mercredi 7 décembre 2011

Martine va chez le coiffeur

Alors non, je n'ai pas changé mon prénom. Si je devais le faire, ce serait pour un truc à peu près prononçable par les vietnamiens, et je doute que Martine soit un choix judicieux. Parce qu'il faut le dire, Viviane, ça ne se dit comme il faut qu'en français. Même les anglophones n'y arrivent pas du tout. A ce train là, j'aurai oublié comment je m'appelle à la fin de l'année.

BREF. J'ai donc été chez le coiffeur. Parce que ça commençait à faire un moment, et que les cheveux longs ici, bof (CHAUD). Et puis comme toutes les femmes le savent, changer de coupe, ce n'est jamais innocent, et là, il va y avoir quelques changements, qui bien que mineurs, font que j'ai eu vachement envie de couper. Et il ne faut JAMAIS combattre une envie de coiffeur.

Restait donc à savoir où aller. Parce que j'en ai bien un en bas de chez moi, assez littéralement, mais je doute que l'anglais soit pratiqué, et pour les choses importantes, faut quand même savoir se faire comprendre. Je ne me suis pas cassée la tête pour autant. Ma collègue française avait été dans un salon à environ 300 mètres de l'école - avantage 1 -, pas cher -avantage 2-, où on parle un peu anglais -avantage 3- et qui arrive à coiffer le cheveu occidental -avantage fondamental 4. Il faut savoir que j'ai quand même le cheveu bien différent du cheveu asiatique, genre, il boucle, donc on peut pas faire n'importe quoi.

Je rentre donc, et explique que je veux me faire couper les cheveux. Très bien mademoiselle, voulez-vous qu'on vous lave les cheveux ? Bah oui, moi je veux. Déjà parce que le shampoing, c'est 75% du plaisir, et puis parce qu'il est nécessaire que mes cheveux soient mouillés pour être coupés, rapport au fait qu'ils bouclent, suivez donc.

On m'amène alors à l'étage, dans la salle du shampoing, avec des tables où on s'allonge. Ce qui est plutôt cool, ça évite d'avoir mal au cou, et Dieu sait que j'aime pas être dérangée par de telles trivialités quand on me trifouille la tête. La jeune fille me mouille les cheveux, met un truc dedans, rince, je me prépare alors à me lever. Après tout, un shampoing c'est un shampoing. Mais je ne sens pas de mouvement dans ce sens, alors je me dis que je vais avoir le droit à un soin. Le truc qu'on te propose toujours en France, et que je sais pas dire non, et ça me coûte 15 euros, et ça m'énerve. Mais comme je ne sais pas protester en vietnamien, ben je laisse faire. Truc dans les cheveux, rinçage, là je me dis c'est bon, on y va.

Sauf que non, la jeune fille me lave alors le visage. Tiens, c'est bizarre, on m'avait jamais fait ça. C'est peut-être une tradition vietnamienne, quand on lave les cheveux, on lave toute la tête, j'en sais rien, mais c'est carrément pas désagréable, alors j'ai pas du tout envie de protester. Quand ça a été fait, elle me met un autre produit sur le visage, que j'identifie pas vraiment, une crème peut-être, c'est marrant les shampoings ici. Sauf que non, c'est pas une crème, c'est une huile de massage. Massage du visage. Grande première. Et qu'est-ce que c'est bien ! Et ça dure, et ça dure, et je me dis que je vais m'endormir là, parce que je suis toute molle. Une fois fini, elle me rince les cheveux et le visage, et je sens qu'elle me pose des bandes froides sur le visage. En fait, c'est du concombre, c'est l'odeur qui me l'a dit. Je suis donc une momie en concombre, je me demande combien de temps elle va me laisser là, et mon cerveau d'occidentale se dit que je n'ai pas tant d'argent que ça sur moi, pas plus de 500 000 dongs, soit 25 dollars. Et le seul point de repère que j'ai, ce sont les tarifs français, et que tout ça coûte bien plus cher que ça.

Mais la jeune fille me refait un truc dans les cheveux, alors je ne pense plus trop. Et après, elle me masse les mains, et puis les bras, et puis les épaules, et puis le cou, je ne comprends pas ce qui m'arrive, me demande furtivement si "hairwash" a un sens que j'ignore, mais pour l'essentiel, je profite. C'est que je ne m'étais jamais fait massée, pas professionnellement en tout cas, alors c'est un peu un monde nouveau qui s'ouvre. Un monde merveilleux. Qui finit par un massage de la tête, évidemment. Je ne sais pas combien de produits elle a mis dans mes cheveux au final, mais un paquet, ça c'est sûr. Et quand je me suis levée pour aller me faire couper les cheveux, j'avais les genoux en coton et un vieux sourire béat.

Pour la coupe, je suis pas hyper compliquée. Je veux plus court, mais je veux pouvoir les attacher. Ca tient moins chaud, et ça m'évite de passer trop de temps à me coiffer le matin, ce qui est quand même super important. Le coiffeur a parfaitement compris, et j'ai eu ce que je voulais. Ca change un peu, mais pas trop, et c'est plutôt sympa. Bon, par contre, il m'a dit à la fin qu'il ne voulait pas me les sécher pour ne pas casser mes boucles. Moi, je suis super pour qu'on les casse, je suis belle comme un camion avec un brushing tout neuf. Mais il doit pas coiffer des cheveux bouclés bien souvent, et comme on veut toujours ce qu'on n'a pas, je ne suis pas sûre que les vietnamiens adhèreraient totalement à l'idée de me lisser les cheveux. Et puis naturel comme ça, j'ai pas l'habitude, mais c'est pas si mal, alors soit.

Arrive enfin le moment qui m'inquiète un peu. Ca fait une bonne heure qu'on s'occupe de moi non-stop, va-t-il falloir que je demande à quelqu'un de m'apporter de l'argent ? Donc oui, ça fait trois mois que je suis là, et je n'ai pas encore tout à fait intégré que les tarifs vietnamiens n'ont rien à voir avec les tarifs français. Le "shampoing" : 80 000 dongs, la coupe : 100 000 dongs. Soit un total d'environ 9 dollars. Voilà. Donc j'ai doublé la mise en pourboires, faut pas déconner non plus. Mais voilà ce qu'on a ici pour moins cher qu'une toute petite coupe sur cheveux courts en France. Le piège maintenant, ça va être de ne pas aller chez le coiffeur toutes les semaines, juste pour se faire laver les cheveux. C'est tentant quand même.

Finissons par deux réflexions qui vont changer la face du monde. Un, mettre un casque en sortant de chez le coiffeur, c'est carrément déprimant. Deux, faut VRAIMENT que j'aille me faire masser pour de vrai. Je crois que ça va me plaire.

vendredi 18 novembre 2011

Joyeuse fête des professeurs !

Ben oui, au Vietnam, nous sommes célébrés, nous avons une fête des professeurs le 20 novembre.


Evidemment, cette année, le 20 novembre tombe un dimanche. Mais ce qui est très cool, c'est que pour que ça ne tombe pas à l'eau, ça a gentiment été décalé à aujourd'hui vendredi. Alors la fête des professeurs, qu'est-ce que c'est ? C'est simplement un jour où on pense à remercier les gens qui s'occupent si bien de vos enfants. On offre un petit cadeau, et si j'ai bien compris, c'est un peu relâche dans les écoles, petit pot, repas, ce genre de choses.

En ce qui me concerne, techniquement, c'était pas vraiment relâche. Techniquement, parce que j'ai éteint mon réveil, qui sonne pourtant quatre fois, et que quand ma collègue m'a appelé pour savoir si j'étais en vie, j'étais censée être à l'école depuis 10 minutes. Bon. En même temps, de 7h30 à 8h30, on accueille les enfants dans la cour, il y a quantité d'adultes, et si je suis pas là, la Terre continue quand même de tourner. Ce qu'elle a fait ce matin. Non, j'essaie pas de me justifier, ce sont des choses qui arrivent. Surtout à moi, d'accord, mais pas si souvent. Et puis zut. Surtout qu'au final, j'avais quatre absents, et sur un effectif de dix, ça se voit quand même vachement. Donc si, un peu relâche au final.

Pour le reste, nous sommes dans une école française, avec assez peu de parents vietnamiens, donc je ne m'attendais pas à grand chose. Et j'aurais rien dit, parce que j'avais moi-même totalement zappé. Mais finalement, sur mes 6 présents, presque tout le monde y a pensé. Nous avons donc eu 3 boîtes de chocolats à nous partager ; une maman a fait des gâteaux pour tout le monde, y compris le personnel de la crèche, le cuisinier, la femme de ménage et la secrétaire, ce qui est très gentil et TRES bon esprit ; et une autre maman a fait un cadeau (bougie qui sent bon) pour tout le personnel aussi. Surtout que sa fille était malade, et qu'elle est donc venu exprès pour ça. Et une maman, qui est aussi ma directrice, m'a offert du tissu pour aller me faire faire mon ao dai. Reste à trouver une couturière. Evidemment, tout ça fait bien plaisir.

Pour fêter tout ça, la directrice avait également prévu un déjeuner gargantuesque pour nous tous. Genre, il était techniquement impossible de manger tout ça, surtout en une heure. Il n'y avait là rien que je n'avais pas déjà goûté, à part bien sûr une chose. Chose annoncée par mon assistante avec un grand sourire : des oeufs couvés.

Alors il faut savoir que j'ai à ce jour une liste de choses que je refuse absolument de manger ici. C'est une toute petite liste, parce que je suis pas si difficile. Nous avons donc :

- le durian. J'ai tenté, plus jamais.
- le chien. Non, c'est pas un mythe, ça se trouve même plutôt facilement. Mais je mange déjà pas de cheval, alors du chien, c'est nein.
- les oeufs couvés

C'est donc quand même pas de bol. Là, vous êtes en droit de vous dire que quand même, je suis pas une aventurière, qu'il faut tout essayer, blabla. Ouais, mais un oeuf couvé, c'est ça :


Oui, le nom est assez explicite. C'est un oeuf avec un bébé oiseau dedans. Ca pourrait être la meilleure chose du monde que non, je ne pourrais pas. Ouvrir mon oeuf, trouver un bébé oiseau mort et le manger, ça me dégoûte. En fait, quand ils ont commencé à les attaquer, j'ai gentiment été voir ailleurs si je n'y étais pas, parce que même voir quelqu'un d'autre manger ça, ben ça me révulse. Beurk beurk beurk.

BREF. Tout ça pour dire que j'ai eu une pensée émue pour mes collègues françaises. Parce que de ce que j'ai suivi, c'est aussi la fête des profs et des fonctionnaires en général en ce moment en France. Mais en moins sympa.

dimanche 13 novembre 2011

Vrac

Aujourd'hui, je vais être encore moins structurée que d'habitude, bon courage à qui me lira.

Parce que bon, la semaine a été longue. On commence par un accident, alors il faut soigner ses bobos et boiter, et dormir comme jamais. Et puis après, ça va mieux, alors on sort alors qu'on travaille le lendemain, lendemain au cours duquel on se sent super vieille. Mais comme tout se paye dans la vie, on fait une maladie fulgurante le vendredi soir, le truc qui vient très vite et très fort, et qui s'en va comme il est venu. Et puis après ça va mieux, alors on sort, et c'est chouette parce qu'après c'est dimanche, et que c'est le seul jour où on ne doit pas se lever pour aller travailler. Mais on se réveille quand même à 7h, et du coup, on va à la piscine. Voilà.

Les bobos donc. Bon, une moto est tombée sur ma jambe droite, mon genou n'a pas du tout apprécié. Sachant que ma classe est à l'étage, je vous prie de croire que lundi, j'en ai chié. Non, y'a pas d'autres mots. Parce que je boitais vachement, et que je montais les escaliers comme une toute petite vieille, et que ça faisait mal quand même. Et j'arrivais pas à kicker pour démarrer ma moto. Mais bon, j'ai toujours trouvé une bonne âme pour m'aider à repartir, et là, ça va bien mieux. Je pense juste que je vais attendre un peu pour aller faire un trek dans la jungle (HAHA), parce que si je force, je le sens quand même le lendemain. Mais j'ai la foi, ça va vite être tout guéri.

Toujours au rayon bobo, mon pied gauche a également pris cher. Ce qui est un mystère, vu que je suis tombée du côté droit. BREF. Mon pied gauche m'a fait une espèce d'hématome qui m'aurait valu une médaille d'or s'il y avait un championnat du monde. Tout gonflé et tout bleu. Ce qui est aussi moche que désagréable. Voyant ça, une de mes collègues vietnamiennes est arrivée mardi avec une espèce d'huile de massage avec je sais pas quoi dedans, achetée à la pagode, et elle m'a massé le pied. Là, vous souffrez pour moi. Je comprends, parce que vu l'ampleur du truc, j'étais pas super chaude non plus quand elle s'est approchée de mon pied. Mais elle est très autoritaire et je ne suis pas courageuse, alors j'ai laissé faire.

Pour être très honnête, je ne suis pas très médecines alternatives. Je suis une cartésienne, faut qu'on puisse m'expliquer pourquoi et comment ça marche. Non pas que je comprenne forcément, mais je fais vachement confiance à la science. Donc tout ce qui est réflexologie, homéopathie et tout ça, j'y connais rien et ça m'intéresse pas franchement. Toute façon je suis jamais malade. Sauf que là, elle m'a fait le massage avec son huile, et premier constat, le massage était franchement énergique, sur un énorme hématome, et j'ai pas eu mal du tout. Ca ne m'a même pas (trop) chatouillé. Par contre, ça m'a détendu d'un seul coup d'un seul. Et après 10-15 minutes, mon pied avait presque retrouvé sa forme normale. Miracle, alleluia, et tout et tout. Je sais pas bien comment ni pourquoi, mais ce premier contact avec un remède traditionnel a été plutôt concluant.

Etant presque toute réparée, j'ai donc pu sortir avec des copains mercredi soir. Cette transition est pourrie, je sais. Ils étaient deux, on va dans un bar que je ne connais pas, je suis. Sauf qu'ils prennent la grosse rue à contre-sens. Ce que je ne fais JAMAIS, parce que je trouve pas ça très malin. Et évidemment, il y avait la police au bout de la rue. Ce qui craint vachement. Parce que d'une, la corruption ne se cache pas du tout ici, et que c'est pareil pour tout le monde, vietnamien ou pas : quand on se fait arrêter, faut payer. Et de deux, j'ai pas de permis vietnamien et les papiers de la moto ne sont pas à mon nom. Donc si je peux éviter les ennuis, j'aime autant. On s'arrête tous les trois, et un des policiers - ils étaient bien 6 ou 7 - commence à parler en anglais au premier conducteur. J'entendais pas ce qu'ils se disaient, et personne ne nous parlait ou rien à l'autre copain et moi. Je me dis qu'ils sont en train de négocier le prix à payer ou je ne sais quoi. Puis je vois le premier faire un geste du genre "ça me va", démarrer et partir. On se regarde avec le copain qui restait, tout le monde continuait de nous ignorer, alors on est parti aussi. Renseignements pris, le policier a demandé au copain à qui il parlait de rentrer poser sa moto et de ne plus l'utiliser parce qu'il n'a pas le droit. Et c'est tout. Quand on sait que les policiers ont tendance à arrêter comme ça vient, avec ou sans raison, et qu'on était franchement en tort, on s'en est super bien sorti. Genre je pensais pas que c'était possible. Au Vietnam, j'ai une chance de folie.

Par exemple, aujourd'hui, j'ai été à la piscine. Non, je ne me fatiguerai pas en transitions aujourd'hui. J'ai déjà évoqué le fait que les femmes asiatiques voudraient être aussi blanches que possible, et qu'avec les crèmes qui vont bien, elles fuient le soleil. Il faut les voir sur leurs motos par chaleur tropicale avec veste, pantalon, chaussettes, gants et masques plus ou moins intégraux. Je sais pas comment elles font, si ça ne tenait qu'à moi, je serais perpétuellement en petite culotte. Avantage : à la piscine, j'étais la seule femme en maillot de bain, et donc dans le bain. Mine de rien, ça diminue la population qui se trempe par deux, ce qui est cool, y'a plein de place pour nager (surtout un dimanche matin me direz-vous, oui, ça doit aider). Et du coup, au vestiaire, y'a vraiment pas foule. Donc, j'ai pris tout mon temps pour me doucher à la sortie, sans me dire que les gens allaient attendre. Et la piscine, c'est juste trop agréable avec les températures d'ici. Et ce qui l'est encore plus, c'est de faire un truc un peu physique sans transpirer. Enfin.

Tout ça pour dire que je suis un peu ce qui se passe en France, et que comment vous dire, si mon message est hyper décousu, dans ma tête ça l'est de moins en moins, et je ne suis vraiment pas sûre de rentrer l'année prochaine. Y'a encore le temps, mais bon, j'en suis quand même un peu là en ce moment.

samedi 5 novembre 2011

Money money money

Aujourd'hui, je vais, avec tout mon pouvoir de super-bloggeuse, essayer de défendre le Vietnam contre certaines choses que j'entends ou lis ici et là.

Tout a commencé avec une discussion avec un touriste français engagé dans un grand tour de l'Asie, qui nous disait avoir un avis un peu mitigé sur le Vietnam, parce qu'il trouve qu'ici, l'argent est roi, et que si les gens sont gentils avec vous, c'est qu'ils veulent vous vendre un truc, et que quand on est blanc, on est vite harcelé.

Je l'ai déjà dit, j'ai jamais vraiment eu cette impression là. Peut-être un peu dans le quartier 1, très touristique. Mais pour le coup, c'est plus le tarif touriste que le tarif blanc, et quiconque a déjà bu un coca sur les Champs-Elysées sait que c'est une pratique plutôt universelle. Je dirais même que pour le coup, quand j'ai été au marché de Ben Thanh, le plus gros marché de la ville dans lequel il y a au moins autant d'occidentaux que de locaux, on m'a plutôt foutu la paix. Etait-ce le casque que j'avais à la main qui a bien transmis le message que j'étais pas là pour acheter des souvenirs, je ne sais pas. Toujours est-il qu'on ne m'a pas arrêté tous les 3 mètres pour me vendre des trucs.

Mais il m'est arrivé aujourd'hui une grande aventure qui témoigne que non, les vietnamiens ne sont pas toujours intéressés, et peuvent même être carrément très gentils. Parce que ce matin, alors que j'allais travailler, j'ai eu un accident de moto. Alors je ne vais pas faire durer le suspense, puisque j'en vois une qui est en train de m'acheter un billet retour : je vais TRES bien. C'est même un peu ridicule d'avoir un accident et d'avoir à ce point rien. Ca aurait fait une chouette histoire d'aventurière hyper courageuse.

Je ne sais pas bien bien ce qui s'est passé. Je roulais le long du trottoir, quand un mec, pour une raison parfaitement inconnue, s'est rabattu juste devant moi. Ca n'aurait pas été bien grave s'il n'allait pas franchement moins vite que moi, et que du coup, soit je lui montais dessus, soit je faisais un truc désespéré. Je pense que j'ai mis un gros coup de guidon, et que du coup, je suis allée m'écraser sur le trottoir.

Le coup de l'accident, c'est un peu un truc qui m'inquiétait. Déjà parce qu'avoir un accident, vu le degré de protection, c'est pas une super idée. Et j'avais lu et entendu un peu partout qu'en tant que blanche, je serais forcément responsable, et que c'était un coup à payer des motos neuves à toute la famille de la victime.

Pour l'accident de ce matin, je dirais que les torts étaient partagés. Il m'aurait mis un petit clignotant, j'aurais pu anticiper. Mais en même temps, dans le code de conduite ici, je suis censée prévoir tout ce que font les gens devant moi, et là, je l'ai vraiment pas vu venir. Après, la montée sur le trottoir m'a quand même permis de ne pas le taper trop fort, je ne suis même pas sûre qu'il soit tombé. En tout cas, sa moto n'avait rien, et lui juste un petit bobo sur le pied.

Dans un éclair de génie, j'ai quand même réussi à avoir mon accident juste devant une station essence. Comme j'ai quand même pris une sacrée gamelle, et surtout une grosse GROSSE peur, je n'arrivais pas à soulever la moto qui m'était tombée dessus. Tous les pompistes sont alors venus à ma rescousse. De ce que j'ai compris, ils m'ont dit de ne pas bouger, ont soulevé la moto, coupé le contact et l'ont mise de côté. J'ai donc réussi à me relever, bonne nouvelle, rien de cassé. Sauf que j'ai quand même senti arriver la grosse chute de tension, et qu'ils ont dû voir que j'étais pas trop bien, donc ils m'ont proposé une chaise, pour que je puisse m'asseoir en attendant de me remettre de mes émotions.

Alors que j'hyperventilais gentiment, le mec avec qui j'ai eu l'accident s'approche et me dit quelque chose. Bon, maintenant, je sais acheter des timbres toute seule (BRAVO), mais je ne comprenais rien à ce qu'il me disait, et j'arrivais pas bien à voir s'il était fâché ou pas, s'il voulait que je sorte mon portefeuille, appeler la police ou que sais-je encore. Là il me dit "hospital", ça je comprends, et je dis non non non. Rien de cassé, ma tête n'a pas tapé par terre, et j'ai même pas besoin d'un point. Rien que des bleus et des bobos, pas besoin d'hôpital donc. Alors il me sert la main, me dit "sorry" et s'en va. Et c'est tout.

Mes jambes ont arrêté de trembler, donc je me lève pour partir. Je jette un coup d'oeil à la moto. Le garde-boue, qui était déjà bien fatigué, a pris cher. Et plus embêtant, le repose-pied a bougé, et du coup, je ne peux plus kicker et donc démarrer ma bête. Un pompiste, qui était resté pas loin, probablement pour s'assurer que je ne fasse pas de malaise ou autre truc bizarre, s'approche avec celui qui semble être le patron. Ce dernier remarque que mes pieds saignent, et m'indique donc la salle de bains pour que je puisse un peu nettoyer mes blessures. En même temps, j'étais en pantacourt, donc j'étais effectivement bien noire.

Quand je suis revenue, j'ai trouvé le pompiste en train de réparer ma moto, remettre le repose-pieds en place et le guidon à peu près droit. Le patron la démarre pour voir si ça marche, et ça marche. Je demande alors combien je leur dois, parce que bon, ils se sont quand même occupés de moi et de ma moto, les payer me semblait la moindre des choses. Sauf que non. Limite j'ai eu l'impression de les insulter. Rien du tout m'ont-ils mimer, avec franchement l'air de dire "t'aurais pu te faire très mal, on va pas en plus te facturer ta chute". Je suis un peu sur le cul, remercie aussi chaleureusement que possible, et rentre chez moi.

Je pose ma moto, et pars de suite chercher une pharmacie parce que bon, il y a quand même deux-trois choses à désinfecter. Evidemment, je ne sais pas du tout dire "j'ai eu un accident, je voudrais quelque chose pour désinfecter mes bobos". Donc en arrivant, je montre un petit bobo à la main à la pharmacienne, qui comprend très bien ce que je veux. Elle me demande de m'asseoir, et passe devant le comptoir avec coton, désinfectant et pansement. En voyant que j'ai un peu plus que ça, elle va chercher du sérum physiologique, et revient s'occuper de moi. Et quand je dis s'occuper de moi, je veux dire qu'elle a bien passé 20 bonnes minutes à chercher sur mes bras et mes jambes où j'étais blessée, à tout laver et désinfecter et à me mettre des pansements. Je doute que dans ma vie d'adulte, on se soit jamais aussi bien occupé de moi pour d'aussi petites blessures. Quand elle a eu fini, elle m'a préparé mon petit sac avec coton, sérum phy, désinfectant et pansements, et me dit que ça fera 20 000 dongs. Même pas un dollar. En clair, elle m'a juste facturé ce qu'il y a dans le sac, et pas les 20 minutes qu'elle vient de me consacrer. Ca m'a mis mal à l'aise, alors je lui ai donné 50 000, et il a limite fallu que je parte en courant pour qu'elle accepte de garder la monnaie. Ce qui n'est pas très charitable, parce que je peux quand même pas galoper, je clopine un peu là.

J'ai ensuite été faire réparer ma moto. J'ai un peu montré, ils ont vu ce qui n'allait pas, et paf, un garde-boue flambant neuf pour 130 000 dongs, environ 6 dollars. Le tarif normal quoi.

Alors je ne sais pas si j'ai le cul bordé de nouilles - quoique pour aujourd'hui on peut quand même dire que oui, genre je suis vivante - mais vraiment, 95% des vietnamiens rencontrés à ce jour sont juste vraiment gentils avec moi, et pas pour mon argent ou me vendre un truc. Juste gentils. Ce matin, je crois qu'il n'est venu à l'idée de personne de profiter du fait que je ne parle pas la langue ou que je sois blanche. Je n'ai vu que de la sollicitude.

J'ai pas les mots pour le dire en vietnamien, mais j'aurais vraiment voulu pouvoir leur dire à tous à quel point ça fait chaud au coeur, quand il t'arrive une tuile comme ça très loin de chez toi, et que tu enchaines les situations de handicap langagier, de rencontrer de parfaits inconnus qui font tout ce qu'ils peuvent pour t'aider. Au final, c'est sûrement ça l'info la plus importante de la journée.

vendredi 28 octobre 2011

Mui Ne

Mui Ne. Ou plus précisément "haaaaaaaaaaaaa Mui Ne".

Reprenons depuis le début. Je suis instit', donc perpétuellement en vacances. J'ai deux boulots, donc un pouvoir d'achat plutôt raisonnable ici. Du coup, quand ma collègue française, qui avait vachement besoin de partir en vacances, m'a dit qu'elle partait à Mui Ne, j'ai commencé par demander ce que c'était donc que ça. Une plage, m'a-t-elle répondu. Moi, j'avais les jambes super blanches et un peu besoin de prendre du recul sur deux-trois trucs, donc je lui ai proposé ma compagnie.

Réservation d'hôtel, de bus, et départ samedi matin à potron-minet. Pour la petite histoire, j'ai fait mon sac le matin même, après une nuit un peu courte et un peu alcoolisée, et sur le chemin, pendant que je me réveillais tout doucement, j'ai commencé à faire la liste des trucs que j'avais oublié. Comme par exemple, le chargeur de mon téléphone. Ce qui n'était pas vraiment en drame, surtout qu'il s'est avéré que celui de ma collègue était compatible. Plus grave, j'ai oublié mon livre. Mais comme il était dit que les vacances seraient chouettes, j'ai trouvé assez facilement à Mui Ne de quoi m'occuper, en l'occurence :


Ben sur une plage à l'autre bout du monde, lire les aventures d'un mec et de sa MOTO à un autre bout du monde, c'est plutôt parfait.

Mui Ne donc, qu'est-ce que c'est ? Comme je l'ai déjà dit, c'est une plage. Et voilà. En fait, c'est une très longue rue, qui donc borde une plage, avec d'un côté des hôtels-restaurants-bars-boutiques pour touristes, et de l'autre hôtels-restaurants-bars-boutiques pour touristes.



Intérêt culturel négatif, intérêt vacances parfait. Non pas qu'il n'y avait pas possibilité de visiter deux-trois trucs pas trop loin, mais j'avais juste pas envie. Je n'avais jamais fait ce genre de vacances de ma vie, le genre où on ne fait rien de chez rien, à part se baigner, bronzer et manger. C'est donc exactement ce que j'ai fait. Et une semaine sans MOTO, c'est pas désagréable non plus.

Ceci étant dit, c'est pas parce que j'étais au paradis que j'ai oublié mes devoirs de bonne citoyenne française. Je n'avais en fait qu'une seule exigence concernant ces vacances : dimanche, 15h, il fallait que je sois devant le match. Nous nous sommes donc trouvé un bar tenu par des français, qui passait le match, et devant lequel il y avait plein de français. Comme à la maison donc. Sauf qu'à la mi-temps, on regarde la mer qui est juste à côté.




J'ai même pas été trop déprimée par le score final, parce que ça aurait pu être vachement pire. Et que je ne suis pas sûre qu'il aurait été possible d'être déprimée dans ce cadre.

Passée cette journée à l'emploi du temps BIEN chargé, nous sommes tombées dans la routine suivante : debout, plage, déjeuner, sieste, plage, promenade, apéro, dîner, bière(s). Parfois, la vie, c'est dur et compliqué. Et parfois, pas du tout.




Pour la bière du soir, nous avons trouvé un bar avec musique live, ce qui est très chouette. Ce qui l'est encore plus, c'est que deux fois, nous avons eu un chanteur-guitariste avec un répertoire que j'aurais très bien pu composer moi-même. Genre avec deux de mes chansons préférées du monde :



Il a bien fini par repérer que je connaissais la moitié de ses chansons par coeur (et comme je connais pas non plus des millions de chansons par coeur, ça veut bien dire ce que ça veut dire), nous sommes devenues ses "friends from France". Avec une petite chanson pour nous accueillir le deuxième soir. Et pour finir la soirée, il nous a chanté "you are so beautiful" rien que pour nous deux. Du bonheur par paquets de 30 kilos.

Je m'aperçois que je n'ai pas encore parlé de l'hôtel. On a un peu regardé à gauche et à droite, et comme on n'est pas non plus en budget illimité, on a pris le moins cher, les échos étant pas mal. Et surtout, en cherchant avec mon ami Google, je suis tombée là-dessus :


Comment vous dire qu'à 15 dollars la nuit, ça me l'a vendu. Bon, vu le prix, je m'attendais un peu à une chambre hyper moyenne ou toute autre mauvaise surprise. Et en fait non : chambres hyper cleans et confortables, accès direct à la plage, sable fin et hamacs partout. Waou.








Est arrivée la dernière nuit, qui a été mauvaise. Du coup, réveillée, je regarde l'heure : 5h30. En lecteurs attentifs de mon blog, vous savez que c'est à peu près l'heure à laquelle le soleil se lève à HCMV. Là, je me dis qu'il y a un dernier truc à vivre. Appareil photo, plage, et je ne l'ai pas regretté du tout :



Je dis tout dans le désordre, mais on s'en fiche. Il faut savoir qu'en ce moment, c'est la saison basse, mousson, tout ça. Conséquences, on est hyper tranquille sur la plage et l'apéro est limite moins cher qu'à HCMV, alors que bon, y'a la mer quand même. Et c'est amusant, mais de la pluie, on n'en a pas eu du tout. Mardi, c'était un peu couvert, mais comme l'air et l'eau était toujours aussi chauds, ça n'a pas franchement perturbé notre emploi du temps. Et pour l'essentiel, ce que j'ai eu au-dessus de la tête, c'est ça :


Pour me passer un peu de pommade, ce que j'ai d'ailleurs fait littéralement en quantité astronomique cette semaine, j'ai atteint un degré de jolitude inconnu : une couleur de peau que je ne me connaissais pas mais qui me va vachement bien et un sentiment de bien-être et de détente assez absolu.

Par contre, comme toutes les choses qui atteignent leur pic trop tôt, plus dure est la chute. Genre là, je pèle à mort, ce qui est vachement moins sexy. Mais la sensation de plénitude est toujours là, et ça en valait totalement la peine.

Pour ceux qui ne me détestent pas encore et qui font partie de mes chers amis sur Facebook, je vais y mettre encore plus de photos. Non parce que c'est bientôt Novembre, et que je compatis vachement.

dimanche 16 octobre 2011

Minoritaire

Oui, je vole les titres d'albums de Jean-Jacques Goldman. En même temps, s'il est pas content, il n'a qu'à en faire un autre, d'album. Non, ça n'a aucun rapport, mais fallait bien le dire quand même.

J'informe mon lectorat qu'aujourd'hui, c'est long et verbal. Donc comme j'ai été faire un tour avec MA MOTO dans le centre-ville, pour maintenir l'intérêt, je vais disséminer des photos de trucs bien touristiques au milieu. Sans aucun rapport, mais ça fait des images.

Minoritaire donc. Parce que quelque part, le plus étrange ici, ce n'est pas la météo (on transpire), la nourriture (on mange très bien) ou le fait que JE CONDUISE UNE MOTO (je ne me suis pas fait de bleus sur les tibias cette semaine, c'est une première). Le plus étrange, pour moi, c'est d'être minoritaire.

Le fait est que quand j'y pense, et j'y ai un peu pensé ces derniers temps, je n'ai jamais été dans cette situation avant d'arriver ici. Je n'avais jamais été ailleurs qu'en Occident, donc blanche, ça passe inaperçu. Je suis athée, donc je m'épargne un paquet de difficultés, et on ne peut pas dire qu'en France, ce soit un acte super rebelle. Je n'ai même jamais été dans un coin du monde où la langue officielle n'était pas le français ou l'anglais. Même en passant deux ans à la frontière suisse, je ne me suis jamais aventurée plus loin que Genève ou Lausanne. Donc j'ai toujours compris ce qui se passait autour de moi, et si mon anglais est ce qu'il est, j'arrive quand même à me faire comprendre sans trop de difficultés. Je suis donc toujours passée parfaitement inaperçue. Et je ne m'en plains pas, être transparente peut être utile.

Mais ici, forcément, c'est différent. Parce que même si j'essayais très fort, on pourrait toujours dire que je ne suis pas vietnamienne. Même avec le casque sur la tête, les lunettes de soleil sur le nez, et en CONDUISANT UNE MOTO comme si j'avais fait ça toute ma vie, je sais très bien que tout le monde fait la différence. Du coup, on me regarde beaucoup plus qu'en France. Quand je prends le bus, quand j'attends à un arrêt de bus, quand je marche dans la rue... Disons qu'il ne m'était jamais arrivé avant que des enfants me montrent du doigt à leur mère, ou que des ados demandent à être pris en photo avec moi. C'est parfois un peu gênant, toujours surprenant, parce que très très nouveau.

 La poste centrale (je crois), design Eiffel, souvenir des français.

Et puis il y a la langue. Mine de rien, j'ai un peu travaillé là-dessus ces deux dernières années, pendant mes deux années de Master que j'ai officiellement avec mention bien et je suis vachement contente. Mais je ne suis pas sûre qu'il soit possible de saisir toute l'ampleur du handicap linguistique avant de le vivre. Car oui, je dis handicap, et je le pense. Parce que soyons honnête, l'anglais est quand même pas super répandu ici, et en général, c'est avec un accent qui demande un petit temps d'adaptation et plein de répétitions, surtout que ce n'est quand même pas la langue avec laquelle je suis le plus à l'aise. Au Vietnam, on parle vietnamien, et c'est quand même bien ce qu'il faut avoir à l'esprit.

Donc je me retrouve dans un monde où je ne comprends rien, et où on ne me comprend pas non plus. C'est fou comme tout prend des proportions énormes dans cette situation. De mon côté déjà, parce que du coup, je me fais un peu des montagnes de tout, et que pour l'instant, je reste encore un peu sur la réserve. Mais aussi dans des situations toutes bêtes, qui pourraient être réglées en 30 secondes si on se comprenait, et qui là prennent trois plombes. Par exemple, le jour où j'ai acheté mon casque au centre commercial du coin, j'ai bipé à la sortie. Pas de raison particulière, ce jour-là, je n'avais rien volé, et même rien acheté avec un anti-vol. Mais j'ai bipé. Donc l'agent de sécurité est venu voir mes sacs, normal, il a sorti mon casque, a dit un truc à la caissière, qui lui a répondu un autre truc, m'a fait signe d'attendre, et est parti. Au bout de 5 minutes, je me suis demandée si je pouvais partir ou si on allait me jeter en prison, ou quoi. Et en fait non, il a fini par m'emmener à l'accueil, ou quelqu'un parlait anglais, et où m'a expliqué que la visière manquait sur mon casque, et qu'on allait m'en chercher une. C'était donc super gentil de la part de l'agent de sécurité, mais au total, l'affaire a dû prendre 20 minutes, dont 15 pendant lesquelles je n'avais aucune idée de ce qu'on voulait de moi. Et encore, je parle de handicap, mais j'avais un travail en arrivant, et je travaille dans ma langue, donc je ne l'ai pas à pleine puissance. J'ai la possibilité de passer des journées entières sans avoir besoin d'un seul mot de vietnamien, ce qui est une chance.

La cathédrale Notre-Dame, autre souvenir français

S'il m'était déjà arrivé de me trouver dans des situations où la communication était compliquée voire impossible, notamment dans mes différents boulots, je finissais toujours pas trouver une solution et ce n'était pas tout le temps comme c'est le cas ici. Ceci étant dit, j'ai eu cette semaine une épiphanie, Noël en octobre, jour de fête nationale. La maman qui m'a embauché pour mon deuxième boulot voulait me dire quelque chose, et donc parlait en vietnamien à son fils pour qu'il me traduise. Et là, d'un seul coup d'un seul, j'ai entendu thứ bảy. Bon, littéralement, ça veut dire "jour sept", et je savais plus si c'était samedi ou dimanche (c'est samedi pour info). Mais je l'ai entendu, et "compris", comme ça, à froid. Et en faisant un peu plus attention à ce qui se dit en vietnamien autour de moi, je constate que oui, les mots que je connais, je les entends et je les comprends. Ca n'a l'air de rien comme ça, et effectivement, ce n'est pas grand chose vu l'étendue de mon vocabulaire, mais mine de rien, c'est un grand pas en avant. Parce que quand on apprend une langue étrangère, les fonctions de compréhension se mettent en place avant les fonctions de production, et que pour être honnête, j'étais un peu inquiète de n'avoir fait AUCUN progrès en compréhension depuis mon arrivée. Donc là, j'ai passé un cap, j'entends des mots, j'entends le découpage syllabique en fait, et avec un peu de chance, ça va me permettre de passer la seconde en production.


Pour revenir à nos moutons, si je sens bien que je n'appartiens pas au pays, je n'ai par contre encore eu aucune expérience malheureuse liée à mon origine. En tout cas pas que je sache, ce qui revient au même. Par exemple, je ne me souviens pas de quelqu'un qui ai eu l'air exaspéré parce que j'avais du mal à me faire comprendre. Un grand sourire, un peu de mime, et un mélange d'anglais et de vietnamien, et on s'en sort. Et je n'ai jamais eu le sentiment qu'on me reprochait de ne pas parler la langue. En fait, la seule fois où j'ai vu une serveuse excédée, c'était quand un Viet Kieu commandait en vietnamien, ce qui m'a fait un peu rire. Et quand je pense au nombre de fois où j'ai entendu en France "z'ont qu'à parler français aussi",  ça met un peu les choses en perspective. Quant au fait d'être blanche, oui, c'est noté, mais ça n'a pas vraiment eu de conséquences. Je n'ai encore jamais eu de tarif occidental, même pour la moto, puisque renseignements pris, j'ai même plutôt fait une bonne affaire, sans rien négocier du tout. Deux fois dans un bus un peu plein, un monsieur s'est levé pour me laisser sa place, ce qui est super gentil, mais vraiment pas nécessaire, ce que j'aurais bien voulu pouvoir expliquer. Les plus jeunes qui apprennent l'anglais à l'école me font souvent de grands coucous et me disent hello en passant. Et une fois dans le bus, une jeune fille est venue s'asseoir à côté de moi, juste comme ça, pour discuter d'où je venais, et si j'étais bien au Vietnam, et tout et tout.


Le palais de la réunification et tous ses touristes


Alors par contre, le vieux qui m'a montré une vidéo porno sur son téléphone après avoir tenté pendant 5 minutes de me dire un truc, je ne sais pas bien où le placer. Parce que bon, moi je l'ai totalement pris comme une agression et vu le regard qu'il m'a lancé en partant, j'étais pas mécontente de pas comprendre les mots qui accompagnaient. Mais je suppose que c'est une certaine façon de me dire que je suis bonne. L'effet n'est pas flatteur DU TOUT, mais bon, admettons.


Je précise que si j'étais un garçon, cette anecdote fort amusante me ferait une transition toute trouvée sur un autre aspect de la vie d'un occidental au Vietnam. Mais je suis une fille, donc je ne suis pas du tout concernée, et je ne ferai pas de commentaires.

samedi 8 octobre 2011

Le coup de la panne

Une semaine sans post sur ma vie palpitante, c'est très long, j'en suis consciente. Mais n'ayez crainte, je ne suis pas morte ou rentrée en France. C'est juste que j'ai maintenant deux boulots, et que c'est pas tout, mais faut caser une sieste au milieu, donc j'ai moins de temps libre.

Une fois n'est pas coutume, vous allez comprendre tout de suite le titre de cet article. Vous avez je pense tous connus ce moment où vous vous dites "tiens, faudrait que je fasse le plein", mais pour une raison obscure, vous ne le faîtes pas. Dans les circonstances qui nous intéressent, la raison obscure, c'est juste qu'en rentrant du premier boulot, je me suis dit qu'il faudrait que je fasse le plein en partant pour le second, et en partant pour le second, ben j'ai oublié.

Pour ceux qui voient venir la chute, bien qu'elle soit vachement subtile, je précise quand même que ma jauge ne fonctionne pas. Je n'aime pas être dans le rouge, mais forcément, quand on ne sait pas où est le rouge, on peut s'y retrouver par accident. Et donc, ça n'a pas raté : en arrivant à Phu My Hung, la moto a commencé à hoqueter. Là, je me suis dit "ça craint". Quand elle s'est arrêtée et n'a plus voulu redémarrer 300 mètres plus loin, j'ai trouvé que le temps où ça ne faisait que craindre était vachement agréable.

Dans mon malheur, j'ai quand même eu de la chance. Il se trouve que mon deuxième travail est juste à côté du premier, et que pour y aller, je roule essentiellement sur une grosse route, sur laquelle il n'y a pas l'ombre d'une station-service sur 5 kilomètres. Si j'étais tombée en panne au milieu de ça, j'aurais été tellement vulgaire qu'on m'aurait probablement jetée en prison. Mais non, je n'ai eu à pousser la moto que sur 500 mètres, jusqu'à l'école, dans laquelle vit la sous-directrice, qui était là. Donc j'ai abandonné la moto là, et je ne suis même pas arrivée en retard au second boulot. Retour à la maison en taxi, avec l'objectif "moto qui démarre" remis au lendemain.

Le lendemain, j'ai donc pris le bus, qui me l'a fait payer en me faisant poireauter plus d'une demi-heure, avec ma bouteille d'essence.

Fig. 1 : une bouteille d'eau pleine d'essence près de l'objet du crime
 
Il est à noter que quand je me suis pointée à la station essence avec ma bouteille d'Evian locale, le pompiste n'a eu aucun problème à la remplir. Ce qui n'empêche que je n'étais pas hyper rassurée de trimballer ça. Bref. 
Fig. 2 : l'ouverture du réservoir d'essence
 
Oui, alors j'avais déjà fait le plein une fois, donc je savais où était l'ouverture. Sinon, je pense que j'aurais pu commettre un impair.
Fig. 3 : remplissage du réservoir qui était effectivement à sec, en prenant soin d'en mettre partout à côté
 
Petit incident sans conséquences donc, si ce n'est que j'ai maintenant une vague idée du nombre de kilomètres que je peux faire avec un plein. On apprend de ses erreurs parait-il.
Il est à noter que je n'avais même pas embarqué d'homme à abuser. Mais ce fut une bonne répétition générale au cas où je voudrais utiliser cette tactique dans les temps futurs.

vendredi 30 septembre 2011

ANPE

En voilà un titre étrange. Alors oui, je suis au courant, maintenant, c'est Pôle Emploi. Mais j'ai trop dit ANPE dans ma vie pour m'être encore appropriée la nouvelle appellation. Mais le plus étrange n'est pas l'anachronisme, mais le fait qu'un travail, j'en ai un, donc que diable pourrais-je faire d'un truc qui m'aiderait à chercher un emploi ? Pour comprendre tous les ressorts dramatiques de cette histoire, il faut que je raconte ma vie. Et après tout, n'est-ce pas là le but d'un blog ?

Donc comme vous le savez, je prenais le bus pour aller travailler. Notez le temps passé. Notez donc que désormais, je vais très tranquillement travailler en moto. Notez que je ne le dis pas, mais je suis vachement fière de moi. BREF. Je prenais donc le bus, et comme les horaires et le trafic sont ce qu'ils sont, je partais très tôt pour être sûre d'être à l'heure. Ce qui, la majeure partie du temps, signifiait que j'arrivais très en avance à l'école. Au lieu de tourner en rond sur mon lieu de travail, ce qui est triste, je m'arrêtais donc au parc qui est à 30 secondes de l'école.

Parc


Différente vue du même parc

Oui, il y a pire comme cadre. Surtout que cette vue s'accompagne de son café noir et de sa cigarette. Oui, j'ai bien l'impression de ne parler que de ça. Le Ministère de la Santé m'oblige à vous rappeler que c'est pas bon pour la santé, vous mourrez d'une mort lente et douloureuse, et vous n'aurez pas de bébés avant ça.

Par contre, quand je dis café noir, vous pourriez penser expresso bien serré, et vous seriez tellement dans le faux que je dois vous expliquer. Un café noir, c'est ça :


C'est du café, du lait, et plein de glaçons, le tout dans un gobelet en plastique avec une paille, le tout dans le petit sachet en plastique qui va bien. Ca se trouve un peu partout, soit dans des postes de vente fixes sur le trottoir, soit dans les quartiers bourgeois comme celui de l'école, auprès de vendeurs ambulants. Repérez les motos avec une grosse caisse à l'arrière et plein de sacs plastique qui dépassent. Et comme café se dit café, même vous pouvez en demander un. Joyeux Noël. Malgré le lait et les quatre tonnes de glaçon, ça reste quand même très fort. Ce qui est probablement dû au fait que le Vietnam est un gros producteur de café, mais robusta, celui qui est moins cher et qui fait des trous dans l'estomac. Mais ça reste très bon. Et frais, ce qui est forcément agréable dans la moiteur tropicale. La version thé existe aussi, et là, c'est carrément délicieux. Tout ça pour 5000 dongs, pas grand chose donc.

Bien que je parte un peu plus tard de chez moi maintenant que je viens en moto (ai-je mentionné que JE CONDUIS UNE MOTO), je continue d'arriver en avance pour profiter de ce petit moment de calme avant d'attaquer la journée. C'est-à-dire que je perds délibérément un bon quart d'heure de sommeil tous les matins. Moi-même je n'en reviens pas.

Je vois déjà venir certains commentaires à cet article : "Viviane, on adore ton blog, ta vie est formidable, mais te rends-tu compte que tu mets systématiquement trois plombes avant d'entrer dans le vif du sujet ?". Oui, je m'en rends compte. Et non, je n'ai pas oublié que cet article s'appelle ANPE, et que ça n'a rien à voir avec le café et les parcs.

Mais ça y est, j'ai fini mon introduction, voici ce qui m'est arrivé. Mercredi, comme tous les jours à la même heure, je buvais donc mon café en fumant ma clope. Je ne demandais rien à personne, les rats courraient autour de l'étang, tout était normal. Et là, crac, on vient me parler. Deux dames, dont une qui me parle en anglais : "mon amie (la deuxième dame) vous voit ici tous les matins, et comme elle vous a déjà vu avec des livres, elle pense que vous êtes professeur. Elle cherche un professeur d'anglais pour son fils de neuf ans, est-ce que vous êtes disponible ?" Bon, si elle s'était approchée, elle aurait vu qu'il s'agissait d'un bouquin de vietnamien, ce qui n'indiquait pas franchement ma profession. Mais on peut apprécier la perspicacité de cette dame.

Par ailleurs, il se trouve que oui, je suis disponible. Parce que je n'ai pas un salaire particulièrement trépidant, et qu'entre les dépenses ici et l'argent à envoyer en France pour les frais qui ne vous oublient pas quand vous partez, ben il ne reste pas grand chose. Et si je rentre en France sans avoir vu la baie d'Along, tout le monde va croire que j'ai raté ma vie. Donc des revenus en plus pour voyager, je suis totalement pour. Je précise quand même que je suis française, sous-entendu que l'anglais n'est pas ma langue maternelle, mais ça ne semble pas posé de problème. On me demande mon prix, je dis 10 dollars de l'heure. Ce n'est pas énorme, mais après tout, l'anglais n'est effectivement pas la langue que je parle le mieux. Rendez-vous est pris pour le lendemain, même heure même endroit, pour voir les détails.

A ce stade, je ne me monte pas trop la tête. Après tout, on ne m'a jamais proposé du travail dans la rue, je ne sais pas à quel point ça peut être sérieux ces trucs-là. Mais je suis là jeudi, puisqu'après tout, j'aurais été là de toute façon. Et les deux dames sont là aussi. On part pour l'instant sur une ou deux heures trois fois par semaine, oh, et est-ce que je peux commencer aujourd'hui même à 18h30 ? Après tout oui. La mère de mon nouvel élève veut donc me montrer où elle habite, et grimpe à l'arrière de ma moto. Moi, je trouve ça vachement courageux. Parce que même si JE CONDUIS UNE MOTO, c'est quand même tout neuf et j'ai super peur de la tuer, ce qui risquerait de me faire perdre mon nouveau travail.

Le soir-même, je commence donc. Il semblerait que ce que je dois faire, c'est du soutien scolaire, ce qui est largement dans mes cordes, même en anglais. Avec un peu de civilisation à l'occasion. Le gamin est très sympa, et il parle très bien anglais, donc on se comprend, ce qui est une bonne nouvelle. On verra le temps que ça dure, mais c'est plutôt bien parti.

Donc non seulement on me propose du vrai travail dans un parc, qui ne relève pas de la prostitution je veux dire, ce qui est assez cocasse, mais en plus, tout ça devrait vite me faire un petit budget vacances, et avec un peu de chance, je pourrai partir en vadrouille dès les vacances de Noël. Ce qui est une très TRES bonne nouvelle.

samedi 24 septembre 2011

Probabilités

Oui, deux posts en deux jours. Et les deux d'un intérêt très limités, j'en conviens. Je ne suis qu'un être humain, je ne suis pas devenue plus spirituelle en prenant l'avion.

Ce soir, j'ai fait ma réunion parents-prof. En anglais - CLASSE -, et ça s'est super bien passé, j'en revenais pas moi-même.

Mais pour comprendre tout l'intérêt de cette histoire, rappelons les faits : j'ai onze élèves, et ce soir, sept familles étaient présentes. Oh, et pour ceux qui se seraient perdus en arrivant ici, j'enseigne au Vietnam.

Deux familles m'ont demandé d'où je venais. Question un peu compliquée, pour plus de détails, n'hésitez pas à vous procurer Vieviane, ma biographie officielle. Alors pour faire simple, je donne ma dernière adresse. Sauf que Divonne-les-Bains, bon, faut situer, et le Pays de Gex, j'ai appris son existence à l'IUFM, quand on m'a dit que c'était de toute façon là où j'atterrirai à mon corps défendant. Alors à cette question, je réponds "à côté de Genève".

Quelle était la probabilité que sur sept familles présentes, sur les deux familles qui me posent la question, au VIETNAM, j'ai les deux réponses suivantes :

- Tiens c'est marrant, le frère de ma femme habite à côté de Genève, à Gex. Il était le proviseur du collège privé, comment il s'appelle déjà ?
- Jeanne d'Arc, je réponds
- Voilà, Jeanne d'Arc, vous connaissez ?
- Oui oui, j'ai travaillé à Gex et j'habitais dans la commune juste à côté.

Puis,

- A côté de Genève ? Côté Haute-Savoie ou... ?
- Non non, côté Ain.
- Alors ça c'est marrant, parce que je suis justement de l'Ain, toute ma famille est là-bas.

FRANCHEMENT. Je retire donc mon article précédent : c'était bien la peine de partir à l'autre bout du monde.

L'Ain, LE département international.

jeudi 22 septembre 2011

Un mois... déjà !

J'annonce : voici un article absolument passionnant, tout en introspection et réflexions philosophiques.

Nous y voilà, nous y sommes, voilà un mois que je vis au Vietnam. Est-ce l'heure d'un premier bébé bilan ? Oui, complètement. Parce que la vraie question est : ai-je des regrets ? Est-ce que je pense au poste de remplaçante à Oyonnax qui me tendait les bras avec un pincement au coeur ? Si vous avez relevé le sarcasme, c'est que vous connaissez Oyonnax (la ville, pas le cheval), et je suis admirative. Et surtout, si vous avez relevé le sarcasme, c'est que vous avez compris que non, je n'ai aucun regret. L'opportunité de venir travailler ici était une chance, rien d'autre, et je la savoure en tant que telle.

Rien que sur un plan professionnel, ma venue ici s'avère être assez libératrice. Ne serait-ce que parce qu'avoir ma classe à moi est vraiment plaisant. Non pas que j'ai été particulièrement bridée par les collègues dont j'ai partagé les classes jusque là, bien au contraire, j'ai toujours eu plutôt de la chance de ce côté-là. Mais ça n'empêche que faire ce que je veux, sans le regard de la personne à laquelle j'emprunte la classe, en ayant toute une semaine EN ENTIER pour mener à bien mes projets, ne pas avoir à m'adapter à plusieurs classes et plusieurs collègues, ben quelque part, c'est reposant. Et comme je suis la seule instit', et que mon "ATSEM" fait avec moi sa première année (et parle modérément français, mais c'est une autre histoire), personne ne peut comparer ce que je fais avec ce que font les autres, même pas moi. La directrice m'avait dit qu'elle ne se mêlait pas de la pédagogie, et c'est vrai. Elle me soutient même quand les parents abusent un peu, ce qui dans une si petite école privée, n'était pas évident. Mine de rien, je m'épanouis dans mon travail, genre je chante tous les jours, et enseigner à des enfants essentiellement allophones est parfois un gros défi, mais c'est essentiellement super intéressant.

Pour le reste, ce qui est fascinant, c'est que finalement, je n'ai encore rien vu du Vietnam. En fait, je n'ai même pas encore ouvert mon Petit Futé. Parce que bêtement je sais que j'ai le temps de faire du tourisme intensif, et que je n'ai pas encore ressenti le besoin de rendre les choses plus intéressantes. Elles le sont déjà vachement, même avec les limites que je m'impose à cause de la langue et du transport. Parce qu'au bout d'un mois, il y a encore plein de choses qui, si elles font partie du quotidien, n'en restent pas moins étonnantes :

- le lever du soleil sur mon balcon à 5h30


- les charges improbables sur des véhicules qui le sont encore plus


- les boutiques qui vendent tout et n'importe quoi


- la faculté de faire rentrer une famille en entier sur un scooter


Et je ne vous ai même pas encore parlé de nourriture, du quartier de mon école qui n'est rien de tout ça, et de plein d'autres choses... Rien que le bête quotidien dans mon quartier. Je vis l'aventure que je voulais vivre, et je m'y fais plutôt bien, puisque pour l'instant, aucun mal du pays à signaler (et pour mon frangin, aucune tourista non plus, merci bien).

J'ai toujours l'intention d'apprendre la langue, parce que d'une part ça m'intéresse, et d'autre part je pense que ça donnerait une autre dimension à mon séjour ici. Mais pour l'instant, c'est un peu compliqué, parce que les cours sont dans le quartier 1, et que si je gère à mort le bus, ils ne circulent pas assez tard pour pouvoir aller aux cours du soir.

Ce qui nous amène à la question du transport, et après le dernier article, je vous sens frétillant d'impatience : où en suis-je question moto ? Alors en fait, cette semaine a été compliquée, parce que je suis tombée gravement malade. Un gros rhume, carrément. Vous noterez qu'en France ou au Vietnam, l'exposition aux microbes à l'école est parfaitement équivalente, et on en a un gros qui se promène depuis deux semaines, et qui a fini par me rattraper. Le lundi, je finis à 16h00, le temps de me trainer à la pharmacie en rentrant, il faisait déjà nuit, donc pas de moto. Mardi, j'étais à l'agonie, donc j'ai dormi. Hier, ça allait mieux, merci bien, mais il a plu toute la journée, littéralement. D'une, je n'avais pas spécialement envie de conduire sous la pluie, surtout avec la grave maladie précédemment évoquée, de deux, les rues étaient bien inondées à 14h00, j'aime les défis, mais il faut savoir rester raisonnable. Mais aujourd'hui, les astres étaient enfin alignés comme il faut, et j'ai ressorti la bête.

Alors ai-je encore été ridicule ? Bon, oui, ça a commencé comme ça. Parce que j'ai bien pris quelques renseignements entre temps, mais je n'ai pas réussi à la démarrer. Voilà. Donc le gardien, que je fais décidément beaucoup rire, est venu m'aider. Sauf que cette fois, j'étais prête, et j'avais sorti mon plus bel oeil de lynx, donc j'ai regardé ce qu'il a fait, fait plein de notes mentales, prête à retenter le coup à l'occasion. Mais bon, là, elle est prête à partir, alors allons-y.

Première bonne nouvelle, je ne repars pas de zéro, l'équilibre est parfaitement acquis, je prends les virages et les carrefours avec une élégance rarement constatée sur ce genre d'engin, tout va bien. Il faut savoir que j'ai appris cette semaine qu'en fait, j'ai des vitesses sur ma moto, et qu'il faudrait voir à les passer. On m'a expliqué comment faire, je m'apprête donc à faire une cascade, et à passer la seconde. Je lâche la poignée d'accélération, j'appuie sur la pédale qui va bien, clac, j'accélère : réussite totale. Tiens, intéressant, c'est vachement plus confortable en seconde, moins de puissance et moins de bruit. Tiens, intéressant, comme avec Titine en fait. J'arrive donc à conduire, à passer les vitesses, il est temps de voir si j'arrive à démarrer. Je m'arrête, coupe tout, et reprend à zéro. Je suis au point mort, ce qui est important figurez-vous. Je kicke, rien. Je me remémore alors ce qu'a fait le gardien, et pour voir, je mets les gaz en même temps que je kicke. Miracle, hosanna, je démarre. Alors oui, je fais hurler le moteur, excès de zèle, mais je démarre. Toute seule comme une grande. Si vous avez fait une mini ola chez vous, je vous rassure, c'est une réaction normale.

Conclusion, je sais conduire une petite moto. Conclusion de la conclusion : c'est pas très compliqué. Prochaine étape, une rue avec plus de circulation. Ensuite ?

Conquérir le monde.
Ou peut-être juste le Vietnam. Ou commencer par Hô Chi Minh Ville. Enfin conquérir quoi.

dimanche 18 septembre 2011

Born to be wild

Pour bien saisir toute l'essence de cet article, je vous invite à lancer la vidéo suivante pour le lire :


Vous l'aurez compris, j'ai acheté une moto. Alors comme ça, ça ressemble à une blague. Moi-même en l'écrivant, j'ai l'impression de raconter la meilleure de l'année. Et de loin. Pourtant, ce n'en est pas une, de blague.

Comme vous êtes tous des lecteurs assidus de ce blog, et vous avez bien raison, vous savez que je n'étais jamais montée sur un deux roues qui ne soit pas un vélo avant d'arriver ici. Et encore, la dernière fois que je suis montée sur un vélo, c'était il y a trois ans, et ça avait été sacrément douloureux. Je n'insulterai pas votre intelligence en ajoutant que la corollaire, c'est que je n'ai jamais conduit de moto. C'est évident, puisqu'on ne peut pas en conduire une sans monter dessus, CQFD. Par contre, ce que je peux dire, c'est que je n'ai jamais eu aucune attirance pour le sujet. Rien. Si on m'avait dit qu'un jour je conduirai ça, j'aurais bien rigolé. Ha ha.

J'avais donc repéré en passant devant en bus une petite boutique qui vend des motos d'occasion pas trop loin de chez moi. Vous noterez que par là-même, j'avoue savoir lire en vietnamien "moto", "vendre" et "occasion". Je suis presque bilingue, c'est merveilleux. Le "occasion" est important, parce qu'ici, les étrangers n'ont pas le droit d'acheter une moto neuve. Bon, techniquement, je crois qu'on n'a pas le droit d'en avoir une. Mais en achetant d'occasion, on récupère les papiers de l'ancien propriétaire, et tant que la moto est immatriculée, le reste n'est pas très grave.


En fin d'après-midi, je me rends donc dans la petite boutique, avec un peu plus de 5 millions dans la poche, soit grosso modo ce que j'avais prévu de dépenser. Mine de rien, je n'avais pas le pas léger en m'y rendant. Parce que la boutique est sur la rue très passante de mon quartier, et bien que pas très loin, assez quand même pour mourir quatre ou cinq fois en ramenant la moto. Mais bon, quand j'ai une idée dans la tête, je ne l'ai pas ailleurs, ne serait-ce que parce qu'avoir une idée ailleurs que dans la tête, c'est contre-productif. J'avais décidé que samedi 17 septembre, j'achetais une moto, si j'avais commencé à faire la liste de toutes les raisons de ne pas le faire, je ne me serais jamais lancée.

Comme je n'y connais absolument rien, j'ai choisi en fonction du prix et du physique. Alors oui, je sais, c'est la beauté intérieure qui compte, mais comme je connais encore moins de choses sur la beauté intérieure d'une moto que sur sa beauté extérieure, ça réduisait vachement mes critères de choix. Je me suis donc décidée pour une petite moto rouge, qui a l'air d'être dans un état correct, et qui coûtait 5 500 000 dongs, soit pile mon budget. Alors est-ce que je me suis fait avoir, est-ce que j'ai eu un tarif occidental, j'en sais rien, mais si c'est le cas, ça ne doit pas être de beaucoup. Donc tout va bien.

La bête.

En faisant les papiers, je m'aperçois que j'ai oublié mon passeport. Ce que tout psychanalyste qui se respecte appellerait un acte manqué. Parce que je m'étais bien dit qu'il fallait que je le prenne, et non. Ce qui s'est avéré être très malin, puisque du coup, je me suis fait ramené chez moi, passagère sur ma moto, pour finir les papiers sur place avec mon passeport. Ce qui me permet d'être assez vivante pour raconter ma vie aujourd'hui.

Le temps de finaliser tout ça, il était bien 17h30, la nuit tombe tôt, j'avais déjà eu bien assez d'émotions pour un seul jour, et comme il faut toujours remettre à demain ce qu'on peut faire aujourd'hui, j'ai gentiment posé la bécane au garage, avant qu'elle et moi ne fassions nos grands débuts ensemble.

Il se peut que la première vidéo soit finie, si c'est le cas, voici de quoi continuer à vous distraire en me lisant :


Alors oui, ma moto à moi ressemble plus à un gros vélo qu'à une Harley, j'ai définitivement besoin de quelqu'un dessus, et je tiens beaucoup plus à ma vie qu'à mon terrible engin. Mais vous avez l'idée générale.

Donc aujourd'hui, armée de mon plus beau casque rose, je me lance, c'est parti, on y va. Je rassure le lecteur qui pourrait croire que j'ai des fantasmes morbides : pas du tout. Il faut savoir qu'une fois sorti de la grosse rue très passante, je suis plutôt dans un quartier résidentiel, avec des routes larges et en bon état, sans trop de circulation, parfaites donc pour s'entrainer.


Je sors la bête du garage et je monte dessus. Jusque là, j'ai tout bon. Maintenant, faut la démarrer. Je mets le contact, ça, c'est bon. J'ai un truc pour kicker, j'ai déjà vu ça à la télé, je kicke, rien. J'essaie encore, toujours rien. Bon. Le gardien de mon immeuble arrive alors à ma rescousse, je pense qu'il a tout de suite compris que je n'avais jamais fait ça de ma vie. Visiblement, il y a une histoire de contact, kick, starter et embrayage. J'ai pas du tout compris ce qu'il a fait, mais la bête a démarré.

C'est parti, wouhou, born to be wild, je fais de la moto, c'est la folie. Mais est-ce bien normal que, bien qu'ayant la ferme intention d'aller tout droit, ma moto aille systématiquement se jeter sur le trottoir ? Quelque chose me dit que non. Est-ce dû au fait que je suis cramponnée au guidon comme je l'étais au volant lors de mes premières leçons de conduite ? Peut-être. Ou alors c'est parce que mon équilibre est super instable. L'un dans l'autre, je fais 20 mètres, je m'arrête, me remets droit, et recommence.

Je fais quelques allers-retours comme ça, pour le plus grand plaisir des quelques vietnamiens qui sont complètement au spectacle. Et au final, je commence à prendre le coup, je roule à peu près droit, et j'arrive à faire 100 mètres sans poser le pied par terre de panique.

Pleine de courage et de confiance, je décide de tenter de prendre un virage pour changer de rue. Et ça marche, sans poser le pied par terre ni rien, je peux tourner, je peux freiner, et je peux à peu près accélérer. A peu près, parce que ça fait plein d'à-coups, et surtout, ça fait très peur, donc je décélère tout de suite. Mais au final, je fais le tour du pâté de maison en roulant droit, en prenant des virages, et tout ça sans m'arrêter ni poser le pied par terre. Et je n'ai jamais calé, ce qui me fait penser que c'est parce que c'est impossible. Alors oui, je roule tout doucement, et je pense que n'importe quel vélo pourrait me dépasser, mais je roule, c'est bien là l'essentiel.

Histoire de voir si en fait, j'ai toujours été une motarde née qui avait raté sa vocation jusque là, je décide de m'arrêter pour retenter le coup du démarrage. Oui bon. Là, c'est un monsieur qui passait par là qui est venu spontanément à mon secours, et j'ai toujours pas compris ce qu'il fallait faire. D'ailleurs, si quelqu'un qui s'y connait un peu veut bien m'expliquer ce que je suis censée faire et dans quel ordre, ce serait bien aimable.

Quoi qu'il en soit, au bout d'une grosse demi-heure de conduite, je n'ai à déplorer qu'une énorme bosse sur le tibia droit, pas de chute ni de grosse frayeur. Alors oui, je me suis pris une grosse suée, et le fait qu'il fasse plus de 30 degrés n'explique pas tout. Mais le plus important, c'est que c'était ma première fois à moto et que je ne m'en suis pas si mal sortie. Et je rassure mon lectorat, et par là je veux dire ma mère : je n'ai pas l'intention de me lancer dans la vraie circulation avant d'être parfaitement à l'aise. Il n'y a pas d'urgence, le bus me convient très bien pour l'instant. Si je vis l'expérience de l'ado de 15 ans de base, j'en ai 10 de plus, donc je suis prudente, si ce n'est trouillarde.

Même s'il est évident que je vais très vite aller me faire tatouer une femme nue sur le bras. Born to be wild, totalement.

lundi 12 septembre 2011

Joyeuse fête du trung thu !

Aujourd'hui, c'est encore la fête. Parce que pauvre de vous, vous ne l'avez pas remarqué, mais nous sommes le quinzième jour du huitième mois lunaire. Si vous faisiez un peu attention, vous le sauriez. Moi-même, je le sais évidemment depuis bien plus de 10 jours. Aujourd'hui est donc la fête de la mi-automne, où, pour faire court, on fête la lune.

Pour ceux qui veulent la version longue, je vous fais un copier-coller de ce que mon école m'a fait parvenir il y a 10 jours donc :

A l’origine, la mi-automne ou Trung thu, en vietnamien, était une fête agricole et astrologique. Elle est célébrée depuis longtemps, dans plusieurs pays rizicoles d’Asie comme la Chine, la Corée du Sud, le Japon et le Vietnam.
Selon les Vietnamiens anciens, l’automne est la saison où prédomine le principe femelle de la lune, par opposition au printemps où c’est le soleil, principe mâle, qui domine. Pendant cette saison, le ciel est clair et l’air est pur. Les paysans, conformément à leurs croyances, examinent alors la lune pour savoir si la moisson sera bonne ou non :
·    une lune brillante indique une bonne récolte.
·    Si son éclat est jaune, les vers donneront beaucoup de soie ; la paix et le bonheur profiteront à tous.
·    Si l’éclat de la lune est vert, c’est alors un signe de famine.
·    Mais si des trainées noires dissimulent en partie la lune, alors c’est une annonce de guerre.
De nos jours, la Fête de la mi-automne est devenue essentiellement la fête des enfants, mais les adultes participent aussi aux festivités. A l’approche de la fête, toute la famille prépare des gateaux et des jouets. Les femmes montrent leur savoir-faire en préparant des Banh deo (pain de riz gluant farcis en forme de disque lunaire) et des Banh nuong (gâteaux cuits au four diversement farcis). Les filles sculptent des animaux à partir de fruits comme les caramboles, les pamplemousses, les kakis, les bananes... Les hommes fabriquent des jouets ingénieux comme des Den keo quan (lanterne aux ombres chinois), des Den ong sao (lanterne en forme d’étoile), et des masques en formes d’animaux.
Le 15e soir du huitième mois lunaire (soit, pour cette année, le 12 septembre 2011), les enfants masqués portant des lanternes et des jouets font le tour du Mam co trung thu (table des victuailles), placé au milieu de la cours de la maison. Ils chantent et font une parade de lanternes et participent aux danses à la licorne aux sons des tambourins. Les adultes, eux, mangent des gâteaux Banh trung thu en buvant du thé.
Dans les grandes villes du Vietnam, le Trung thu est l’occasion pour organiser des foires de jouets, des spectacles artistiques pour les enfants et des activités de charité en faveur des enfants des familles en difficulté.

Pas de bol, on a un temps plutôt pourri depuis quelques jours, donc je ne pourrai pas bien vous dire comment est la lune ce soir.

La découverte de cette fête à la pré-rentrée a eu deux conséquences. La première est que j'avais une semaine pour faire des lampions avec les enfants et apprendre la chanson emblème de la fête. En vietnamien évidemment. J'ai interprété la seconde partie comme une blague. Pour info, voici la chanson que j'aurais bien sûr pu maîtriser en une semaine si j'avais essayé :


La mission lampion a par contre été brillamment réussie. Bon, la bougie n'est pas incluse, mais en même temps, une flamme dans un truc en papier fait par moi, il me semble que ne pas le prévoir relevait de la sûreté publique.


C'est censé dire "fête" en chinois. Mais si j'écris aussi bien le chinois que je prononce le vietnamien, ça peut-être à peu près n'importe quoi.

La seconde conséquence liée à la découverte de cette fête est que j'ai enfin su ce que c'était que ces trucs-là :


Ces stands rouge et jaune que je voyais partout depuis mon arrivée sont en fait exclusivement destinés à la vente de gâteaux de lune, qu'on mange aujourd'hui. Un gâteau de lune, qu'est-ce que c'est ? Généralement, c'est rond, avec des symboles que je ne comprends pas dessus. Pour ce qu'il y a dedans, c'est très varié. J'ai envie de dire que tout est permis.

Par exemple, mon premier m'a été donné par une vietnamienne qui quittait la résidence et cherchait à vider son frigo, "comme ça tu pourras essayer". Moi j'étais plutôt contente, j'aime bien essayer des choses. En plus, c'est plutôt appétissant :



Sauf que si j'avais fait un peu plus confiance à ce que je sais de vietnamien, et que donc j'avais fait attention à l'emballage, j'aurais vu que celui-ci était au durian. Ce fruit a été un gros traumatisme alimentaire, dont je reparlerai plus tard, et je ne peux pas. Echec.

Donc quand on a marqué le coup à l'école avec un nouveau gâteau de lune, j'étais modérément enthousiaste.


Mais la directrice l'avait joué safe, soja et oeuf, et c'était très bon. Réconciliée avec le concept de fête de la mi-automne, j'ai accepté de participer aux festivités. On a donc écouté la chanson, à défaut de la chanter, paradé dans la cour avec nos beaux lampions, et notre bébé-dragon nous a fait sa plus belle danse de la licorne.


Bébé dragon qui est maintenant rangé, en attendant l'autre têt, le gros, celui qui fait mal, et qui nous donne une semaine de vacances. Moi, tant qu'on arrête de me mettre sournoisement du durian dans ma nourriture, je suis partante.