Vous l'aurez compris, j'ai acheté une moto. Alors comme ça, ça ressemble à une blague. Moi-même en l'écrivant, j'ai l'impression de raconter la meilleure de l'année. Et de loin. Pourtant, ce n'en est pas une, de blague.
Comme vous êtes tous des lecteurs assidus de ce blog, et vous avez bien raison, vous savez que je n'étais jamais montée sur un deux roues qui ne soit pas un vélo avant d'arriver ici. Et encore, la dernière fois que je suis montée sur un vélo, c'était il y a trois ans, et ça avait été sacrément douloureux. Je n'insulterai pas votre intelligence en ajoutant que la corollaire, c'est que je n'ai jamais conduit de moto. C'est évident, puisqu'on ne peut pas en conduire une sans monter dessus, CQFD. Par contre, ce que je peux dire, c'est que je n'ai jamais eu aucune attirance pour le sujet. Rien. Si on m'avait dit qu'un jour je conduirai ça, j'aurais bien rigolé. Ha ha.
J'avais donc repéré en passant devant en bus une petite boutique qui vend des motos d'occasion pas trop loin de chez moi. Vous noterez que par là-même, j'avoue savoir lire en vietnamien "moto", "vendre" et "occasion". Je suis presque bilingue, c'est merveilleux. Le "occasion" est important, parce qu'ici, les étrangers n'ont pas le droit d'acheter une moto neuve. Bon, techniquement, je crois qu'on n'a pas le droit d'en avoir une. Mais en achetant d'occasion, on récupère les papiers de l'ancien propriétaire, et tant que la moto est immatriculée, le reste n'est pas très grave.
En fin d'après-midi, je me rends donc dans la petite boutique, avec un peu plus de 5 millions dans la poche, soit grosso modo ce que j'avais prévu de dépenser. Mine de rien, je n'avais pas le pas léger en m'y rendant. Parce que la boutique est sur la rue très passante de mon quartier, et bien que pas très loin, assez quand même pour mourir quatre ou cinq fois en ramenant la moto. Mais bon, quand j'ai une idée dans la tête, je ne l'ai pas ailleurs, ne serait-ce que parce qu'avoir une idée ailleurs que dans la tête, c'est contre-productif. J'avais décidé que samedi 17 septembre, j'achetais une moto, si j'avais commencé à faire la liste de toutes les raisons de ne pas le faire, je ne me serais jamais lancée.
Comme je n'y connais absolument rien, j'ai choisi en fonction du prix et du physique. Alors oui, je sais, c'est la beauté intérieure qui compte, mais comme je connais encore moins de choses sur la beauté intérieure d'une moto que sur sa beauté extérieure, ça réduisait vachement mes critères de choix. Je me suis donc décidée pour une petite moto rouge, qui a l'air d'être dans un état correct, et qui coûtait 5 500 000 dongs, soit pile mon budget. Alors est-ce que je me suis fait avoir, est-ce que j'ai eu un tarif occidental, j'en sais rien, mais si c'est le cas, ça ne doit pas être de beaucoup. Donc tout va bien.
La bête.
En faisant les papiers, je m'aperçois que j'ai oublié mon passeport. Ce que tout psychanalyste qui se respecte appellerait un acte manqué. Parce que je m'étais bien dit qu'il fallait que je le prenne, et non. Ce qui s'est avéré être très malin, puisque du coup, je me suis fait ramené chez moi, passagère sur ma moto, pour finir les papiers sur place avec mon passeport. Ce qui me permet d'être assez vivante pour raconter ma vie aujourd'hui.
Le temps de finaliser tout ça, il était bien 17h30, la nuit tombe tôt, j'avais déjà eu bien assez d'émotions pour un seul jour, et comme il faut toujours remettre à demain ce qu'on peut faire aujourd'hui, j'ai gentiment posé la bécane au garage, avant qu'elle et moi ne fassions nos grands débuts ensemble.
Il se peut que la première vidéo soit finie, si c'est le cas, voici de quoi continuer à vous distraire en me lisant :
Alors oui, ma moto à moi ressemble plus à un gros vélo qu'à une Harley, j'ai définitivement besoin de quelqu'un dessus, et je tiens beaucoup plus à ma vie qu'à mon terrible engin. Mais vous avez l'idée générale.
Donc aujourd'hui, armée de mon plus beau casque rose, je me lance, c'est parti, on y va. Je rassure le lecteur qui pourrait croire que j'ai des fantasmes morbides : pas du tout. Il faut savoir qu'une fois sorti de la grosse rue très passante, je suis plutôt dans un quartier résidentiel, avec des routes larges et en bon état, sans trop de circulation, parfaites donc pour s'entrainer.
Je sors la bête du garage et je monte dessus. Jusque là, j'ai tout bon. Maintenant, faut la démarrer. Je mets le contact, ça, c'est bon. J'ai un truc pour kicker, j'ai déjà vu ça à la télé, je kicke, rien. J'essaie encore, toujours rien. Bon. Le gardien de mon immeuble arrive alors à ma rescousse, je pense qu'il a tout de suite compris que je n'avais jamais fait ça de ma vie. Visiblement, il y a une histoire de contact, kick, starter et embrayage. J'ai pas du tout compris ce qu'il a fait, mais la bête a démarré.
C'est parti, wouhou, born to be wild, je fais de la moto, c'est la folie. Mais est-ce bien normal que, bien qu'ayant la ferme intention d'aller tout droit, ma moto aille systématiquement se jeter sur le trottoir ? Quelque chose me dit que non. Est-ce dû au fait que je suis cramponnée au guidon comme je l'étais au volant lors de mes premières leçons de conduite ? Peut-être. Ou alors c'est parce que mon équilibre est super instable. L'un dans l'autre, je fais 20 mètres, je m'arrête, me remets droit, et recommence.
Je fais quelques allers-retours comme ça, pour le plus grand plaisir des quelques vietnamiens qui sont complètement au spectacle. Et au final, je commence à prendre le coup, je roule à peu près droit, et j'arrive à faire 100 mètres sans poser le pied par terre de panique.
Pleine de courage et de confiance, je décide de tenter de prendre un virage pour changer de rue. Et ça marche, sans poser le pied par terre ni rien, je peux tourner, je peux freiner, et je peux à peu près accélérer. A peu près, parce que ça fait plein d'à-coups, et surtout, ça fait très peur, donc je décélère tout de suite. Mais au final, je fais le tour du pâté de maison en roulant droit, en prenant des virages, et tout ça sans m'arrêter ni poser le pied par terre. Et je n'ai jamais calé, ce qui me fait penser que c'est parce que c'est impossible. Alors oui, je roule tout doucement, et je pense que n'importe quel vélo pourrait me dépasser, mais je roule, c'est bien là l'essentiel.
Histoire de voir si en fait, j'ai toujours été une motarde née qui avait raté sa vocation jusque là, je décide de m'arrêter pour retenter le coup du démarrage. Oui bon. Là, c'est un monsieur qui passait par là qui est venu spontanément à mon secours, et j'ai toujours pas compris ce qu'il fallait faire. D'ailleurs, si quelqu'un qui s'y connait un peu veut bien m'expliquer ce que je suis censée faire et dans quel ordre, ce serait bien aimable.
Quoi qu'il en soit, au bout d'une grosse demi-heure de conduite, je n'ai à déplorer qu'une énorme bosse sur le tibia droit, pas de chute ni de grosse frayeur. Alors oui, je me suis pris une grosse suée, et le fait qu'il fasse plus de 30 degrés n'explique pas tout. Mais le plus important, c'est que c'était ma première fois à moto et que je ne m'en suis pas si mal sortie. Et je rassure mon lectorat, et par là je veux dire ma mère : je n'ai pas l'intention de me lancer dans la vraie circulation avant d'être parfaitement à l'aise. Il n'y a pas d'urgence, le bus me convient très bien pour l'instant. Si je vis l'expérience de l'ado de 15 ans de base, j'en ai 10 de plus, donc je suis prudente, si ce n'est trouillarde.
Même s'il est évident que je vais très vite aller me faire tatouer une femme nue sur le bras. Born to be wild, totalement.
Just love your post !
RépondreSupprimerComme les passants ont l'air très gentils le prochain tu lui demandes de te prendre en photo sur ta mob' quand il aura fini de la faire démarrer.
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