Donc comme vous le savez, je prenais le bus pour aller travailler. Notez le temps passé. Notez donc que désormais, je vais très tranquillement travailler en moto. Notez que je ne le dis pas, mais je suis vachement fière de moi. BREF. Je prenais donc le bus, et comme les horaires et le trafic sont ce qu'ils sont, je partais très tôt pour être sûre d'être à l'heure. Ce qui, la majeure partie du temps, signifiait que j'arrivais très en avance à l'école. Au lieu de tourner en rond sur mon lieu de travail, ce qui est triste, je m'arrêtais donc au parc qui est à 30 secondes de l'école.
Parc
Différente vue du même parc
Oui, il y a pire comme cadre. Surtout que cette vue s'accompagne de son café noir et de sa cigarette. Oui, j'ai bien l'impression de ne parler que de ça. Le Ministère de la Santé m'oblige à vous rappeler que c'est pas bon pour la santé, vous mourrez d'une mort lente et douloureuse, et vous n'aurez pas de bébés avant ça.
Par contre, quand je dis café noir, vous pourriez penser expresso bien serré, et vous seriez tellement dans le faux que je dois vous expliquer. Un café noir, c'est ça :
C'est du café, du lait, et plein de glaçons, le tout dans un gobelet en plastique avec une paille, le tout dans le petit sachet en plastique qui va bien. Ca se trouve un peu partout, soit dans des postes de vente fixes sur le trottoir, soit dans les quartiers bourgeois comme celui de l'école, auprès de vendeurs ambulants. Repérez les motos avec une grosse caisse à l'arrière et plein de sacs plastique qui dépassent. Et comme café se dit café, même vous pouvez en demander un. Joyeux Noël. Malgré le lait et les quatre tonnes de glaçon, ça reste quand même très fort. Ce qui est probablement dû au fait que le Vietnam est un gros producteur de café, mais robusta, celui qui est moins cher et qui fait des trous dans l'estomac. Mais ça reste très bon. Et frais, ce qui est forcément agréable dans la moiteur tropicale. La version thé existe aussi, et là, c'est carrément délicieux. Tout ça pour 5000 dongs, pas grand chose donc.
Bien que je parte un peu plus tard de chez moi maintenant que je viens en moto (ai-je mentionné que JE CONDUIS UNE MOTO), je continue d'arriver en avance pour profiter de ce petit moment de calme avant d'attaquer la journée. C'est-à-dire que je perds délibérément un bon quart d'heure de sommeil tous les matins. Moi-même je n'en reviens pas.
Je vois déjà venir certains commentaires à cet article : "Viviane, on adore ton blog, ta vie est formidable, mais te rends-tu compte que tu mets systématiquement trois plombes avant d'entrer dans le vif du sujet ?". Oui, je m'en rends compte. Et non, je n'ai pas oublié que cet article s'appelle ANPE, et que ça n'a rien à voir avec le café et les parcs.
Mais ça y est, j'ai fini mon introduction, voici ce qui m'est arrivé. Mercredi, comme tous les jours à la même heure, je buvais donc mon café en fumant ma clope. Je ne demandais rien à personne, les rats courraient autour de l'étang, tout était normal. Et là, crac, on vient me parler. Deux dames, dont une qui me parle en anglais : "mon amie (la deuxième dame) vous voit ici tous les matins, et comme elle vous a déjà vu avec des livres, elle pense que vous êtes professeur. Elle cherche un professeur d'anglais pour son fils de neuf ans, est-ce que vous êtes disponible ?" Bon, si elle s'était approchée, elle aurait vu qu'il s'agissait d'un bouquin de vietnamien, ce qui n'indiquait pas franchement ma profession. Mais on peut apprécier la perspicacité de cette dame.
Par ailleurs, il se trouve que oui, je suis disponible. Parce que je n'ai pas un salaire particulièrement trépidant, et qu'entre les dépenses ici et l'argent à envoyer en France pour les frais qui ne vous oublient pas quand vous partez, ben il ne reste pas grand chose. Et si je rentre en France sans avoir vu la baie d'Along, tout le monde va croire que j'ai raté ma vie. Donc des revenus en plus pour voyager, je suis totalement pour. Je précise quand même que je suis française, sous-entendu que l'anglais n'est pas ma langue maternelle, mais ça ne semble pas posé de problème. On me demande mon prix, je dis 10 dollars de l'heure. Ce n'est pas énorme, mais après tout, l'anglais n'est effectivement pas la langue que je parle le mieux. Rendez-vous est pris pour le lendemain, même heure même endroit, pour voir les détails.
A ce stade, je ne me monte pas trop la tête. Après tout, on ne m'a jamais proposé du travail dans la rue, je ne sais pas à quel point ça peut être sérieux ces trucs-là. Mais je suis là jeudi, puisqu'après tout, j'aurais été là de toute façon. Et les deux dames sont là aussi. On part pour l'instant sur une ou deux heures trois fois par semaine, oh, et est-ce que je peux commencer aujourd'hui même à 18h30 ? Après tout oui. La mère de mon nouvel élève veut donc me montrer où elle habite, et grimpe à l'arrière de ma moto. Moi, je trouve ça vachement courageux. Parce que même si JE CONDUIS UNE MOTO, c'est quand même tout neuf et j'ai super peur de la tuer, ce qui risquerait de me faire perdre mon nouveau travail.
Le soir-même, je commence donc. Il semblerait que ce que je dois faire, c'est du soutien scolaire, ce qui est largement dans mes cordes, même en anglais. Avec un peu de civilisation à l'occasion. Le gamin est très sympa, et il parle très bien anglais, donc on se comprend, ce qui est une bonne nouvelle. On verra le temps que ça dure, mais c'est plutôt bien parti.
Donc non seulement on me propose du vrai travail dans un parc, qui ne relève pas de la prostitution je veux dire, ce qui est assez cocasse, mais en plus, tout ça devrait vite me faire un petit budget vacances, et avec un peu de chance, je pourrai partir en vadrouille dès les vacances de Noël. Ce qui est une très TRES bonne nouvelle.
Ca commence comme ça et tu finiras en passant des petits sachets cachés dans ton estomac à l'aéroport.
RépondreSupprimerEn même temps, ce genre d'emploi me paierait de TRES belles vacances.
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