jeudi 22 septembre 2011

Un mois... déjà !

J'annonce : voici un article absolument passionnant, tout en introspection et réflexions philosophiques.

Nous y voilà, nous y sommes, voilà un mois que je vis au Vietnam. Est-ce l'heure d'un premier bébé bilan ? Oui, complètement. Parce que la vraie question est : ai-je des regrets ? Est-ce que je pense au poste de remplaçante à Oyonnax qui me tendait les bras avec un pincement au coeur ? Si vous avez relevé le sarcasme, c'est que vous connaissez Oyonnax (la ville, pas le cheval), et je suis admirative. Et surtout, si vous avez relevé le sarcasme, c'est que vous avez compris que non, je n'ai aucun regret. L'opportunité de venir travailler ici était une chance, rien d'autre, et je la savoure en tant que telle.

Rien que sur un plan professionnel, ma venue ici s'avère être assez libératrice. Ne serait-ce que parce qu'avoir ma classe à moi est vraiment plaisant. Non pas que j'ai été particulièrement bridée par les collègues dont j'ai partagé les classes jusque là, bien au contraire, j'ai toujours eu plutôt de la chance de ce côté-là. Mais ça n'empêche que faire ce que je veux, sans le regard de la personne à laquelle j'emprunte la classe, en ayant toute une semaine EN ENTIER pour mener à bien mes projets, ne pas avoir à m'adapter à plusieurs classes et plusieurs collègues, ben quelque part, c'est reposant. Et comme je suis la seule instit', et que mon "ATSEM" fait avec moi sa première année (et parle modérément français, mais c'est une autre histoire), personne ne peut comparer ce que je fais avec ce que font les autres, même pas moi. La directrice m'avait dit qu'elle ne se mêlait pas de la pédagogie, et c'est vrai. Elle me soutient même quand les parents abusent un peu, ce qui dans une si petite école privée, n'était pas évident. Mine de rien, je m'épanouis dans mon travail, genre je chante tous les jours, et enseigner à des enfants essentiellement allophones est parfois un gros défi, mais c'est essentiellement super intéressant.

Pour le reste, ce qui est fascinant, c'est que finalement, je n'ai encore rien vu du Vietnam. En fait, je n'ai même pas encore ouvert mon Petit Futé. Parce que bêtement je sais que j'ai le temps de faire du tourisme intensif, et que je n'ai pas encore ressenti le besoin de rendre les choses plus intéressantes. Elles le sont déjà vachement, même avec les limites que je m'impose à cause de la langue et du transport. Parce qu'au bout d'un mois, il y a encore plein de choses qui, si elles font partie du quotidien, n'en restent pas moins étonnantes :

- le lever du soleil sur mon balcon à 5h30


- les charges improbables sur des véhicules qui le sont encore plus


- les boutiques qui vendent tout et n'importe quoi


- la faculté de faire rentrer une famille en entier sur un scooter


Et je ne vous ai même pas encore parlé de nourriture, du quartier de mon école qui n'est rien de tout ça, et de plein d'autres choses... Rien que le bête quotidien dans mon quartier. Je vis l'aventure que je voulais vivre, et je m'y fais plutôt bien, puisque pour l'instant, aucun mal du pays à signaler (et pour mon frangin, aucune tourista non plus, merci bien).

J'ai toujours l'intention d'apprendre la langue, parce que d'une part ça m'intéresse, et d'autre part je pense que ça donnerait une autre dimension à mon séjour ici. Mais pour l'instant, c'est un peu compliqué, parce que les cours sont dans le quartier 1, et que si je gère à mort le bus, ils ne circulent pas assez tard pour pouvoir aller aux cours du soir.

Ce qui nous amène à la question du transport, et après le dernier article, je vous sens frétillant d'impatience : où en suis-je question moto ? Alors en fait, cette semaine a été compliquée, parce que je suis tombée gravement malade. Un gros rhume, carrément. Vous noterez qu'en France ou au Vietnam, l'exposition aux microbes à l'école est parfaitement équivalente, et on en a un gros qui se promène depuis deux semaines, et qui a fini par me rattraper. Le lundi, je finis à 16h00, le temps de me trainer à la pharmacie en rentrant, il faisait déjà nuit, donc pas de moto. Mardi, j'étais à l'agonie, donc j'ai dormi. Hier, ça allait mieux, merci bien, mais il a plu toute la journée, littéralement. D'une, je n'avais pas spécialement envie de conduire sous la pluie, surtout avec la grave maladie précédemment évoquée, de deux, les rues étaient bien inondées à 14h00, j'aime les défis, mais il faut savoir rester raisonnable. Mais aujourd'hui, les astres étaient enfin alignés comme il faut, et j'ai ressorti la bête.

Alors ai-je encore été ridicule ? Bon, oui, ça a commencé comme ça. Parce que j'ai bien pris quelques renseignements entre temps, mais je n'ai pas réussi à la démarrer. Voilà. Donc le gardien, que je fais décidément beaucoup rire, est venu m'aider. Sauf que cette fois, j'étais prête, et j'avais sorti mon plus bel oeil de lynx, donc j'ai regardé ce qu'il a fait, fait plein de notes mentales, prête à retenter le coup à l'occasion. Mais bon, là, elle est prête à partir, alors allons-y.

Première bonne nouvelle, je ne repars pas de zéro, l'équilibre est parfaitement acquis, je prends les virages et les carrefours avec une élégance rarement constatée sur ce genre d'engin, tout va bien. Il faut savoir que j'ai appris cette semaine qu'en fait, j'ai des vitesses sur ma moto, et qu'il faudrait voir à les passer. On m'a expliqué comment faire, je m'apprête donc à faire une cascade, et à passer la seconde. Je lâche la poignée d'accélération, j'appuie sur la pédale qui va bien, clac, j'accélère : réussite totale. Tiens, intéressant, c'est vachement plus confortable en seconde, moins de puissance et moins de bruit. Tiens, intéressant, comme avec Titine en fait. J'arrive donc à conduire, à passer les vitesses, il est temps de voir si j'arrive à démarrer. Je m'arrête, coupe tout, et reprend à zéro. Je suis au point mort, ce qui est important figurez-vous. Je kicke, rien. Je me remémore alors ce qu'a fait le gardien, et pour voir, je mets les gaz en même temps que je kicke. Miracle, hosanna, je démarre. Alors oui, je fais hurler le moteur, excès de zèle, mais je démarre. Toute seule comme une grande. Si vous avez fait une mini ola chez vous, je vous rassure, c'est une réaction normale.

Conclusion, je sais conduire une petite moto. Conclusion de la conclusion : c'est pas très compliqué. Prochaine étape, une rue avec plus de circulation. Ensuite ?

Conquérir le monde.
Ou peut-être juste le Vietnam. Ou commencer par Hô Chi Minh Ville. Enfin conquérir quoi.

1 commentaire:

  1. Je suis toujours épaté par ta capacité d'adaptation quelque soit la situation. A ce rythme dans 3 mois tu masteriseras la langue et porteras la robe traditionnel.
    Avec ce rhume, as tu pu gouter une petite glace au durian?

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