vendredi 9 septembre 2011

Mystère à Saïgon

Alors en fait non, c'est pas à Saïgon. Saïgon, ça se dit toujours, mais ça correspond grosso modo au quartier 1, le centre-ville quoi. Et s'il y a bien mystère, c'est à Hô Chi Minh Ville. Mais "Mystère à Saïgon", ça me donne l'impression d'être la fille de Marguerite Duras et Agatha Christie, alors que "Mystère à Hô Chi Minh Ville", ça fait roman de gare communiste, et ça ne va pas du tout.

Reprenons les faits. Hier, en sortant du boulot, je suis allée faire des courses à mon Lotte Mart d'amour. De quoi me sustenter, mais aussi une poubelle. Parce que bon, le sac plastique, c'est bien, mais c'est pas hygiénique. Je mets donc mes courses dans mon très joli sac violet avec une petite souris que je porte sur ma frêle épaule droite, et porte ma poubelle dans son sac plastique avec mes fiers bras.

Exhibit A : mon très joli sac qui dit quelque chose qui j'espère n'est pas grossier.
 
Sur le retour, je me dis qu'il va me falloir des cigarettes pour le lendemain, donc je m'arrête à mon tabac-du-coin-entre-autres. Ca, je suis sûre que je l'ai fait, parce que la dame m'a reconnu et m'a donné les mêmes deux paquets que dimanche dernier sans que j'ai besoin de demander, ce qui m'a fait plaisir parce que ça m'a évité l'humiliation accompagnant chaque mot que je prononce pas comme il faut en vietnamien.
Exhibit B : un paquet de Marlboro Gold, à multiplier par deux.
 
Je fais donc mes petits 200 mètres avant d'arriver chez moi, où je vaque à mes occupations, sans que moi ou aucun de mes sacs ne s'éloigne de ma chambre de plus de 1,5 mètre de la soirée.
Ce matin, je me suis réveillée spontanément juste avant que mon réveil ne sonne. Ce qui était tellement surprenant que j'étais pleine d'énergie, et sur le départ carrément en avance. J'avais fait mon sac - le joli violet - la veille, car je ne me fais pas confiance avant 10h du matin. J'ajoute mon ordinateur, et un pied dehors, vérifie que j'ai bien un paquet de cigarettes flambant neuf de la veille dans mon sac. Tiens, non.

Bon, je n'ai aucun souvenir de les avoir sorti de mon sac, mais pourquoi pas, je ne peux pas non plus me souvenir de tout. Je regarde dans le tiroir dans lequel je range d'habitude mes paquets. Rien. Je regarde dans mes autres tiroirs. Rien. Je commence à perdre patience, je ressors les sacs plastique de la veille, celui de la poubelle, la poubelle elle-même. Toujours rien. Là, je n'ai plus une once de bonne humeur, je suis maintenant en retard, et je ne vois absolument pas où l'objet du crime peut bien être. Je vide mon sac violet, retourne toutes ses poches, fait le tour de ma chambre, salle de bain comprise, sait-on jamais : RIEN.

Je rate mon bus, arrive à l'école ric-rac, travaille dans un quartier où les seuls commerces sont des agences immobilières, des restaurants ou des salons de beauté, ce qui m'oblige à tourner une demi-heure à l'heure la plus chaude avant de finir par trouver ce que je cherche. Pendant ce temps, je fais ce que tout un chacun fait quand il perd quelque chose :  on reprend depuis le début. Donc j'ai bien acheté ces deux paquets, ça j'en suis certaine. Mais après... Je n'arrive même pas à me souvenir d'où j'ai mis mes paquets après avoir payé : les ai-je gardé à la main ? les ai-je mis avec la poubelle ? les ai-je mis dans mon sac violet ? les ai-je violemment jeté dans le caniveau ? Aucune idée. Ce qui m'empêche carrément de reprendre depuis le début.

Bien sûr, je rationnalise au cours de la journée. Je n'étais pas réveillée, en rentrant chez moi, mes cigarettes qui étaient parfaitement en évidence m'accueilleront chaleureusement, le monde retrouvera un peu de sens.

Sauf que non, les deux paquets de cigarettes ont bien disparu. Alors ce n'est pas la perte financière qui m'ennuie, deux paquets de Marlboro coûte ici 40 000 dongs.

Exhibit C : 40 000 dongs, soit environ 1,30 euro
 
Ne me haïssez pas amis fumeurs, je n'y suis pour rien si ma vie est plus belle que la vôtre.
Face à cette disparition, j'en suis réduite à trois hypothèses :

1) j'ai réussi à perdre deux paquets de cigarettes en marchant deux cents mètres dans la rue
2) j'ai réussi à perdre deux paquets de cigarettes dans une chambre de 20 m2, parfaitement rangée, je vous vois venir
3) Dieu existe et ne veut pas que je fume. Ce qui expliquerait aussi pourquoi mon briquet n'a plus voulu fonctionner après que j'ai fini par acheter un paquet.

Par ailleurs, j'ai fini les Quatre filles du docteur March, et je ne comprends pas du tout comment et pourquoi Jo et Laurie ne finissent pas par se marier. Ca n'a aucun sens et c'est trop dommage. Ce qui nous fait carrément deux mystères à Saïgon. Je ne sais plus où donner de la tête.

A tous les producteurs américains qui souhaiteraient faire un film de cette étrange affaire, je rappelle qu'il convient de me contacter avant : j'ai tous les droits sur ma palpitante vie.

4 commentaires:

  1. Bon, perso j'ai bien ri en lisant cet épisode à suspense! Marguerite Duras et Agatha Christie ne te renieraient pas!

    As-tu songé tout simplement au (oui, j'ose!)... vol? Ce qui serait inquiétant car cela sous-entendrait qu'on peut gentiment entrer dans ta chambre pendant ton sommeil... par la fenêtre peut-être? Après tout, tes fenêtres donnent sur un balcon, je crois. C'est la rançon du luxe!..
    Sinon, je dirais que: 1. la morale de cette histoire c'est que fumer, c'est pas bon pour ta santé et que ton ange gardien (pardon à Dieu s'il existe!) veille sur ta longévité. 2. 20 m2, c'est grand finalement: on peut y perdre ses petites affaires... et 3. tes paquets t'attendent peut-être chez la gentille dame du tabac du coin?..

    Pour Jo et Laurie, y a rien à comprendre: Laurie a eu le béguin pour la petite soeur la plus chipie! C'est bien masculin, ça, que veux-tu! Les mecs préfèrent les emmerdeuses bien qu'ils s'en défendent toujours! Les gentilles, les bien polies et pire en l'occurrence, les intellos, c'est très ennuyeux pour eux! A méditer... Et puis Jo, elle est indépendante et féministe! Elle va donc finir ses jours avec un vieux qui lui fichera une paix royale et approuvera tout ce qu'elle dit!

    J'ai hâte de lire ce que tes joyeux amis vont dire de tout ça! On a le weekend pour cogiter...

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  2. Ah oui, j'oubliais:
    1. ton sac est trop mimi!!
    2. tu perçois un petit quelque chose pour la pub Marlboro?..
    3. On s'achète quoi avec 1 dong? Un mini-zan? Les pièces de monnaie existent où on ne compte qu'en gros billets là-bas? Ce qui est certain c'est qu'il n'est pas simple de convertir le dong en euros!

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  3. Ce qui est bien avec ton blog: j'ai appris que Wuthering Heights etait de Kate Bush et non de Pat Benatar, la fin des 4 filles du dr March et que le message "fumer peut provoquer un cancer des poumons" n'est pas une exclusivité occidentale.

    Quant à la disparition des clopes: la souris de ton sac qui se demande "où je pourrais partir maintenant" C'est limite un aveu de culpabilité, pour quitter le lieu de son larcin.

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  4. Alors un dong, ça n'existe pas. Tout est en billet, et grosso modo, on commence à payer des choses à 1000 dongs. Il y a bien quelques billets et pièces en-dessous, histoire de rendre la monnaie quand les prix ne sont pas ronds, mais c'est surtout pour rire.

    Mayo, je suis ravie de t'apprendre des choses aussi fondamentales. Ce qui est cool, c'est qu'en échange, tu m'apprends ce qui est marqué sur mes clopes (pas de surprise là) et sur mon sac. Et je pense que ta proposition est raisonnable : on ne peut pas faire confiance aux souris, même celles qui sont pour de faux.

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