue et du transport. Parce qu'au bout d'un mois, il y a encore plein de choses qui, si elles font partie du quotidien, n'en restent pas moins étonnantes :

- le lever du soleil sur mon balcon à 5h30


- les charges improbables sur des véhicules qui le sont encore plus


- les boutiques qui vendent tout et n'importe quoi


- la faculté de faire rentrer une famille en entier sur un scooter


Et je ne vous ai même pas encore parlé de nourriture, du quartier de mon école qui n'est rien de tout ça, et de plein d'autres choses... Rien que le bête quotidien dans mon quartier. Je vis l'aventure que je voulais vivre, et je m'y fais plutôt bien, puisque pour l'instant, aucun mal du pays à signaler (et pour mon frangin, aucune tourista non plus, merci bien).

J'ai toujours l'intention d'apprendre la langue, parce que d'une part ça m'intéresse, et d'autre part je pense que ça donnerait une autre dimension à mon séjour ici. Mais pour l'instant, c'est un peu compliqué, parce que les cours sont dans le quartier 1, et que si je gère à mort le bus, ils ne circulent pas assez tard pour pouvoir aller aux cours du soir.

Ce qui nous amène à la question du transport, et après le dernier article, je vous sens frétillant d'impatience : où en suis-je question moto ? Alors en fait, cette semaine a été compliquée, parce que je suis tombée gravement malade. Un gros rhume, carrément. Vous noterez qu'en France ou au Vietnam, l'exposition aux microbes à l'école est parfaitement équivalente, et on en a un gros qui se promène depuis deux semaines, et qui a fini par me rattraper. Le lundi, je finis à 16h00, le temps de me trainer à la pharmacie en rentrant, il faisait déjà nuit, donc pas de moto. Mardi, j'étais à l'agonie, donc j'ai dormi. Hier, ça allait mieux, merci bien, mais il a plu toute la journée, littéralement. D'une, je n'avais pas spécialement envie de conduire sous la pluie, surtout avec la grave maladie précédemment évoquée, de deux, les rues étaient bien inondées à 14h00, j'aime les défis, mais il faut savoir rester raisonnable. Mais aujourd'hui, les astres étaient enfin alignés comme il faut, et j'ai ressorti la bête.

Alors ai-je encore été ridicule ? Bon, oui, ça a commencé comme ça. Parce que j'ai bien pris quelques renseignements entre temps, mais je n'ai pas réussi à la démarrer. Voilà. Donc le gardien, que je fais décidément beaucoup rire, est venu m'aider. Sauf que cette fois, j'étais prête, et j'avais sorti mon plus bel oeil de lynx, donc j'ai regardé ce qu'il a fait, fait plein de notes mentales, prête à retenter le coup à l'occasion. Mais bon, là, elle est prête à partir, alors allons-y.

Première bonne nouvelle, je ne repars pas de zéro, l'équilibre est parfaitement acquis, je prends les virages et les carrefours avec une élégance rarement constatée sur ce genre d'engin, tout va bien. Il faut savoir que j'ai appris cette semaine qu'en fait, j'ai des vitesses sur ma moto, et qu'il faudrait voir à les passer. On m'a expliqué comment faire, je m'apprête donc à faire une cascade, et à passer la seconde. Je lâche la poignée d'accélération, j'appuie sur la pédale qui va bien, clac, j'accélère : réussite totale. Tiens, intéressant, c'est vachement plus confortable en seconde, moins de puissance et moins de bruit. Tiens, intéressant, comme avec Titine en fait. J'arrive donc à conduire, à passer les vitesses, il est temps de voir si j'arrive à démarrer. Je m'arrête, coupe tout, et reprend à zéro. Je suis au point mort, ce qui est important figurez-vous. Je kicke, rien. Je me remémore alors ce qu'a fait le gardien, et pour voir, je mets les gaz en même temps que je kicke. Miracle, hosanna, je démarre. Alors oui, je fais hurler le moteur, excès de zèle, mais je démarre. Toute seule comme une grande. Si vous avez fait une mini ola chez vous, je vous rassure, c'est une réaction normale.

Conclusion, je sais conduire une petite moto. Conclusion de la conclusion : c'est pas très compliqué. Prochaine étape, une rue avec plus de circulation. Ensuite ?

Conquérir le monde.
Ou peut-être juste le Vietnam. Ou commencer par Hô Chi Minh Ville. Enfin conquérir quoi.

dimanche 18 septembre 2011

Born to be wild

Pour bien saisir toute l'essence de cet article, je vous invite à lancer la vidéo suivante pour le lire :


Vous l'aurez compris, j'ai acheté une moto. Alors comme ça, ça ressemble à une blague. Moi-même en l'écrivant, j'ai l'impression de raconter la meilleure de l'année. Et de loin. Pourtant, ce n'en est pas une, de blague.

Comme vous êtes tous des lecteurs assidus de ce blog, et vous avez bien raison, vous savez que je n'étais jamais montée sur un deux roues qui ne soit pas un vélo avant d'arriver ici. Et encore, la dernière fois que je suis montée sur un vélo, c'était il y a trois ans, et ça avait été sacrément douloureux. Je n'insulterai pas votre intelligence en ajoutant que la corollaire, c'est que je n'ai jamais conduit de moto. C'est évident, puisqu'on ne peut pas en conduire une sans monter dessus, CQFD. Par contre, ce que je peux dire, c'est que je n'ai jamais eu aucune attirance pour le sujet. Rien. Si on m'avait dit qu'un jour je conduirai ça, j'aurais bien rigolé. Ha ha.

J'avais donc repéré en passant devant en bus une petite boutique qui vend des motos d'occasion pas trop loin de chez moi. Vous noterez que par là-même, j'avoue savoir lire en vietnamien "moto", "vendre" et "occasion". Je suis presque bilingue, c'est merveilleux. Le "occasion" est important, parce qu'ici, les étrangers n'ont pas le droit d'acheter une moto neuve. Bon, techniquement, je crois qu'on n'a pas le droit d'en avoir une. Mais en achetant d'occasion, on récupère les papiers de l'ancien propriétaire, et tant que la moto est immatriculée, le reste n'est pas très grave.


En fin d'après-midi, je me rends donc dans la petite boutique, avec un peu plus de 5 millions dans la poche, soit grosso modo ce que j'avais prévu de dépenser. Mine de rien, je n'avais pas le pas léger en m'y rendant. Parce que la boutique est sur la rue très passante de mon quartier, et bien que pas très loin, assez quand même pour mourir quatre ou cinq fois en ramenant la moto. Mais bon, quand j'ai une idée dans la tête, je ne l'ai pas ailleurs, ne serait-ce que parce qu'avoir une idée ailleurs que dans la tête, c'est contre-productif. J'avais décidé que samedi 17 septembre, j'achetais une moto, si j'avais commencé à faire la liste de toutes les raisons de ne pas le faire, je ne me serais jamais lancée.

Comme je n'y connais absolument rien, j'ai choisi en fonction du prix et du physique. Alors oui, je sais, c'est la beauté intérieure qui compte, mais comme je connais encore moins de choses sur la beauté intérieure d'une moto que sur sa beauté extérieure, ça réduisait vachement mes critères de choix. Je me suis donc décidée pour une petite moto rouge, qui a l'air d'être dans un état correct, et qui coûtait 5 500 000 dongs, soit pile mon budget. Alors est-ce que je me suis fait avoir, est-ce que j'ai eu un tarif occidental, j'en sais rien, mais si c'est le cas, ça ne doit pas être de beaucoup. Donc tout va bien.

La bête.

En faisant les papiers, je m'aperçois que j'ai oublié mon passeport. Ce que tout psychanalyste qui se respecte appellerait un acte manqué. Parce que je m'étais bien dit qu'il fallait que je le prenne, et non. Ce qui s'est avéré être très malin, puisque du coup, je me suis fait ramené chez moi, passagère sur ma moto, pour finir les papiers sur place avec mon passeport. Ce qui me permet d'être assez vivante pour raconter ma vie aujourd'hui.

Le temps de finaliser tout ça, il était bien 17h30, la nuit tombe tôt, j'avais déjà eu bien assez d'émotions pour un seul jour, et comme il faut toujours remettre à demain ce qu'on peut faire aujourd'hui, j'ai gentiment posé la bécane au garage, avant qu'elle et moi ne fassions nos grands débuts ensemble.

Il se peut que la première vidéo soit finie, si c'est le cas, voici de quoi continuer à vous distraire en me lisant :


Alors oui, ma moto à moi ressemble plus à un gros vélo qu'à une Harley, j'ai définitivement besoin de quelqu'un dessus, et je tiens beaucoup plus à ma vie qu'à mon terrible engin. Mais vous avez l'idée générale.

Donc aujourd'hui, armée de mon plus beau casque rose, je me lance, c'est parti, on y va. Je rassure le lecteur qui pourrait croire que j'ai des fantasmes morbides : pas du tout. Il faut savoir qu'une fois sorti de la grosse rue très passante, je suis plutôt dans un quartier résidentiel, avec des routes larges et en bon état, sans trop de circulation, parfaites donc pour s'entrainer.


Je sors la bête du garage et je monte dessus. Jusque là, j'ai tout bon. Maintenant, faut la démarrer. Je mets le contact, ça, c'est bon. J'ai un truc pour kicker, j'ai déjà vu ça à la télé, je kicke, rien. J'essaie encore, toujours rien. Bon. Le gardien de mon immeuble arrive alors à ma rescousse, je pense qu'il a tout de suite compris que je n'avais jamais fait ça de ma vie. Visiblement, il y a une histoire de contact, kick, starter et embrayage. J'ai pas du tout compris ce qu'il a fait, mais la bête a démarré.

C'est parti, wouhou, born to be wild, je fais de la moto, c'est la folie. Mais est-ce bien normal que, bien qu'ayant la ferme intention d'aller tout droit, ma moto aille systématiquement se jeter sur le trottoir ? Quelque chose me dit que non. Est-ce dû au fait que je suis cramponnée au guidon comme je l'étais au volant lors de mes premières leçons de conduite ? Peut-être. Ou alors c'est parce que mon équilibre est super instable. L'un dans l'autre, je fais 20 mètres, je m'arrête, me remets droit, et recommence.

Je fais quelques allers-retours comme ça, pour le plus grand plaisir des quelques vietnamiens qui sont complètement au spectacle. Et au final, je commence à prendre le coup, je roule à peu près droit, et j'arrive à faire 100 mètres sans poser le pied par terre de panique.

Pleine de courage et de confiance, je décide de tenter de prendre un virage pour changer de rue. Et ça marche, sans poser le pied par terre ni rien, je peux tourner, je peux freiner, et je peux à peu près accélérer. A peu près, parce que ça fait plein d'à-coups, et surtout, ça fait très peur, donc je décélère tout de suite. Mais au final, je fais le tour du pâté de maison en roulant droit, en prenant des virages, et tout ça sans m'arrêter ni poser le pied par terre. Et je n'ai jamais calé, ce qui me fait penser que c'est parce que c'est impossible. Alors oui, je roule tout doucement, et je pense que n'importe quel vélo pourrait me dépasser, mais je roule, c'est bien là l'essentiel.

Histoire de voir si en fait, j'ai toujours été une motarde née qui avait raté sa vocation jusque là, je décide de m'arrêter pour retenter le coup du démarrage. Oui bon. Là, c'est un monsieur qui passait par là qui est venu spontanément à mon secours, et j'ai toujours pas compris ce qu'il fallait faire. D'ailleurs, si quelqu'un qui s'y connait un peu veut bien m'expliquer ce que je suis censée faire et dans quel ordre, ce serait bien aimable.

Quoi qu'il en soit, au bout d'une grosse demi-heure de conduite, je n'ai à déplorer qu'une énorme bosse sur le tibia droit, pas de chute ni de grosse frayeur. Alors oui, je me suis pris une grosse suée, et le fait qu'il fasse plus de 30 degrés n'explique pas tout. Mais le plus important, c'est que c'était ma première fois à moto et que je ne m'en suis pas si mal sortie. Et je rassure mon lectorat, et par là je veux dire ma mère : je n'ai pas l'intention de me lancer dans la vraie circulation avant d'être parfaitement à l'aise. Il n'y a pas d'urgence, le bus me convient très bien pour l'instant. Si je vis l'expérience de l'ado de 15 ans de base, j'en ai 10 de plus, donc je suis prudente, si ce n'est trouillarde.

Même s'il est évident que je vais très vite aller me faire tatouer une femme nue sur le bras. Born to be wild, totalement.

lundi 12 septembre 2011

Joyeuse fête du trung thu !

Aujourd'hui, c'est encore la fête. Parce que pauvre de vous, vous ne l'avez pas remarqué, mais nous sommes le quinzième jour du huitième mois lunaire. Si vous faisiez un peu attention, vous le sauriez. Moi-même, je le sais évidemment depuis bien plus de 10 jours. Aujourd'hui est donc la fête de la mi-automne, où, pour faire court, on fête la lune.

Pour ceux qui veulent la version longue, je vous fais un copier-coller de ce que mon école m'a fait parvenir il y a 10 jours donc :

A l’origine, la mi-automne ou Trung thu, en vietnamien, était une fête agricole et astrologique. Elle est célébrée depuis longtemps, dans plusieurs pays rizicoles d’Asie comme la Chine, la Corée du Sud, le Japon et le Vietnam.
Selon les Vietnamiens anciens, l’automne est la saison où prédomine le principe femelle de la lune, par opposition au printemps où c’est le soleil, principe mâle, qui domine. Pendant cette saison, le ciel est clair et l’air est pur. Les paysans, conformément à leurs croyances, examinent alors la lune pour savoir si la moisson sera bonne ou non :
·    une lune brillante indique une bonne récolte.
·    Si son éclat est jaune, les vers donneront beaucoup de soie ; la paix et le bonheur profiteront à tous.
·    Si l’éclat de la lune est vert, c’est alors un signe de famine.
·    Mais si des trainées noires dissimulent en partie la lune, alors c’est une annonce de guerre.
De nos jours, la Fête de la mi-automne est devenue essentiellement la fête des enfants, mais les adultes participent aussi aux festivités. A l’approche de la fête, toute la famille prépare des gateaux et des jouets. Les femmes montrent leur savoir-faire en préparant des Banh deo (pain de riz gluant farcis en forme de disque lunaire) et des Banh nuong (gâteaux cuits au four diversement farcis). Les filles sculptent des animaux à partir de fruits comme les caramboles, les pamplemousses, les kakis, les bananes... Les hommes fabriquent des jouets ingénieux comme des Den keo quan (lanterne aux ombres chinois), des Den ong sao (lanterne en forme d’étoile), et des masques en formes d’animaux.
Le 15e soir du huitième mois lunaire (soit, pour cette année, le 12 septembre 2011), les enfants masqués portant des lanternes et des jouets font le tour du Mam co trung thu (table des victuailles), placé au milieu de la cours de la maison. Ils chantent et font une parade de lanternes et participent aux danses à la licorne aux sons des tambourins. Les adultes, eux, mangent des gâteaux Banh trung thu en buvant du thé.
Dans les grandes villes du Vietnam, le Trung thu est l’occasion pour organiser des foires de jouets, des spectacles artistiques pour les enfants et des activités de charité en faveur des enfants des familles en difficulté.

Pas de bol, on a un temps plutôt pourri depuis quelques jours, donc je ne pourrai pas bien vous dire comment est la lune ce soir.

La découverte de cette fête à la pré-rentrée a eu deux conséquences. La première est que j'avais une semaine pour faire des lampions avec les enfants et apprendre la chanson emblème de la fête. En vietnamien évidemment. J'ai interprété la seconde partie comme une blague. Pour info, voici la chanson que j'aurais bien sûr pu maîtriser en une semaine si j'avais essayé :


La mission lampion a par contre été brillamment réussie. Bon, la bougie n'est pas incluse, mais en même temps, une flamme dans un truc en papier fait par moi, il me semble que ne pas le prévoir relevait de la sûreté publique.


C'est censé dire "fête" en chinois. Mais si j'écris aussi bien le chinois que je prononce le vietnamien, ça peut-être à peu près n'importe quoi.

La seconde conséquence liée à la découverte de cette fête est que j'ai enfin su ce que c'était que ces trucs-là :


Ces stands rouge et jaune que je voyais partout depuis mon arrivée sont en fait exclusivement destinés à la vente de gâteaux de lune, qu'on mange aujourd'hui. Un gâteau de lune, qu'est-ce que c'est ? Généralement, c'est rond, avec des symboles que je ne comprends pas dessus. Pour ce qu'il y a dedans, c'est très varié. J'ai envie de dire que tout est permis.

Par exemple, mon premier m'a été donné par une vietnamienne qui quittait la résidence et cherchait à vider son frigo, "comme ça tu pourras essayer". Moi j'étais plutôt contente, j'aime bien essayer des choses. En plus, c'est plutôt appétissant :



Sauf que si j'avais fait un peu plus confiance à ce que je sais de vietnamien, et que donc j'avais fait attention à l'emballage, j'aurais vu que celui-ci était au durian. Ce fruit a été un gros traumatisme alimentaire, dont je reparlerai plus tard, et je ne peux pas. Echec.

Donc quand on a marqué le coup à l'école avec un nouveau gâteau de lune, j'étais modérément enthousiaste.


Mais la directrice l'avait joué safe, soja et oeuf, et c'était très bon. Réconciliée avec le concept de fête de la mi-automne, j'ai accepté de participer aux festivités. On a donc écouté la chanson, à défaut de la chanter, paradé dans la cour avec nos beaux lampions, et notre bébé-dragon nous a fait sa plus belle danse de la licorne.


Bébé dragon qui est maintenant rangé, en attendant l'autre têt, le gros, celui qui fait mal, et qui nous donne une semaine de vacances. Moi, tant qu'on arrête de me mettre sournoisement du durian dans ma nourriture, je suis partante.

vendredi 9 septembre 2011

Mystère à Saïgon

Alors en fait non, c'est pas à Saïgon. Saïgon, ça se dit toujours, mais ça correspond grosso modo au quartier 1, le centre-ville quoi. Et s'il y a bien mystère, c'est à Hô Chi Minh Ville. Mais "Mystère à Saïgon", ça me donne l'impression d'être la fille de Marguerite Duras et Agatha Christie, alors que "Mystère à Hô Chi Minh Ville", ça fait roman de gare communiste, et ça ne va pas du tout.

Reprenons les faits. Hier, en sortant du boulot, je suis allée faire des courses à mon Lotte Mart d'amour. De quoi me sustenter, mais aussi une poubelle. Parce que bon, le sac plastique, c'est bien, mais c'est pas hygiénique. Je mets donc mes courses dans mon très joli sac violet avec une petite souris que je porte sur ma frêle épaule droite, et porte ma poubelle dans son sac plastique avec mes fiers bras.

Exhibit A : mon très joli sac qui dit quelque chose qui j'espère n'est pas grossier.
 
Sur le retour, je me dis qu'il va me falloir des cigarettes pour le lendemain, donc je m'arrête à mon tabac-du-coin-entre-autres. Ca, je suis sûre que je l'ai fait, parce que la dame m'a reconnu et m'a donné les mêmes deux paquets que dimanche dernier sans que j'ai besoin de demander, ce qui m'a fait plaisir parce que ça m'a évité l'humiliation accompagnant chaque mot que je prononce pas comme il faut en vietnamien.
Exhibit B : un paquet de Marlboro Gold, à multiplier par deux.
 
Je fais donc mes petits 200 mètres avant d'arriver chez moi, où je vaque à mes occupations, sans que moi ou aucun de mes sacs ne s'éloigne de ma chambre de plus de 1,5 mètre de la soirée.
Ce matin, je me suis réveillée spontanément juste avant que mon réveil ne sonne. Ce qui était tellement surprenant que j'étais pleine d'énergie, et sur le départ carrément en avance. J'avais fait mon sac - le joli violet - la veille, car je ne me fais pas confiance avant 10h du matin. J'ajoute mon ordinateur, et un pied dehors, vérifie que j'ai bien un paquet de cigarettes flambant neuf de la veille dans mon sac. Tiens, non.

Bon, je n'ai aucun souvenir de les avoir sorti de mon sac, mais pourquoi pas, je ne peux pas non plus me souvenir de tout. Je regarde dans le tiroir dans lequel je range d'habitude mes paquets. Rien. Je regarde dans mes autres tiroirs. Rien. Je commence à perdre patience, je ressors les sacs plastique de la veille, celui de la poubelle, la poubelle elle-même. Toujours rien. Là, je n'ai plus une once de bonne humeur, je suis maintenant en retard, et je ne vois absolument pas où l'objet du crime peut bien être. Je vide mon sac violet, retourne toutes ses poches, fait le tour de ma chambre, salle de bain comprise, sait-on jamais : RIEN.

Je rate mon bus, arrive à l'école ric-rac, travaille dans un quartier où les seuls commerces sont des agences immobilières, des restaurants ou des salons de beauté, ce qui m'oblige à tourner une demi-heure à l'heure la plus chaude avant de finir par trouver ce que je cherche. Pendant ce temps, je fais ce que tout un chacun fait quand il perd quelque chose :  on reprend depuis le début. Donc j'ai bien acheté ces deux paquets, ça j'en suis certaine. Mais après... Je n'arrive même pas à me souvenir d'où j'ai mis mes paquets après avoir payé : les ai-je gardé à la main ? les ai-je mis avec la poubelle ? les ai-je mis dans mon sac violet ? les ai-je violemment jeté dans le caniveau ? Aucune idée. Ce qui m'empêche carrément de reprendre depuis le début.

Bien sûr, je rationnalise au cours de la journée. Je n'étais pas réveillée, en rentrant chez moi, mes cigarettes qui étaient parfaitement en évidence m'accueilleront chaleureusement, le monde retrouvera un peu de sens.

Sauf que non, les deux paquets de cigarettes ont bien disparu. Alors ce n'est pas la perte financière qui m'ennuie, deux paquets de Marlboro coûte ici 40 000 dongs.

Exhibit C : 40 000 dongs, soit environ 1,30 euro
 
Ne me haïssez pas amis fumeurs, je n'y suis pour rien si ma vie est plus belle que la vôtre.
Face à cette disparition, j'en suis réduite à trois hypothèses :

1) j'ai réussi à perdre deux paquets de cigarettes en marchant deux cents mètres dans la rue
2) j'ai réussi à perdre deux paquets de cigarettes dans une chambre de 20 m2, parfaitement rangée, je vous vois venir
3) Dieu existe et ne veut pas que je fume. Ce qui expliquerait aussi pourquoi mon briquet n'a plus voulu fonctionner après que j'ai fini par acheter un paquet.

Par ailleurs, j'ai fini les Quatre filles du docteur March, et je ne comprends pas du tout comment et pourquoi Jo et Laurie ne finissent pas par se marier. Ca n'a aucun sens et c'est trop dommage. Ce qui nous fait carrément deux mystères à Saïgon. Je ne sais plus où donner de la tête.

A tous les producteurs américains qui souhaiteraient faire un film de cette étrange affaire, je rappelle qu'il convient de me contacter avant : j'ai tous les droits sur ma palpitante vie.

mardi 6 septembre 2011

Rentrée des classes

Bah oui, c'est pas tout de rigoler, mais à la base, je suis quand même là pour travailler. Et à l'instar des collègues (et enfants) français, j'ai fait ma rentrée hier.

Petit topo sur ce que je fais de mes journées. J'ai une classe de petite et moyenne sections de maternelle, avec un effectif total de 10 élèves, ce qui est beaucoup, j'en conviens. Je travaille le matin, de 7h30 à grosso modo 13h, puisque je surveille aussi la cantine. En fait, je finis quand tout le monde a fini de manger, et évidemment, j'ai une gamine qui a décidé qu'elle mettrait une heure, littéralement, pour manger. Tout ça du lundi au vendredi, avec en plus une heure de périscolaire le lundi après-midi et une autre le vendredi après-midi.

En théorie, ceux qui me connaissent ont dû marquer un arrêt sur le 7h30. Parce que c'est très tôt, et qu'il est universellement reconnu que je ne suis pas du matin, mais alors pas du tout, et que je regrette ce temps béni où je commençais à 12h30 à Bouygues. En fait, c'est même pire, puisque je vais à l'école en bus. Bus qui vient du centre-ville, où il y a un peu de circulation le matin. Donc je prends un GRAND delta pour être sûre de ne pas arriver en retard. Départ de chez moi à 6h30, debout à 5h45.

Je pourrais être au bord du suicide. C'est une éventualité que l'on est forcément obligé de considérer. Mais en fait non, je gère. En fait, je suis très aidée par le soleil. Non pas que j'ai décidé de vénérer le dieu Ra. Non non non. Mais ici, le soleil se lève très tôt. Avant moi même, c'est dire. Quand je pars à 6h30, le soleil est déjà bien haut. Du coup, c'est presque naturel d'être debout aussi tôt. Et je gère. Sans que personne ne m'envoie une médaille du mérite, ce qui est décevant.

Sinon, ma classe est très chouette. Voyez par vous même :




Et elle est climatisée, ce qui est encore plus chouette.

Sinon, instit' ici ou ailleurs, c'est à peu près la même chose. J'ai réussi à avoir mon quota de polissons. Sur 10, c'était pas forcément gagné, mais j'ai. Ainsi, nous avons eu aujourd'hui "je m'enferme à clé dans la salle de gym" et "je fais pipi dans la douche plutôt que dans les toilettes". Les enfants sont merveilleux aurait dit Jacques Martin. Par contre, on fait beaucoup plus de pauses verre d'eau, bien quatre fois dans la matinée. Parce que clim' ou pas, la maîtresse colle, mais les enfants aussi. Ce qui fait qu'ils galèrent franchement à se rhabiller à la sortie des toilettes. On travaillera sur l'autonomie plus tard.

Pour finir, et ça n'a strictement rien à voir, mais j'ai appris aujourd'hui que mon plus vieux petit frère signe un CDI, et je suis super contente pour lui, voire même très fière.

Mais aussi, je me sens vieille et ridée. Si les petits frères et soeurs se mettent à entrer dans la vie active, où va le monde ?

dimanche 4 septembre 2011

Mon chez moi

Il parait que maintenant, je travaille sur commande. Donc comme ça m'a été demandé, présentation de l'endroit où je vis.

Hô Chi Minh Ville, quartier 7, ça, je l'ai déjà dit. Pour être plus précise, j'habite dans une guest-house, qui est un peu faite pour les dynamiques expatriés comme moi. On loue la chambre au mois, chambre très confortable pour l'occidental en goguette.

Mon bâtiment. Au 3e étage, fenêtres de droite, c'est chez moi.
Ma chambre est très très chouette, un (grand) lit, un bureau, une armoire et un petit réfrigérateur bien pratique pour garder ses boissons au frais.


Avec bien évidemment une salle de bain des plus correctes, puisque j'ai même une baignoire.


Exactement en face de ma chambre se trouve la belle machine à laver, et après un an de lessives à la main, c'est très appréciable.


Sous mes fenêtres se trouve mon balcon. Bon, techniquement, ce n'est pas MON balcon. Mais comme il est sous MES fenêtres, et que je suis la seule à y aller, je me l'attribue, c'est plus simple.


Et juste au-dessus de ma chambre, une chouette terrasse pour bronzer quand il fera beau et un peu moins chaud. En novembre par exemple.


Avec tout ça, de petits plus, comme la clim', le ménage fait une fois par semaine et la télé. Alors évidemment non, je ne regarde pas les chaines vietnamiennes, problème de langue, tout ça. Et j'ai bien TV5, mais bon, c'est TV5. Par contre, on a certaines chaines américaines, qui passent PLEIN de films. Ce qui est très chouette.

Coup de bol, il se trouve que le bus qui passe à côté de l'école passe aussi à côté de chez moi, ce qui fait que je suis parfaitement autonome pour aller travailler, ce qui est agréable. Et encore plus coup de bol, il se trouve que je suis à cinq minutes à pied de ça :


Le Lotte Mart, un grand centre commercial. Ce qui est bien pratique pour faire ses courses sans avoir à trop communiquer. Mais pas seulement. Il y a aussi un cinéma, avec films américains en VO. Mais surtout une grande librairie avec des livres en anglais. J'en aurais pleuré de joie. Parce que j'ai bien emmené quelques kilos de livres, mais rien que pour l'école. Et un an sans rien lire, c'est très long. Du coup hop, j'ai presque fini les Quatre filles du docteur March, et j'enchaine après avec les Hauts de Hurlevent. Parce que j'aime bien la chanson.


Je suis donc très bien installée et très bien dans mon quartier.

Et aujourd'hui, petite victoire, je suis allée m'acheter des cigarettes au tabac du coin.

Tabac, entre autres, du coin.

En vietnamien, et en me faisant comprendre. Baby steps. Joie.

vendredi 2 septembre 2011

Joyeuse fête de l'indépendance !

Une fois n'est pas coutume, je vais raconter des choses un peu intéressantes. Si si, tout arrive.

En effet, aujourd'hui deux septembre est la fête de l'indépendance. Rien de bien compliqué me direz-vous, c'est la date anniversaire du jour de l'indépendance du Vietnam, organisons un bal avec des pompiers pour fêter ça. Sauf que non, ce n'est pas si simple. D'abord parce que l'histoire du Vietnam n'est pas si simple. Et aussi parce qu'on est chez les communistes, et qu'ils aiment bien les symboles.


Tout a commencé avec la colonisation française. Enfin tout, non, mais si je vous fais l'histoire du Vietnam à travers les âges, on va pas s'en sortir. La colonisation donc. Alors non, je n'ai pas oublié que le gouvernement français veut qu'on parle de tout ce que la colonisation a eu de positif, quelle période merveilleuse, je ne comprends pas pourquoi les vietnamiens ne lancent pas des pétales de fleurs sous mes pas alors qu'on leur a quand même apporté la civilisation, quelle ingratitude. Ceci étant dit, pour des raisons qui m'échappent donc totalement, les vietnamiens ont commencé à en avoir assez de la présence française, et certains mouvements indépendantistes ont vu le jour, dont le parti communiste indochinois (PCI) créé par Hô Chi Minh, qui n'était pas forcément le plus puissant à ce moment.

Puis a éclaté la Seconde Guerre Mondiale. Même si c'est douloureux, il faut rappeler que la France était quand même modérément du côté des Alliés, et au niveau de l'Etat, pas du tout. Donc quand les japonais ont envahi le Vietnam, on a plus ou moins laissé faire. Sauf que les japonais en plus des français, ça commençait à faire beaucoup. Il y a donc eu des combats contre l'envahisseur japonais, menés notamment par le PCI et Hô Chi Minh. Combats plus ou moins officieusement soutenus par les américains, qui ont quand même la fâcheuse habitude de fournir des armes qui finissent par se retourner contre eux.

Les choses s'accélèrent en 1945, quand, sentant le vent tourner, les japonais commencent à considérer la présence française dans le coin comme un potentiel danger. La nuit du 9 au 10 mars, ils décident donc de régler le problème. Paf, au petit matin du 10, plus de français. L'empereur Bao Daï, soutenu par les japonais, déclare alors l'indépendance de l'Empire du Vietnam. Ce qui ne convient pas franchement aux communistes vietnamiens, qui toujours avec l'aide des Etats-Unis, continuent à combattre. Le 13 août, Hô Chi Minh déclare la mobilisation générale contre les japonais, avant que les français ne reviennent, et en deux jours, le Japon capitule. En même temps, ils viennent de recevoir deux bombes atomiques, on peut comprendre qu'ils n'aient plus très envie.

Bien que restant militairement dans le pays, ils laissent les communistes doucement prendre la main, cadeau à destination des français. Le 2 septembre 1945 à Hanoï, Hô Chi Minh déclare l'indépendance de la République démocratique du Vietnam. Ce que nous fêtons aujourd'hui. L'histoire ne s'arrête pas là, puisque toute déclaration mise de côté, le Vietnam n'est ni indépendant ni communiste, et s'apprête à enchainer guerre d'Indochine et guerre du Vietnam. Mais nous y reviendrons quand on fêtera la réunification en avril.

Pour fêter ça, il doit bien y avoir une cérémonie ou quelque chose comme ça, j'en sais rien. Ce que je sais, c'est qu'aujourd'hui c'est férié, et qu'il y a des drapeaux vietnamiens partout.


J'ai d'ailleurs remarqué à cette occasion qu'il y a devant toutes les boutiques un petit trou dans le trottoir pour planter son drapeau.


Je ne crois qu'il y ait d'obligation officielle au sujet du drapeau. Par contre, j'ai appris que si vous ne le faites pas, les gens du comité populaire du quartier peuvent très bien venir sonner à votre porte pour vous demander pourquoi si peu de patriotisme, ce qui pourrait vite dévier sur avez-vous un problème avec le régime. Question qu'il vaut quand même mieux éviter. Donc particulier ou professionnel, on met son drapeau à la fenêtre.


Le bâtiment du comité populaire de mon quartier, qui a bien mis son drapeau, ouf.
Il est d'ailleurs temps de faire un premier point communiste. Alors, c'est comment de vivre dans un pays communiste ? Ben je dirais que dans ma petite vie d'occidentale, ça ne change pas grand chose. On est quand même sur le registre de l'ouverture, économique en tout cas. La Guerre Froide est bien finie, et je ne crois pas que l'Occident et son capitalisme soient considérés comme le malin. Après, Facebook est bloqué, ce qui pourrait être un vrai drame si ce n'était pas contournable très facilement. Facebook me propose d'ailleurs des pubs en vietnamien, ce qui me fait un peu rire sous cape.

Pour ce qui est de la liberté d'expression, c'est une autre histoire. Il n'y a qu'un parti, et j'ai cru comprendre qu'il ne faisait pas bon y être ouvertement opposé. Pour la presse, je ne comprends rien, donc je ne pourrais pas vous dire ce qu'il en est. A la limite, pour moi, le seul signe visible de l'orientation politique du pays sont ces panneaux de propagande, affichés ici et là. Non pas que je les comprenne plus que les journaux locaux, mais la façon dont ils sont faits crie "le communisme vaincra" tellement fort que j'arrive assez bien à les différencier des pubs plus capitalistes.


Là, si j'ai bien compris, ça dit qu'en n'étant que deux, un homme et une femme sont déjà bien bien suffisants. Je pense que le sous-titre est : "faites des enfants, et élevez-les comme il faut". Je pense. Et je trouve que l'iconographie communiste n'a pas tellement changé depuis l'URSS. Un petit coup d'adaptation locale, et hop, Staline est revenu. Le goulag en moins, il fait bien trop chaud ici.